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14/05/08 Conférence Benoit Kullmann : actualités Parkinson 2008 Café des Arts place Yves Klein Nice 06000 29/05/08 Conférence Jean-Luc Delut : la musique du XIXème siècle : Beethoven 4Bd de Cimiez le Majestic NICE 06000 30/05/08 Conférence Pierre Lemarquis : Musique et Alzheimer Hôpital de Cimiez Nice 06000 14/06/08 Conférence Benoit Kullmann : Paramnésie reduplicative ( Magritte et la neurologie) 15/09/08 Conférences Benoit Kullmann : le concept de maladie neurodégénérative ; la paralysie supranucléaire progressive, naissance et démembrement ; le neurologue, entre dégénérescence cortico-basale et syndrôme cortico-basal : IUGM, Montréal 9H-12h 17/09/08 Conférence Pierre Lemarquis : la cognition motrice à travers l'exemple de Glenn Gould Centre des Sciences de Montreal 22/09/08 Conférences Benoit Kullmann : les démences fronto-temporales ; la chorée de Huntington IUGM, Montréal 9H-12h 23/09/08 Conférences Benoit Kullmann : la démence à corps de Lewy ; les atrophies multi-systémiques ; le neurologue et l'hystérie IUGM, Montréal 9H-12h 2/10/08 Conférence Benoit Kullmann : la neurologie au féminin 21/10/08 Conférence Jean-Luc Delut : la musique du XIXème siècle : Schubert 25/10/08 Conférence Pierre Lemarquis : Musique et Dopamine 2nd World Congress on Controversies in Neurology Athènes 20/11/08 Conférence Benoit Kullmann : variations sur la maladie d'Alzheimer I 12/12/08 Conférence Pierre Lemarquis : De Jean-Sébastien Bach à la Télécommande cérébrale CVCI 13/12/08 Conférence Benoit Kullmann : le sens de la douleur ; Apollon et Marsyas 05/02/09 Conférence Jean-Luc Delut : De Jean-Sébastien Bach à la Télécommande cérébrale CVCI 07/02/09 Conférence Pierre Lemarquis : Musique et Alzheimer 18/04/09 Conférence Benoit Kullmann : Inhibition et créativité 12/05/09 Conférence Michel Borg : Actualités de la maladie de Parkinson 12/05/09 Conférence Benoit Kullmann : Peinture et dopamine 12/05/09 Conférence Pierre Lemarquis : Musique et dopamine 13/06/09 Conférence Benoit Kullmann : de la chéloniophilie 20/06/09 Conférence Benoit Kullmann : Paul Richer et l'environnement artistique de Charcot 04/07/09 Concert Francine Guillouët - De Salvador : Schubert 04/07/09 Conférence Jean-Luc Delut : Schubert 08/07/09 Conférence Oury Monchi : Neuroimagerie fonctionnelle des connexions fronto-striatales : Neuroimaging studies in Parkinson¹s disease. Centre Hospitalier Princesse Grace, Monaco 17 H 09/09/09 Conférence Benoit Kullmann : Fiat Lux : de la musique des sphères aux couleurs de l'arc-en-ciel Dusseldorf 09/09/09 Conférence Pierre Lemarquis : Lux Fiat : Et la lumière fut: "J.S.Bach, du cerveau bien tempéré à la théorie du chaos : cerveau, musique et mathématiques Dusseldorf 19/09/09 Conférence Benoit Kullmann : Magritte et la mémoire 08/10/09 Conférence Benoit Kullmann : l'image, entre virtuel et actuel C.U.M 21 H 26/11/09 Conférence Benoit Kullmann : L'esprit faux : du cerveau des facultés au cerveau des catégories 01/12/09 Conférence Michel Borg : Parkinson et dépression 01/12/09 Conférence Benoit Kullmann : l'art et le prosélytisme de la dépression 03/12/09 Conférence Jean-Luc Delut : Bach III ; rhétorique de la musique 05/12/09 Conférence Philippe Barrès : le What et le Where 05/12/09 Conférence Sandrine Louchart de la Chapelle : mémoires et émotions : « Une nouvelle dimension de la mémoire humaine » 08/12/09 Conférence Benoit Kullmann : douleur et théorie de l'esprit 09/12/09 Conférence Bruno Lussiez : anatomie de la crucifixion (association ARD, invitation du Dr Haiel Alchaar, fondateur) 09/12/09 Conférence Benoit Kullmann : de la poétique à la politique de la douleur (association ARD, invitation du Dr Haiel Alchaar, fondateur) xx/12/09 Conférence Benoit Kullmann : le cerveau est-il une machine ? 