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Raminagrobis (Les pyrosis d'Emilio Campari)

Raminagrobis


     L'autre jour que je me risquai à télécommander une chaîne hexagonale, je me demande bien pourquoi tant les émissions russes et japonaises sont divertissantes, je crus que la coupe du monde était achevée et l'affaire Bettencourt (Ingrid ? Françoise ? Liliane ?) enterrée. En effet, depuis le début du mois de Juillet, une autre catégorie de sportifs milite pour la transformation de testostérone exogène contre des endorphines, endogènes par définition, espérant fonder un échange de monnaie trébuchante contre des images de souffrance sur fond de terroir vu d'hélicoptère. Ahanner sur des vélocipèdes en plein cagnard, il faut aimer souffrir, et, après celui des footballeurs, c'est un bel exemple d'activité ridicule qui est là donné à notre jeunesse, préfigurant ce qui tuera l'essentiel de leur temps : ne rien faire en regardant quelques autres faire quelque chose de totalement inutile.

    Et puis tel un spectre sortant d'un tombeau qui n'était pas le sien je vis à nouveau Edwy Plenel aux traits acharnés et je me dis derechef non ces malheureux, qu'ils soient milliardaires n'y change rien, ne connaîtront plus la paix ici-bas. Passé ce moment de commisération, je réfléchis au moyen de mettre tout le monde au pas. D'en finir avec cette dysharmonie républicaine, moi qui enfant m'enchantai des accents de la fanfare de la garde homonyme qui embaumait d'un crottin mordoré le boulevard Henri IV, au retour de sa promenade dominicale. C'est alors qu'eût lieu un de ces petits miracles hippocampiques sans lesquels les dissonances ne sauraient se résoudre en accords parfaits. Figurez-vous que dormaient tranquillement en attendant que l'on eût besoin d'eux trois petits animaux déjà connus du temps d'Ésope mais fagotés comme à la cours de Louis XIV. Un chat, une belette, et un petit lapin. Quel serait le moyen d'en finir avec cette cacophonie et dans le même temps de réjouir tout le bon peuple de France ? Colbert était là aussi, qui avisait ses collecteurs d'impôts de plumer le maximum d'oies sans les faire crier. Aujourd'hui, nous conseillerions à Monsieur Colbert de plumer le minimum d'oies mais en les faisant crier un maximum, afin d'égayer la morne quotidienneté des autres. Dans ce sens, nous proposons de confisquer sans autre forme de procès les fortunes de madame Bettencourt et de sa fille, maintenant que personne n'est plus là pour les protéger de vilaines insinuations ni pour se poser des questions sur l'origine de ces milliards. Mais j'entends d'ici les hauts cris des Économistes Associés : comment, mais vous n'y pensez pas, l'emploi, les exportations, notre industrie première... Je ne pense même qu'à çà, un bon plumage radical, je ne dis même pas franchement de gauche, nous consolerait de toutes nos misères footbalistiques, et puis une industrie bâtie sur les cosmétiques... J'ai appris il y a peu que les chinois et les japonais avaient pris du retard sur le plan économique à l'âge classique parce qu'ils se lavaient tout le temps, alors que nous autres européens croupissions dans notre fange. Il faudra que je vérifie me suis-je dit, mais comment procéder ? En attendant, lavez vous moins et travaillez plus.