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14/05/08 Conférence Benoit Kullmann : actualités Parkinson 2008 Café des Arts place Yves Klein Nice 06000 29/05/08 Conférence Jean-Luc Delut : la musique du XIXème siècle : Beethoven 4Bd de Cimiez le Majestic NICE 06000 30/05/08 Conférence Pierre Lemarquis : Musique et Alzheimer Hôpital de Cimiez Nice 06000 14/06/08 Conférence Benoit Kullmann : Paramnésie reduplicative ( Magritte et la neurologie) 15/09/08 Conférences Benoit Kullmann : le concept de maladie neurodégénérative ; la paralysie supranucléaire progressive, naissance et démembrement ; le neurologue, entre dégénérescence cortico-basale et syndrôme cortico-basal : IUGM, Montréal 9H-12h 17/09/08 Conférence Pierre Lemarquis : la cognition motrice à travers l'exemple de Glenn Gould Centre des Sciences de Montreal 22/09/08 Conférences Benoit Kullmann : les démences fronto-temporales ; la chorée de Huntington IUGM, Montréal 9H-12h 23/09/08 Conférences Benoit Kullmann : la démence à corps de Lewy ; les atrophies multi-systémiques ; le neurologue et l'hystérie IUGM, Montréal 9H-12h 2/10/08 Conférence Benoit Kullmann : la neurologie au féminin 21/10/08 Conférence Jean-Luc Delut : la musique du XIXème siècle : Schubert 25/10/08 Conférence Pierre Lemarquis : Musique et Dopamine 2nd World Congress on Controversies in Neurology Athènes 20/11/08 Conférence Benoit Kullmann : variations sur la maladie d'Alzheimer I 12/12/08 Conférence Pierre Lemarquis : De Jean-Sébastien Bach à la Télécommande cérébrale CVCI 13/12/08 Conférence Benoit Kullmann : le sens de la douleur ; Apollon et Marsyas 05/02/09 Conférence Jean-Luc Delut : De Jean-Sébastien Bach à la Télécommande cérébrale CVCI 07/02/09 Conférence Pierre Lemarquis : Musique et Alzheimer 18/04/09 Conférence Benoit Kullmann : Inhibition et créativité 12/05/09 Conférence Michel Borg : Actualités de la maladie de Parkinson 12/05/09 Conférence Benoit Kullmann : Peinture et dopamine 12/05/09 Conférence Pierre Lemarquis : Musique et dopamine 13/06/09 Conférence Benoit Kullmann : de la chéloniophilie 20/06/09 Conférence Benoit Kullmann : Paul Richer et l'environnement artistique de Charcot 04/07/09 Concert Francine Guillouët - De Salvador : Schubert 04/07/09 Conférence Jean-Luc Delut : Schubert 08/07/09 Conférence Oury Monchi : Neuroimagerie fonctionnelle des connexions fronto-striatales : Neuroimaging studies in Parkinson¹s disease. Centre Hospitalier Princesse Grace, Monaco 17 H 09/09/09 Conférence Benoit Kullmann : Fiat Lux : de la musique des sphères aux couleurs de l'arc-en-ciel Dusseldorf 09/09/09 Conférence Pierre Lemarquis : Lux Fiat : Et la lumière fut: "J.S.Bach, du cerveau bien tempéré à la théorie du chaos : cerveau, musique et mathématiques Dusseldorf 19/09/09 Conférence Benoit Kullmann : Magritte et la mémoire 08/10/09 Conférence Benoit Kullmann : l'image, entre virtuel et actuel C.U.M 21 H 26/11/09 Conférence Benoit Kullmann : L'esprit faux : du cerveau des facultés au cerveau des catégories 01/12/09 Conférence Michel Borg : Parkinson et dépression 01/12/09 Conférence Benoit Kullmann : l'art et le prosélytisme de la dépression 03/12/09 Conférence Jean-Luc Delut : Bach III ; rhétorique de la musique 05/12/09 Conférence Philippe Barrès : le What et le Where 05/12/09 Conférence Sandrine Louchart de la Chapelle : mémoires et émotions : « Une nouvelle dimension de la mémoire humaine » 08/12/09 Conférence Benoit Kullmann : douleur et théorie de l'esprit 09/12/09 Conférence Bruno Lussiez : anatomie de la crucifixion (association ARD, invitation du Dr Haiel Alchaar, fondateur) 09/12/09 Conférence Benoit Kullmann : de la poétique à la politique de la douleur (association ARD, invitation du Dr Haiel Alchaar, fondateur) xx/12/09 Conférence Benoit Kullmann : le cerveau est-il une machine ? 