16/01/10 Conférence Benoit Kullmann : le regard et l'image mentale 27/02/10 Conférence Pierre Lemarquis : Sérénade pour un cerveau musicien : plasticité neuronale 27/02/10 Conférence Benoit Kullmann : L'esprit faux : un cerveau en matière plastique ? 06/03/10 Conférence Benoit Kullmann : la construction du cerveau, I : de la Vanité à la Prétention, Ajaccio, Corse 25/03/10 Conférence Benoit Kullmann : les démences de type Alzheimer : actualisation des concepts, actualité thérapeutique 10-17/04/10 Conférence Benoit Kullmann : le concept de maladie neurodégénératives : nouvelles perspectives Montréal 10-17/04/10 Conférence Benoit Kullmann : un neurologue en visite au musée de Montréal 24/04/10 Conférence Pierre Lemarquis : Sérénade pour un cerveau musicien, Nice 24/04/10 Conférence Philippe Barrès : Alzheimer et musique Nice 24/04/10 Conférence Michel Borg , D. Bellevy : maladie de Parkinson, voix et chant Nice 24/04/10 Conférence Jean-Luc Delut : psychanalyse de la musique Nice 24/04/10 Conférence Dominique Pringuet : Blues et dépression Nice 24/04/10 Conférence Benoit Kullmann : Les dysprosodies, Nice 5/06/10 Conférence Benoit Kullmann : (ombres au tableau) I renaissance et seconde mort de l'ombre II la naissance de la peinture Séville III contours : le regard en action 18/06/10 Conférence Benoit Kullmann : un fantôme dans le Tableau Neurologique Nîmes 29/06/10 Conférence Benoit Kullmann : les démences de type Alzheimer, Nice 5.07.2010 Conférence Benoit Kullmann : la maladie d'Alzheimer : du mythe à la mystification, Nice 09/09/10 Conférence Pierre Lemarquis : Sérénade pour un cerveau musicien, Mouans Sartoux 11/09/10 Conférence Benoit Kullmann : Le concept de maladie dégénérative (short version) Saint Paul 2.10.2010 Conférence Benoit Kullmann : un cauchemar cognitiviste, Nice 9.11.2010 Conférence Benoit Kullmann : actualité du problème XXX du pseudo-Aristote, Cannes 16.11.2010 Conférence Benoit Kullmann : le concept de maladie neuro-dégénérative (version longue), Nice 9.12.2010 Conférence Benoit Kullmann : l'attention, au delà du symptôme, Paris 13.01.2011 Conférence Benoit Kullmann : Les complications neurologiques du diabète Nice 15.01.2011 Conférence Philippe Barrès: Croyance et Savoir Nice 15.01.2011 Conférence Michel Benoît: Croyance et Suicide Nice 15.01.2011 Conférence Michel Borg : Vrai et Faux mouvements anormaux chez les personnes célèbres Nice 15.01.2011 Conférence Dominique Pringuey : Croyance et Délire Nice 15.01.2011 Conférence Saïd Bensakel: Croyances au cinéma : Diables et Démons Nice 15.01.2011 Conférence Benoit Kullmann : L'incrédulité Nice 28.01.2011 Conférence Philippe Barrès : Troubles précoces du Langage et de la communication Marseille 28.01.2011 Conférence Pierre Bonhomme : Que reste-t-il du syndrome psycho-organique de Bleuler ? Marseille 29.01.2011 Conférence Benoit Kullmann : Préhistoire de la démence Marseille .2011 Conférence Benoit Kullmann : Hommes au bord de la crise de nerf facial Nice 17.II.2011 Conférence Benoit Kullmann : Le concept de maladie dégénérative (very short version) Nice 19.II.2011 Conférence Pierre Lemarquis : aimer Jeff Koons est-il un signe de Maladie d’Alzheimer ? La Celle Conférence Le cerveau des Jésuites revisité I et II Fascination et Sidération La Celle le 19.II.2011 Conférence Le concept de maladie dégénérative (long version) Monaco le 23.III.2011 