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Bernard Pinault simple fric (Les pyrosis d'Emilio Campari)

Bernard Pinault simple fric


    Parfois il y a quelque chose de jubilatoire à lire les réflexions brutes de déblogage et il faut remercier en conséquence leurs auteurs. Vais-je citer le nom du malheureux auteur du billet suivant, motivé par l'installation récente de la fondation Pinault à la punta della dogana à Venise ? Je reproduis l'intervention sans retouche aucune :

"Bravo, super, je suis ravi ! 20 millions d’euro soit :

16 000 SMIC

1333 années de salaire d’un ouvrier

La construction de 150 logements HLM

Le coût d’environ 20 000 loyers mensuels.

1000 000 repas à 20 €

On voit où sont les priorités humanitaires des milliardaires. La culture pour les élites (Élites financières s’entend !)"

    Un peu de charité pour ces rescapés du temps où même le réalisme socialiste n'existait pas encore - je renvoie le lecteur à The Origin of Socalist Realism de Komar & Melamid, 1982-83. De la pitié pour ces décérébrés congénitaux, qui ne sont guère là que pour nous faire rire, jusqu'à ce qu'un arrêté nous l'interdise. Ce pauvre d'esprit dont je tairai l'identité en dépit de mes tendances délatrices, dresse une série d'équivalence absolument justes ; il oublie seulement que le flux monétaire engendré par les vingt millions d'euros ne se transforme en SMIC, logements, loyers, repas, qu'après la création d'un lieu exceptionnel, qui sera visité par des élites capables de verser 20 euros pour passer quelques heures en compagnie d'artistes contemporains - combien vaut un billet pour assister à un match de football ? Pour mémoire, certains se fendent de combinés voyages, hôtels, billets pour l'Afrique du Sud à trois mille euros minimum par personne. Bien entendu j'entends les gémissements des hordes d'adorateurs du crampon dont la bulbarité aurait souhaité que fût construit un énième stade pour abriter leurs cultes, à la place pourquoi pas de la fondation Pinault.

    Cette équation est largement entretenue par certains politiques au sujet desquels se pose un cruel dilemne : sont ils foncièrement ignorants, débiles, ou feignent-ils de l'être, convaincus que le niveau lamentable de leur électorat devrait permettre de les abuser à l'aide d'équivalences jetées comme les bas morceaux d'une charogne à une meute affamée.