16/01/10 Conférence Benoit Kullmann : le regard et l'image mentale 27/02/10 Conférence Pierre Lemarquis : Sérénade pour un cerveau musicien : plasticité neuronale 27/02/10 Conférence Benoit Kullmann : L'esprit faux : un cerveau en matière plastique ? 06/03/10 Conférence Benoit Kullmann : la construction du cerveau, I : de la Vanité à la Prétention, Ajaccio, Corse 25/03/10 Conférence Benoit Kullmann : les démences de type Alzheimer : actualisation des concepts, actualité thérapeutique 10-17/04/10 Conférence Benoit Kullmann : le concept de maladie neurodégénératives : nouvelles perspectives Montréal 10-17/04/10 Conférence Benoit Kullmann : un neurologue en visite au musée de Montréal 24/04/10 Conférence Pierre Lemarquis : Sérénade pour un cerveau musicien, Nice 24/04/10 Conférence Philippe Barrès : Alzheimer et musique Nice 24/04/10 Conférence Michel Borg , D. Bellevy : maladie de Parkinson, voix et chant Nice 24/04/10 Conférence Jean-Luc Delut : psychanalyse de la musique Nice 24/04/10 Conférence Dominique Pringuet : Blues et dépression Nice 24/04/10 Conférence Benoit Kullmann : Les dysprosodies, Nice 5/06/10 Conférence Benoit Kullmann : (ombres au tableau) I renaissance et seconde mort de l'ombre II la naissance de la peinture Séville III contours : le regard en action 18/06/10 Conférence Benoit Kullmann : un fantôme dans le Tableau Neurologique Nîmes 29/06/10 Conférence Benoit Kullmann : les démences de type Alzheimer, Nice 5.07.2010 Conférence Benoit Kullmann : la maladie d'Alzheimer : du mythe à la mystification, Nice 09/09/10 Conférence Pierre Lemarquis : Sérénade pour un cerveau musicien, Mouans Sartoux 11/09/10 Conférence Benoit Kullmann : Le concept de maladie dégénérative (short version) Saint Paul 2.10.2010 Conférence Benoit Kullmann : un cauchemar cognitiviste, Nice 9.11.2010 Conférence Benoit Kullmann : actualité du problème XXX du pseudo-Aristote, Cannes 16.11.2010 Conférence Benoit Kullmann : le concept de maladie neuro-dégénérative (version longue), Nice 9.12.2010 Conférence Benoit Kullmann : l'attention, au delà du symptôme, Paris 13.01.2011 Conférence Benoit Kullmann : Les complications neurologiques du diabète Nice 15.01.2011 Conférence Philippe Barrès: Croyance et Savoir Nice 15.01.2011 Conférence Michel Benoît: Croyance et Suicide Nice 15.01.2011 Conférence Michel Borg : Vrai et Faux mouvements anormaux chez les personnes célèbres Nice 15.01.2011 Conférence Dominique Pringuey : Croyance et Délire Nice 15.01.2011 Conférence Saïd Bensakel: Croyances au cinéma : Diables et Démons Nice 15.01.2011 Conférence Benoit Kullmann : L'incrédulité Nice 28.01.2011 Conférence Philippe Barrès : Troubles précoces du Langage et de la communication Marseille 28.01.2011 Conférence Pierre Bonhomme : Que reste-t-il du syndrome psycho-organique de Bleuler ? Marseille 29.01.2011 Conférence Benoit Kullmann : Préhistoire de la démence Marseille .2011 Conférence Benoit Kullmann : Hommes au bord de la crise de nerf facial Nice 17.II.2011 Conférence Benoit Kullmann : Le concept de maladie dégénérative (very short version) Nice 19.II.2011 Conférence Pierre Lemarquis : aimer Jeff Koons est-il un signe de Maladie d’Alzheimer ? La Celle Conférence Le cerveau des Jésuites revisité I et II Fascination et Sidération La Celle le 19.II.2011 Conférence Le concept de maladie dégénérative (long version) Monaco le 23.III.2011 Conférence Sexe, Grogs and Bacchanal's Bordeaux le 26.III.2011 Conférence Synesthésies Nice le 5.IV.2011 Conférence Le concept de maladie dégénérative (very short version) Nice le 14.IV.2011 Nice Conférence Crise, lorsque les corps, la nature et les sociétés se répondent Nice le 15.IV.2011 Nice Conférence La part du rêve le 7.V.2011 Nice Conférence Jean-Martin Charcot and Paul Richer: Building a bridge between