Conférence Sexe, Grogs and Bacchanal's Bordeaux le 26.III.2011 Conférence Synesthésies Nice le 5.IV.2011 Conférence Le concept de maladie dégénérative (very short version) Nice le 14.IV.2011 Nice Conférence Crise, lorsque les corps, la nature et les sociétés se répondent Nice le 15.IV.2011 Nice Conférence La part du rêve le 7.V.2011 Nice Conférence Jean-Martin Charcot and Paul Richer: Building a bridge between neurology and art. Copenhague le 14.V.2011 Conférence La neurothéologie : comment les neurosciences ont-elles accommodé la théologie le 21.V.2011 Conférence Le cerveau des philosophes : l'École d'Athènes le 23.V.2011 Conférence Expressions de la douleur le 22.VI.2011 Nice Conférence Renoir et la polyarthrite le 25.VI.2011 Cagnes sur mer Conférence Tchaïkowsky : variations sur le thème de l'âme slave le 10.VIII.2011 Santa Reparata, Corse Conférence Approche phénoménologique et anthropologique de la fibromyalgie le 18.IX.2011 Nice Conférence Jean-Martin Charcot and Paul Richer: Building a bridge between neurology and art. Budapest le 24.IX.2011 Conférence Peindre l'altération de la familiarité le 1.X.2011 Monaco (podcast youtube) Conférence Vingt neuf ans après le 1.X.2011 Mougins Conférence consignes d'approche de la méthode phénoménologique le 6.X.2011 Nice Conférence Des passions aux émotions le 7.X.2011 Bordeaux Conférence L'hystérie, fin XIXe siècle le 8.X.2011 Cannes Conférence Lost in Temptations (À la recherche des Tentations perdues de Saint Antoine) Amsterdam, le 22.X.2011 Communication Contribution de Raphaël à l'iconographie épileptologique le 12.XI.2011 Bordeaux Conférence La douleur sur le champ de bataille (Charles Bell, de la douleur au douloureux) 17.XI.2011 Congrès Franco-Maghrébin Nice Conférence Magritte, un peintre neurologique 18.XI.2011 San Remo Conférence Des passions aux émotions : le point de vue du peintre et celui du musicien 19.XI.2011 San Remo Conférence Fibromyalgie le 25.XI.2011 Nice Conférence Fatigue (la naturalisation de la fatigue) le 3.XII.2011 Strasbourg Conférence Narcisse, Echo et le mythe des neurones miroirs le 16.XII.2011 Nice Mamac Cercle Castellion Conférence Neurosciences et liberté le 13.I.2012 Café Philo La Colle sur Loup Conférence Le souffroir le 26.I.2012 Nice D.U. Phénoménologie Conférence Conscience et hallucination (Les hallucinations dans la maladie d'Alzheimer) le 27.I.2012 Congrès du G.R.A.L Marseille Conférence la Volonté, une faculté sans domicile fixe le 4.II.2012 Nice XIVe Journée Neuro-Psychiatrique Conférence L'arc-en-ciel nationaliste Abbaye de la Celle le 18.II.2012 Conférence La douleur et la mémoire Nice le 23.II.2012 Association A.R.D. Conférence Illustration de quelques pathologies neurologiques dans la peinture Majorque le 25.III.2012 Conférence D'une Leçon à l'autre, une théorie de l'imitation fin XIXe Nice le 5.IV.2012 Journées Nationales de Neurologie de Langue Française Conférence Le rêve Nice le 6.IV.2012 Cannes, Université inter-âges Conférence Edgar Poe, la philosophie de l'ameublement le 14.IV.2012 Monaco Conférence Actualité sur les syndromes parkinsoniens 3.V.2012 Nice Conférence le 12.V.2012, Les noces arrangées du génie et de la folie Saint-Tropez Conférence le 13.V.2012, Enquête sur Edgar Poe : travaux pratique sur les liens du génie et de la folie Saint-Tropez Conférence le 22.VI.2012, Le danger Porto Fino Communication le 6.VII.2012 ambigüité de l'expression faciale ; à propos d'une oeuvre de James Ensor Conférence le 7.VIII.2012 De la musique des sphères aux couleurs de l'arc-en-ciel Festival Musica Classica, Santa Reparata di