VOYAGE
AUX
AMÉRIQUES
un récit hypnotique
par
Benjamin et Benoît KULLMANN
écrit dans un style homérique au sens simpsonien du terme
Les éditions de la Jet.7.com
Chapitre I
MEMOIRES DE PHILLIE
un intense moment d’émotion
Bar
Pour l’instant , Benjamin est pris d’une envie soudaine : et s’il allait piquer une tête dans la fameuse piscine indoor ? Et le voilà courant partout à la recherche d’un caleçon de bain, le reste il le racontera . Ce soir , Jazz et Jazz : d’abord chez Chris , puis au Zanzibar où nous avons rendez-vous à 23 heures avec quelques membres du groupe , les plus résistants . Il faudrait songer à écrire nos cinquante cartes postales .
Après avoir trouver un magnifique caleçon de bain de chez “Liv’&Taylor” je me jette à l’ eau pour tester la piscine du 7ème étage , la flotte est bonne mais se limite malheureusement à mon nombril . N’étant pas un personnage de “Willow” , je me lasse et me dirige vers le four humain communément appelé “sauna” , je ne m’étais encore jamais identifié à un vulgaire bout de margarine. Seul dans cette immense poële , j’essaie de communiquer avec mes panards qui me regardent avec leurs yeux de merlans frits , je tente de m’excuser auprès d’eux mais ils s’en foot. Je remonte dans la chambre , c’est parti pour une soirée Jazz inoubliable.
Victor North’s est un saxophoniste qui déménage en compagnie d’un pianiste véloce et loquace déversant des tonnes de notes sur le clavier et tentant de les rattraper en les engueulant gentiment sans vraiment parvenir à en reproduire la mélodie , d’un bassiste vigoureusement effacé et d’un batteur issu du croisement d’un métronome et d’une vibreuse à percussion . C’est dire l’efficacité de ce groupe inspiré par la pulsion Be Bop mais ne dédaignant pas pour autant , histoire de nous reposer un peu , entre deux tempi soutenus , la nostalgie d’une petite ballade . Le menu est original , je n’ai pas voulu dire infect . Il est onze heures, faut qu’on se bouge direction le Zanzibar qui s’avère tellement glauque - la tronche de nos compatriotes invitant plus au recueillement type funerarium qu’à l’agitation stéréotypée et conjuguée digitalo-céphalique affectant normalement les turiféraires de Charlie ou du Duke - que nous sommes revenus aussi sec comme le petit vin blanc nous affaler au bar ( cf preuves photographiques à l’appui): grand bien nous a fait de renoncer à fréquenter nos semblables congressés , car sans cette stratégie de repli nous n’aurions pu tomber raides moites fascinés sous le charme d’un rossignol black, une demoiselle dont nous ignorerons le nom jusqu’à ce qu’inéluctablement s’il existe quelque part une justice accordant la gloire au talent , les feux de la rampe et les néons du succès l’inscrivent en lettres électriques au fronton du panthéon où séjournent les déesses du swing. Ah lettres et le néon ! les trilles et le tremblement étudié (on appelle ça un trémolo quand on s’y connait ) , les vocalises sorties d’un gosier délicieux ... limites frustrantes de la photographie , même si l’artiste est foncièrement doué , qui ne peut figurer qu’imparfaitement le mélange de technique hyperélaborée et de timidité , de retenue , de modestie , dont l’effet le plus sensible est l’apparition violente , lorsque s’achève once in a while , d’un ruissellement d’endorphines bien plus puissant que les flots alcooliques de la coronna et du pure malt mélés ... chante, rossignol chante ... mais elle n’interprète qu’une chanson , sans doute est-elle attendue ailleurs ... Pas au Zanzibar j’espère ! Lui succèdent avec tambour et trompette une bande de jeunes musiciens , trombone , guitaristes , bassistes , pianistes, deuxième saxophoniste tandis que Victor, seul maître de cérémonie à bord , très à l’aise troque le ténor contre un alto qu’il fait péter dans une jam session sans fin ... Une chouette soirée comme on voudrait en vivre plus souvent .
zzzzzzzzzzzzzzzzzzzz
Le lendemain , une entreprise de grande envergure nous attend : un souci nous obsède , les pauvres qui sont restés au pays , et qui nous dépècerons vifs après avoir saccagé nos valises s’ils s’aperçoivent que nous sommes revenus les mains vides de notre lointain périple . C’est donc avec l’état d’esprit de Marco Polo partant pour les Indes que nous décidons de nous rendre à nos risques et périls dans un gigantesque Mall situé au diable Vauvert : Franklin Mills Mall est notre but , que nous n’atteindrons qu’après avoir parcouru jusqu’à son terminus la Blue Line (l’une des stations, dans un état de délabrement indescriptible, s’appelle “ BERKS “) , où nous n’aurons d’autre solution que de prendre l’incertain bus “20” . Au bout du bout ( c’est la journée des terminus ) , on nous dépose devant le plus vaste des grands magasins qu’il nous ait été donné de visiter : pendant des heures nous en arpentons les allées , négociant jeans, chaussettes, T-shirts, machines à péter . Nous trouverons fort heureusement une navette qui nous ramènera pile devant l’hôtel . Mais Benjamin a déjà une autre idée en tête : il a repéré dans un journal branché sur l’activité fébrile artistique de Phyllie le nom d’un fameux disc-jockey . Il précise qu’il ne s’agit pas d’une course de chevaux et m’entraine vers Temple University , ce qui nous permet de découvrir la Red Line .
7:00 pm , je suis dans une salle de classe et j’attends impatiemment de voir un papa du rap américain: DMC (malheureusement il ne viendra pas) en revanche , je m’attendais à une conférence de presse mais non il s’agit tout simplement du 14ème cours de HIP-HOP de l’université. Je me sens comme un carré de Galak dans une plaque de chocolat noir, en plus, tout l’monde m’appelle WHATSUPBROZEUR ( sûrement des cousins au cuisto du Marriot ) mais c’est pas grave. Grand écran , clips , cours de beats , tchatcheurs dont un très émouvant qui rappait l’histoire de son cousin assassiné le mois précèdent , il s’arrêtait à chacun de ses refrains pour pleurer “Sorry, just thinking about my cousin ,you know”, Standing Ovation après sa prestation. 2 invités de marque pour les connaisseurs (le producteur de Lyricist Lounge “Danny Castro” et le rappeur “Mos Def” ) viendront parler de leur boîte pour clôturer le cours . Conclusion : Marre des gangsters , marre des “gangsta’s bitches” (Ne pas traduire plages de voyous) , le hip-hop est un mouvement positif bordel !!!
Pendant que Benoît attend dans le hall le studieux Benjamin , il lit le Temple journal , une méchante feuille de chou rédigée par les étudiants de la dite université , l’un d’entre eux s’étant pris pour Baudelaire revenant de Bruxelles, et crachant un venin très petit au sujet de son passage en France . Reproduire ici les commentaires insultants de ce Phyllistin d’envergure minuscule , serait douloureux . Fallait pas y aller ! qu’on lui rétorque à c’t’empaffé .