neurology and art. Copenhague le 14.V.2011 Conférence La neurothéologie : comment les neurosciences ont-elles accommodé la théologie le 21.V.2011 Conférence Le cerveau des philosophes : l'École d'Athènes le 23.V.2011 Conférence Expressions de la douleur le 22.VI.2011 Nice Conférence Renoir et la polyarthrite le 25.VI.2011 Cagnes sur mer Conférence Tchaïkowsky : variations sur le thème de l'âme slave le 10.VIII.2011 Santa Reparata, Corse Conférence Approche phénoménologique et anthropologique de la fibromyalgie le 18.IX.2011 Nice Conférence Jean-Martin Charcot and Paul Richer: Building a bridge between neurology and art. Budapest le 24.IX.2011 Conférence Peindre l'altération de la familiarité le 1.X.2011 Monaco (podcast youtube) Conférence Vingt neuf ans après le 1.X.2011 Mougins Conférence consignes d'approche de la méthode phénoménologique le 6.X.2011 Nice Conférence Des passions aux émotions le 7.X.2011 Bordeaux Conférence L'hystérie, fin XIXe siècle le 8.X.2011 Cannes Conférence Lost in Temptations (À la recherche des Tentations perdues de Saint Antoine) Amsterdam, le 22.X.2011 Communication Contribution de Raphaël à l'iconographie épileptologique le 12.XI.2011 Bordeaux Conférence La douleur sur le champ de bataille (Charles Bell, de la douleur au douloureux) 17.XI.2011 Congrès Franco-Maghrébin Nice Conférence Magritte, un peintre neurologique 18.XI.2011 San Remo Conférence Des passions aux émotions : le point de vue du peintre et celui du musicien 19.XI.2011 San Remo Conférence Fibromyalgie le 25.XI.2011 Nice Conférence Fatigue (la naturalisation de la fatigue) le 3.XII.2011 Strasbourg Conférence Narcisse, Echo et le mythe des neurones miroirs le 16.XII.2011 Nice Mamac Cercle Castellion Conférence Neurosciences et liberté le 13.I.2012 Café Philo La Colle sur Loup Conférence Le souffroir le 26.I.2012 Nice D.U. Phénoménologie Conférence Conscience et hallucination (Les hallucinations dans la maladie d'Alzheimer) le 27.I.2012 Congrès du G.R.A.L Marseille Conférence la Volonté, une faculté sans domicile fixe le 4.II.2012 Nice XIVe Journée Neuro-Psychiatrique Conférence L'arc-en-ciel nationaliste Abbaye de la Celle le 18.II.2012 Conférence La douleur et la mémoire Nice le 23.II.2012 Association A.R.D. Conférence Illustration de quelques pathologies neurologiques dans la peinture Majorque le 25.III.2012 Conférence D'une Leçon à l'autre, une théorie de l'imitation fin XIXe Nice le 5.IV.2012 Journées Nationales de Neurologie de Langue Française Conférence Le rêve Nice le 6.IV.2012 Cannes, Université inter-âges Conférence Edgar Poe, la philosophie de l'ameublement le 14.IV.2012 Monaco Conférence Actualité sur les syndromes parkinsoniens 3.V.2012 Nice Conférence le 12.V.2012, Les noces arrangées du génie et de la folie Saint-Tropez Conférence le 13.V.2012, Enquête sur Edgar Poe : travaux pratique sur les liens du génie et de la folie Saint-Tropez Conférence le 22.VI.2012, Le danger Porto Fino Communication le 6.VII.2012 ambigüité de l'expression faciale ; à propos d'une oeuvre de James Ensor Conférence le 7.VIII.2012 De la musique des sphères aux couleurs de l'arc-en-ciel Festival Musica Classica, Santa Reparata di Balagna Conférence le 29.IX.2012 Les disconnections expérimentales Maison du séminaire, Nice Conférence le 23.X.2012 Art et Parkinson : Beckett, Giacometti, l'immobilité, Nice Conférence le 15.XI.2012 Le souffroir Société de Phénoménologie Clinique et de Daseinsanalyse de Nice Conférence Better no brain than bad brain Conférence le 1.XII.2012, Magritte et la sémiotique : un peintre neurologique Nice Conférence le 16.II.2013 Mélomanie de Nietzsche Abbaye de la Celle, Nice Conférence le vendredi 12 Avril 2013 Les maladies de Nietzsche Journée Nietzsche, Nice 2011 Conférence Benoit Kullmann : peinture et philosophie : l'École d'Athènes, Nice 2011 Conférence Benoit Kullmann : peinture et philosophie : un rythme à quatre temps : Aristote et Platon, Héraclite et Démocrite, Nice 2011 Conférence Benoit Kullmann : peinture et philosophie : mais que font les stoïciens, Nice 2011 Conférence Benoit Kullmann : le cerveau des philosophes : le cerveau de Descartes 2011 Conférence Benoit Kullmann : le cerveau des philosophes : le cerveau de Kant |