Balagna Conférence le 29.IX.2012 Les disconnections expérimentales Maison du séminaire, Nice Conférence le 23.X.2012 Art et Parkinson : Beckett, Giacometti, l'immobilité, Nice Conférence le 15.XI.2012 Le souffroir Société de Phénoménologie Clinique et de Daseinsanalyse de Nice Conférence Better no brain than bad brain Conférence le 1.XII.2012, Magritte et la sémiotique : un peintre neurologique Nice Conférence le 16.II.2013 Mélomanie de Nietzsche Abbaye de la Celle, Nice Conférence le vendredi 12 Avril 2013 Les maladies de Nietzsche Journée Nietzsche, Nice 2011 Conférence Benoit Kullmann : peinture et philosophie : l'École d'Athènes, Nice 2011 Conférence Benoit Kullmann : peinture et philosophie : un rythme à quatre temps : Aristote et Platon, Héraclite et Démocrite, Nice 2011 Conférence Benoit Kullmann : peinture et philosophie : mais que font les stoïciens, Nice 2011 Conférence Benoit Kullmann : le cerveau des philosophes : le cerveau de Descartes 2011 Conférence Benoit Kullmann : le cerveau des philosophes : le cerveau de Kant |
Conférences - L'art, promoteur de la dépression
L’art, promoteur de la dépression (Parkinson, dépression et asservissement) le 1.XII.2009 note préliminaire : le terme prosélytisme de la dépression initialement retenu fit l'objet d'une réflexion critique de notre collègue et ami Pierre Bedoucha, lequel souligna la notion de volontariat dans la conversion du prosélyte. Or la volonté est bien ce qui manque de deux points de vue dans l'objet de notre communication : elle manque chez le Parkinsonien comme chez le dépressif si l'on écoute leurs entourages ; elle manque dans le vocabulaire de la nouvelle psychologie cognitive, expulsée pour faire de la place à la motivation mieux séante. Le concept principal que nous souhaitions mettre en lumière dans ce préambule est celui d'un courant d'art* ( successeur de l'art post-moderne lui-même ressuscité après la mort de l'art ) exerçant comme ses petits frères une fascination sur son public flattant désormais sa propension à se retirer du monde en geignant comme la bête blessée. Nous avons donc écouté Pierre Bedoucha, que nous remercions encore, et remplacé le prosélytisme par la promotion. Introduction Lorsque Michel Borg m'a fait le grand honneur et le grand plaisir de me convier à participer à cette soirée, il m'a demandé de préparer quelque chose qui ait un rapport à l'art, en particulier aux images, et à la maladie de Parkinson, étant entendu que le thème de cette réunion était centré sur le rapport de la maladie de Parkinson et la dépression. Michel Borg vous a décortiqué avec sa précision et sa clarté habituelle les variétés de présentation et de nature. Vous avez compris qu'il existe une sorte de chevauchement entre les deux situations, la présentation parkinsonienne et la présentation dépressive ayant quelque chose en commun : l'amimie, la fixité, la perte d'allant. La dépression elle-même est désormais distinguée de l'apathie. L'excellence de sa présentation, dont vous avez relevé la forme originale, une série de questions à laquelle une courte et dense discussion lui a permis de répondre de manière claire et parfois nuancée, vous permet peut-être d'identifier parmi les fatigués de la vie du suisse Ferdinand Hodler qui est apathique, anhédonique, mélancolique, parkinsonien, déprimé et parkinsonien. Ferdinand Hodler Die Lebensmüden 1892 München Neue Pinakothek 149.7 × 294.0 cm Sur la fatigue d'être soi, on peut lire l'ouvrage d'Alain Ehrenberg, la fatigue d'être soi, qui en fait développe le diagnostic avancé par Brissaud il y a plus d'un siècle, d'une