Neuroland-Art

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PHILLIES fresques (Voyage Aux Amériques)

VOYAGE
AUX
AMÉRIQUES
 


un récit hypnotique
par
Benjamin et Benoît KULLMANN


écrit dans un style homérique au sens simpsonien du terme

Les éditions de la Jet.7.com



Chapitre I


MEMOIRES DE PHILLIE

un intense moment d’émotion

Fresques

        Mardi matin  , encore un petit déjeuner avec oeufs sur le plat mitonnés par un cuistot afro-américain sorti droit de l’enfer et qui appelle tout le monde Whoozenext . Parmi les détails qui peuvent avoir leur importance, la serveuse a oublié de nous apporter NOS jus d’orange . Passée cette impression pénible d’exclusion,  travail pour BK , séances plénières , retrouvailles avec de vieux collègues qui ont l’air d’avoir cent ans . Retour de l’exposition des laboratoires pharmaceutiques avec cinq kilos de stylos à bille et le sentiment coupable d’être une marionnette manipulée par les grandes firmes multinationales . Le spectre de José Bové revient tel le leitmotiv de la symphonie pathétique .

        Musée Benjamin Franklin pour Ben, qui gardera secrètes toutes les pensées que lui ont inspiré la proximité spirituelle d’un individu qu’on dit génial mais qui finalement a sans doute simplement eu de la chance , un peu comme un gars perdu dans une ville retrouve son chemin avant tout le monde . (This is complete nonsense). En revanche, nous disposons d’un témoignage indirect sur sa perception de l’existence , sous la forme d’une série de photographies dont le point commun est la recherche du reflet : ça a commencé en fait au Musée Normann Rockwell, où des miroirs tordus nous renvoyaient nos images déformées avec des guibolles immenses et l’impression de marcher à côté de nos pompes . En bougeant à peine , Benjamin raccourcissait de quatre-vingt centimètres, ça me rappelait quand il était petit et si gentil . La vocation de Binbin reportaire chasseur de reflets s’est confirmée lorsque croisant (cruising en américain ) par l’avenue des Arts il s’est soudain rendu compte que les façades vitrées des buildings se réfléchissaient l’une l’autre dans une vertigineuse cascade miroitante ; lorsque l’on voit le résultat ( cf la petite centaine de photographies de cette période faste de l’artiste première mouture ) de cette réflexion sur la réflexion et son double ,   Richard Estes n’a qu’à bien se tenir avec ses misérables tentatives hyperréalistes.

        L’après midi , Benjamin fait la tournée des popotes avec dégustation de saucisses et commentaires sur les qualités variables des assaisonnements . Il découvre une deuxième thématique en inspectant les façades , fréquemment dissimulées par de gigantesques compositions en trompe-l’oeil , et devient chasseur de  fresques . Grand tour sur l’avenue des Arts où l’on aperçoit un gigantesque théâtre (opéra?) en construction et à l’arrière plan un Building étonnant en briques rouges (ce détail lui n’est pas étonnant, tout Philadelphie semble pétri de ce matériau assez monotone comme dirait si bien Verlaine à propos de la langueur ) ( Benjamin soutiendrait mordicus que les architectes de la ville , en particulier le sieur Penn dont nous avons vu le portrait dans le musée de la ville , situé au rez de chaussée de la fondation abritant la collection Norman Rockwell , ont conçu la ville de brique et de broc ) . Le dit édifice s’avère non visitable , on dirait une tranche de pain d’épice avec un sommet pittoresque . Pour nous remettre , nous allons photographier quelques golden boys ventripotents se faisant masser devant tout le monde par une créature Rittenhouse square , puis ne nous refusant rien nous nous attablons à la terrasse du café Bleu , ( celui qui est à côté du café Rouge )  devant un vrai expresso comme à la maison . Le menu comporte quelques expressions bien de chez nous qui nous arrachent des sanglots . La souffrance plantaire de Benjamin atteint des niveaux proches de l’expérience mystique ( n’y a-t-il d’ailleurs pas qu’une différence ténue entre les mots plantaire et planétaire ? ) et c’est d’un pas lourd que nous retournons à l’hôtel en nous disant que Philadelphie c’est pas mal mais que nous en avons fait douloureusement le tour .  La perspective d’y passer toute notre existence nous fait frémir et comme toujours dans ces situations apparemment désespérées jaillit une idée nouvelle qui nous permet de tenir le coup. C’est ça l’être humain , aussi. Et si on passait une journée à Big Apple ? sitôt dit, sitôt fait, ou presque , puisque le concierge ( mot chargé de noblesse ici , à la condition d’être prononcé avec l’accent local ) nous communique les
horaires de la compagnie Amtrak : deux heures pour New-York, une heure trente pour Washington . C’est jouable .

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       Pour l’instant , Benjamin  est pris d’une envie soudaine : et s’il allait piquer une tête dans la fameuse piscine indoor ? Et le voilà courant partout à la recherche d’un caleçon de bain, le reste il le racontera . Ce soir , Jazz et Jazz : d’abord chez Chris , puis au Zanzibar où nous avons rendez-vous à 23 heures avec quelques membres du groupe , les plus résistants . Il faudrait songer à écrire nos cinquante cartes postales .

        Après avoir trouver un magnifique caleçon de bain de chez “Liv’&Taylor” je me jette à l’ eau pour tester la piscine du 7ème étage , la flotte est bonne mais se limite malheureusement à mon nombril . N’étant pas un personnage de “Willow” , je me lasse et me dirige vers le four humain communément appelé “sauna” , je ne m’étais encore jamais identifié à un vulgaire bout de margarine. Seul dans cette immense poële , j’essaie de communiquer avec mes panards qui me regardent avec leurs  yeux de merlans frits , je tente de m’excuser auprès d’eux mais ils s’en foot. Je remonte dans la chambre , c’est parti pour une soirée Jazz inoubliable.