Conférences - l'hallucination et le réel (Flaubert et Taine)
L'hallucination et le réel I Flaubert et Taine Ceci est la première partie d’un tryptique consacré aux rapports de l’hallucination et du réel entre les années 1850 et 1890 approximativement. Ce travail s’inscrit dans un cadre plus général qui est celui du statut de l’image dans l’histoire de la neuropsychologie. Cette mauvaise reproduction est censée vous donner une idée du choc intellectuel et esthétique que fut pour Gustave Flaubert la rencontre de la Tentation de Saint Antoine de Pierre Brueghel l'ancien au Palazzo Balbi de Gènes, en 1845, alors qu'il avait vingt quatre ans. Voici son compte-rendu : Palais Balbi, à Gênes. - La Tentation de saint Antoine, de Breughel. - Au fond, des deux côtés, sur chacune des collines, deux têtes monstrueuses de diables, moitié vivants, moitié montagne. Au bas, à gauche, saint Antoine entre trois femmes, et détournant la tête pour éviter leurs caresses ; elles sont nues, blanches, elles sourient et vont l'envelopper de leurs bras. En face du spectateur, tout à fait au bas du tableau, la Gourmandise, nue jusqu'à la ceinture, maigre, la tête ornée d'ornements rouges et verts, figure triste, cou démesurément long et tendue comme celui d'une grue, faisant une courbe vers la nuque, clavicules saillantes, lui présente un plat chargé de mets coloriés. Homme à cheval, dans un tonneau ; têtes sortant du ventre des animaux ; grenouilles à bras et sautant sur les terrains ; homme à nez rouge sur un cheval difforme, entouré de diables ; dragon ailé qui plane, tout semble sur le même plan. Ensemble fourmillant, grouillant et ricanant d'une façon grotesque et emportée, sous la bonhomie de chaque détail. Ce tableau paraît d'abord confus, puis il devient étrange pour la plupart, drôle pour quelques-uns, quelque chose de plus pour d'autres ; il a effacé pour moi toute la galerie où il est, je ne me souviens déjà plus du reste. Voyages en Italie et en Suisse. Avril-mai 1845. La vie de Saint Antoine le Grand (c.251-356) est racontée par les pères de l’Église Saint Athanase et Saint Jérôme, et reprise dans la Légende Dorée de Jacques de Voragines. Né vers 251 à Qeman (Fayoum) en Haute-Egypte, fondateur du mouvement cénobitique. Le monastère des Antonites d'Issenheim était situé sur une ancienne voie romaine menant des pays germaniques, par Bâle, vers les lieux de pèlerinage : Rome, Saint Jacques de Compostelle, Jérusalem. L’hôpital fut construit à l’intention de ces voyageurs-pélerins, qui pouvaient observer de près ce malheureux souffrant le martyre et couvert de lésions cutanées, bubons ou placards nécrotiques. L'ordre des Antonins, dévoué aux malades atteints notamment par le« feu de saint Antoine », ou mal des Ardents, fut fondé en 1070 et essaima à partir de l’ abbaye de Saint-Antoine en Viennois, dans le Dauphiné, et contribua à répandre le culte et le prestige du saint anachorète - devenu au fil des siècles un saint guérisseur - dans toute la Chrétienté. On invoquait Antoine contre le mal des Ardents, la peste, la lèpre, la gale, les maladies vénériennes. Bon nombre d’amputés sont des victimes de l’ergotisme et non de la lèpre. Mal des ardents, Feu de saint Antoine, Feu de saint Marcel, de la bienheureuse vierge Marie, de saint Firmin, Feu divin, sacré, persique, de la géhenne, de l'enfer, Convulsion de Sologne, gangrène