maladie qui infecte l'hexagone de manière chronique, la sinistrose. Mais ne contient pas une allusion à ce que je vais tenter de démontrer brièvement. Observation 1 : Parkinson et asservissement de l'entourage Bien entendu cette ravissante odalisque déshabillée par Bazille et rhabillée par deux esclaves n'est pas particulièrement parkinsonienne ni dépressive ! L'une des premières constatations que j'appris à faire, lorsque je débutai la neurologie, à propos des patients parkinsoniens, fut d'identifier la manière dont ils asservissent leur entourage. Je me rappelle notre patron, tandis que l'épouse serviable s'apprêtait à boutonner la chemise, lacer le soulier, enfiler la manche de la veste, interrompre aussitôt le geste charitable d'un « laissez-le faire » impératif. Pour son bien - il faut qu'il se débrouille, qu'il force ses automatismes, affectés par cette maladie - et pour celui de son entourage - ne vous placez pas dans une situation de bonne-à-tout-faire. Vous savez qu'il existe une pathologie du comportement très complexe dans la maladie de Parkinson, au-delà des symptômes classiques, tremblement de repos, raideur, oligokinésie et bradykinésie. Des troubles cognitifs, perception du rapport du corps et de l'espace - pensez au blocage au passage des portes, à l'anticipation particulière du geste lorsqu'il faut par exemple s'asseoir ; et des troubles psychiques, en particulier une dépression qui peut inaugurer la maladie. Observation 2 : Dépression et asservissement de l'entourage Cette personne allongée par Ferdinand Hodler est tellement immobile qu'elle est probablement morte ; et si elle ne l'est pas au sens du médecin-légiste, elle l'est du point de vue de la psychologie : elle ne bougera pas de là et réclame que l'on prenne soin d'elle autant qu'il faut laver et vêtir un cadavre. De même que le parkinsonien réduit en esclavage son entourage, de même ai-je depuis longtemps remarqué la stratégie de certains dépressifs, volontiers endogènes et unipolaires, visant à asservir leur entourage, à les contraindre à vivre au rythme de leur propre mal de vivre, à organiser leur quotidien de telle sorte que chacun alentour se sente en permanence concerné par leur mal-être. Cette description n'est pas retrouvée dans les textes fondateurs tels que The shaking palsy, traité de la paralysie agitante écrit par James Parkinson en 1817. Ni dans L'anatomie de la mélancolie de Robert Burton (1576-1640). Je pars du principe trivial que nous avons, au moins certains d'entre nous, une tendance à envahir l'espace mental d'autrui par l'exposé de nos propres soucis, et je ne vous apprendrai rien à ce sujet, à vous qui en dehors même de votre exercice êtes sollicités de toute part au sujet de la maladie du cousin chose et de la tante machin. Moi-même actuellement je suis en train d'envahir vos méninges, une sorte de colonisation transitoire dont j'espère nous ne garderez pas un trop mauvais souvenir. Mais quelle sont les stratégies, en dehors du cercle des intimes, qui permet à cet état d'esprit particulier qu'est la dépression de se répandre ? Là non plus, je ne ferai pas de révélation fracassante à d'anciens élèves des écoles de la république : il suffit de penser au panthéon de la littérature, de la musique, des peintres qui constituent les piliers de notre culture pour y diagnostiquer, comme pathologie dominante, la dépression, suivie de près par le catalogue des perversions humaines. Philosophie, littérature, cinématographe, musique, peinture, et pour terminer l'inventaire, de nouvelles formes dont je dirai un peu plus que la simple citation réservée aux premières. Prosélytisme littéraire dépressogène Du chevalier à la triste figure à l’inconvénient d’être né, de Cervantes à Cioran, la cohorte des sinistres est impressionnante. On peut en évoquer la galerie : ceux qui ont décidé d'en finir avec l'existence, ceux qui en ont fait leur fond de commerce, ceux qui ont crée des personnages qui leur ressemble plus ou moins. Sur les étagères de nos bibliothèques, les dandys du spleen, Baudelaire en tête, voisinent l'anatomie de la mélancolie de Robert Burton (1576-1640), peut-être moins connu, et les descripteurs géniaux de situations dépressogènes, Léon Bloy, Maupassant ou Zola. Prosélytisme musical dépressogène L'autre jour, je vois un patient âgé de 85 ans, très drôle en dépit de ses difficultés de marche, qui me dit, le mode mi majeur me met en joie. Sic. Je l'écris sur son dossier pour ne jamais l'oublier. Maintenant, regardez cet extrait de blog sur lequel je suis tombé : « pour accompagné ma tristesse je cherche de la musique bien triste. Merci ». De l'utilisation des fautes d'orthographe en criminologie. On a enfin identifié l'assassin qui a fait accuser Omar. Michel Borg et moi nous retrouvons parfois dans des congrès. Lors de la séance inaugurale de l'académie de neurologie nord-américaine, la liste de nos collègues disparus dans l'année est évoquée. Voici la musique qui accompagne cette rubrique nécrologique : le Requiem de Barber. Vous me direz : mais il ne faut pas confondre tristesse et dépression. Les Requiem sont parfois sublimes, j'utilise à dessein cet adjectif, sublimation de la perte, du chagrin, du deuil. Mais si vous écoutez Kindertotenlieder de Mahler, ou l'adagio de la Ve symphonie, celle qui illustre mort à Venise, lorsque vous en sortez vous ne sautez pas de joie. De même, la jeune fille et la mort. Certains modes, du temps que la musique était tonale, ont toujours formé le fond sonore de la mélancolie : le mode mineur, y compris dans le jazz, et le blues. Et quelques chansons - rappelez vous Léo Ferré, est-ce ainsi que les hommes vivent : leur chant triste entrait dans mon être. Un mot du blues : pour citer l'un des textes et l'une des interprètes les plus bouleversants du genre. Billie Holliday chante Strange Fruits. Southern trees bear Strange Fruit Blood on the leaves Blood at the root Black bodies swinging in the southern breeze Strange Fruit hanging from the poplar trees Pastoral scene of the gallow south The bulging eyes and the twisted mouth The scent of magnolia sweet and fresh Then the sudden smell of burning flesh Here is a fruit for the crows to pluck For the rain to gather For the wind to suck For the sun to rot For the tree to drop Here is a strange and bitter crop Enfin si vous trouvez vos adolescents plongés dans l'écoute de Joy division ou Nirvana dont les chanteurs se sont respectivement pendu et suicidé par balle, posez vous des questions. Le cinéma dépressogène Le champion toutes catégories est Antonioni : l'éclipse, la nuit, le désert rouge, développent crescendo l'esthétique de l'incommunicabilité. En compagnie de Monica Vitti, on ne dit pas non. Citons l'un des plus insupportables personnages dépressifs du cinéma français, joué par Roland Bacri dans Kennedy et moi. Prosélytisme pictural dépressogène Un mot cependant sur l'évolution formelle de l'expression de la dépression. Les stéréotypes de la mélancolie ont été fixés dès la renaissance : aussi bien par Dürer, que par Raphaël. Vous ne vous attendiez pas à la revoir pour la cinquantième fois, la fresque de l'École d'Athènes... eh bien la revoici. Regardez pour une fois au premier plan : ce personnage est Héraclite. C'est le premier stéréotype de personnage mélancolique, l'autre étant la Madeleine pénitente, dont les mises en scène, les compositions picturales se confondent parfois. On retrouve ce stéréotype - l'air sombre, figé dans ses pensées, la tête trop lourde appuyée sur le bras fléchi - jusque tard, chez Munch, précisément la mélancolie qu'a choisi Ehnrenberg pour illustrer son ouvrage. Munch : vous connaissez tous le cri. Puis-je vous annoncer une bonne nouvelle ? La version d'Oslo qui avait été volée a été retrouvée. Vous le saviez déjà ? Ce n'est pas cela la bonne nouvelle. On a retrouvé l'origine du cri. Je l'ai retrouvé. Dans le cabinet de Freud, Berggasse, où se tenait une exposition intitulée Eros et Thanatos. Egon Schiele est mort très jeune, emporté en 1918 par la grippe espagnole, et non l'encéphalite léthargique de von Economo Cruchet. Il présentait une dystonie, jusqu'à ce que Michel Borg démontre le contraire. Parmi les peintres parkinsoniens qui ont mis fin à leurs jours, Bernard Buffet. Cette "couched potatoe" est du neveu du père de la psychanalyse, Lucian Freud. Un autre peintre des plus talentueux est Françis Bacon, qui n'inspirait pas vraiment la bonne humeur. Je n'en finirai pas - des Mater dolorosa aux Ecce homo en passant par les innombrables Jugements derniers - il y a de quoi sortir du musée plus triste encore qu'en y entrant. Les formes nouvelles de l'art dépressogène. Vous n'êtes pas sans avoir remarqué que lors de défilés de mannequins auxquels je suis convaincu que vous assistez régulièrement, ces filles magnifiques, jeunes, payées des fortunes à se déplacer d'une drôle de manière, entretenues par des princes et des banquiers, vêtues de tenues hors de prix, sont les seules à ne pas rire de leurs démarches ridicules. Elles tirent même franchement la gueule. De quoi inspirer à Roland Barthes s'il était encore de ce monde un supplément à son Système de la mode. Argent, gloire et beauté n'assureraient-ils pas le bonheur ? Comme le déprimé nouveau est arrivé, les nouvelles formes de la dépression se sont développées. Je dois beaucoup, c'est l'autre racine de cet exposé, à un ouvrage d'une universitaire de Toronto, Christine Ross, auteur de l'esthétique du désengagement. Vous connaissez l'art engagé, militant, en particulier au cinéma, mais pas seulement. Voici une oeuvre de Rebeyrolle, c'est pas gai mais c'est politique, à tel point qu'elle est exposée à Bercy, titre oblige. Voici une autre oeuvre, une photographie, qui illustre la couverture du livre de Christine Ross. Voici maintenant l'oeuvre en entier. La thèse de Christine Ross est la suivante : l’art : une autothérapie ? l’abandon des pinceaux comme entrée dans la dépression : Goya, Wilhem de Kooning Lucian Freund : peindre coûte que coûte Bernard Buffet : peindre croute que croute la reprise des pinceaux comme symptôme de guérison : Goya, Wilhem de Kooning l’art : une spreading dépression ? la rhétorique de la mélancolie de la mélancolie à la dépression la rhétorique de la dépression le prosélytisme de l’artiste dépressif Prosélytisme ou contagion ? De la pathomimie, à la mémétique. Comment afficher sa dépression ? Les adolescents s'affirment à l'aide d'un mode de communication dont la fonction est à la fois identitaire et séductrice. Une jeune fille gothique criblée de piercing, le tatouage morbide d'un hell's angel. L’art : ou comment se désengager du monde Il est temps de conclure, et comme je n'en suis pas à une provocation près, je vais envisager une hypothèse pour laquelle pour plus de sécurité je fais appel à Platon. Dans la République, les artistes sont prestement conviés à quitter au plus vite la cité, au motif de leurs vaines prétentions à vouloir copier le beau dont ils ne parviendront jamais qu'à sculpter dans le marbre d'approximatives ébauches. Je vais donc affirmer que les artistes engagés sont une opération de marketing comme une autre, qui me fait bien rigoler, comme Dario Fo s'en prenant à Berlusconi depuis son théâtre subventionné de Milan. L'art est un moyen très intelligent de s'extraire de la masse, de s'insinuer dans la tête des gens, de les manipuler en leur montrant les pires horreurs sous leur meilleur aspect, de les faire jouir du fond en leur faisant croire que c'est de la forme. Je développerai cette dernière idée dans le second volet consacré à la présentation (pas la représentation) de la douleur, que j'exposerai dans quelques jours et qui s'intitule : le sens de la douleur, autour d'une version du mythe d'Apollon et Marsyas rencontrée dans les Musées Royaux de Bruxelles. En attendant, voyez vous ce rieur ? Ne nous évoque-t-il pas Démocrite l'Abdéritain ? Le tableau a été réalisé en 1908. Un mois plus tard, Richard Gerstl se suicida. Richard Gerstl Selbstbildnis, lachend (Wien, Österreichische Galerie, Inv. Nr. 4035), 1908, Öl auf Leinwand, 40 x 30,5 cm *le terme courant d'art est certainement une marque déposée mais nous ignorons par qui ; il exprime parfaitement ce que l'on peut éprouver en Arles place du forum au mois de Novembre : de violentes bourrasques gelées que le Mistral engouffre dans le dédale des ruelles de la vieille ville, faisant décoller ses habitants que l'on croise flottant entre deux airs chacun tenant son chapeau pour qu'il ne s'envole pas tout en ayant l'air de vouloir saluer ses voisins. Date de création : 05/12/2009 : 07:34 Réactions à cet article
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Les conférences neuro-psy : introduction et programme la XIe Journée : Croyance Philippe Barrès : Croyance et savoir 15.I.2011 Michel Benoît : Croyances et suicide 15.I.2011 Dominique Pringuey : Croyances et délire 15.I.2011 Michel Borg : Egon Schiele (pdf) 15.I.2011 Saïd Bensakel : Diables et démons au cinéma 15.I.2011 Benoît Kullmann : Incrédulité 15.I.2011 la XIIe Journée : le Rêve 7.V.2011 Dominique Pringuey : Phénoménologie du rêve 7.5.2011 Faredj Cherik : Clinique du rêve 7.5.2011 Sandrine Louchard de la Chapelle : 7.5.2011 Patrick Amoyel : le rêve et la psychanalyse 7.5.2011 Conférence La part du rêve le 7.V.2011 Nice la XIIIe Journée : la pensée magique 8.X.2011 P.Martin Paris VI : L’effet placebo et nocebo du point de vue du pharmacologue Michel Borg : Vertus des plantes et maladie de Parkinson Michel Benoît : Effet placebo et traitement de la dépression J.P. Cibiera : Effet analgésique de l’Hypnose Henri Daran : Pensée Magique ou histoire du réel ? Crises de la présence et pluralité des mondes Patrick Amoyel : Pensée Magique et Suggestion la XIVe Journée : Neuropsychiatrie de la Volonté 4.II.2012 Benoît Kullmann : La Volonté : une faculté sans domicile fixe ? À propos de la décomposition de la Volonté. Philippe Barrès : Troubles de la motivation : la ronde des concepts Sandrine Louchart de la Chapelle : Névrose obsessionnelle : une maladie de la Volonté Bruno Giordana : Le surhomme et les excès de la volonté maniaque : Fredéric Nietzsche et les antinomies existentielles Patrick Amoyel : la volonté, Spinoza, Freud, Lacan, le Vide et le Yin du rein chinois Éditions BKNeuroland
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