des Solognots … de nombreuses « épidémies » sont signalées en France, Lorraine, Aquitaine, Picardie, Artois, Silésie, Italie, du X ème au XVIII ème siècle, en particulier de 1747 à 1764 ; on distingue des formes bénigne, aigüe, chronique, convulsive, gangréneuse ( gangrène sèche)… Au cours de l’évolution surviennent des amputations parfois spontanées ; L’ identification de la responsabilité du seigle au XVIIème siècle est établie par Thuillier 1630, Dodart 1676 ; L’abbé Teissier en 1776 administre de la poudre d'ergot à des canards et à des porcs et reproduit les symptômes de l’ergotisme. Le retable de Grünewald sera commenté par Richier et Charcot. Les lésions cutanées du malheureux patients sont selon les experts du XIXIème siècles de nature syphilitique. La Tentation de Saint Antoine, version de 1849 : Gustave Flaubert dont la correspondance comporte plus de quatre mille lettres aborde très rarement le sujet de ses crises. Il fait part de ses ennuis de santé à quelques amis ; il écrit à Ernest Chevalier le 1er février 1844 : « Sache donc, cher ami, que j'ai eu une congestion au cerveau, qui est à dire comme une attaque d'apoplexie en miniature avec accompagnement de maux de nerfs que je garde encore parce que c'est bon genre. J'ai manqué péter dans les mains de ma famille. (...) On m'a fait 3 saignées en même temps et enfin j'ai rouvert l'oeil. Mon père veut me garder ici longtemps et me soigner avec attention, quoique le moral soit bon, parce que je ne sais pas ce que c'est que d'être troublé. Je suis dans un foutu état, à la moindre sensation tous mes nerfs tressaillent comme des cordes à violon, mes genoux, mes épaules, et mon ventre tremblent comme la feuille. » et à Louise Colet sa maîtresse, surnommée la muse insatiable, le 7 novembre 1847 : « Que ne suis-je insensible, au contraire, je n'aurais pas eu, ce soir encore pendant une belle demi-heure, des bougies qui me dansaient devant les yeux, qui m'empéchaient de voir. » Et cinq ans plus tard, « ...moi (...) qui parfois ai senti dans la période d'une seconde un million de pensées, d'images, de combinaisons de toutes sortes qui pétaient à la fois dans ma cervelle comme toutes les fusées allumées d'un feu d'artifice. » ( A Louise Colet. 6 juillet 1852 ). « Ajoute à cela mes attaques de nerfs, lesquelles ne sont que des déclivités involontaires d'idées, d'images. L'élément psychique alors saute par-dessus moi, et la conscience disparaît avec le sentiment de la vie. Je suis sûr que je sais ce que c'est que mourir. J'ai souvent senti nettement mon âme qui m'échappait, comme on sent le sang qui coule par l'ouverture d'une saignée. » A Louise Colet. 27 décembre 1852. « Chaque attaque était comme une sorte d'hémorragie de l'innervation. C'était des pertes séminales de la faculté pittoresque du cerveau, cent mille images sautant à la fois, en feux d'artifices. Il y avait un arrachement de l'âme d'avec le corps, atroce (j'ai la conviction d'être mort plusieurs fois). Mais ce qui constitue la personnalité, l'être-raison, allait jusqu'au bout ; sans cela la souffrance eût été nulle, car j'aurais été purement passif et j'avais toujours conscience, même quand je ne pouvais plus parler. Alors l'âme était repliée tout entière sur elle-même, comme un hérisson qui se ferait mal avec ses propres pointes.» A Louise Colet. 7 juillet 1853. Ces quelques éléments de description même si les autorités contemporaines en matière d’épilepsie semblent formelles pourraient faire discuter des migraines accompagnées d’une part, des attaques de panique d’autre part. La coexistence d’une épilepsie authentique et de crises nerveuses non épileptiques est une situation fréquente. Il y a place pour le doute, au moins en ce qui concerne la possibilité de crises nerveuses non épileptiques intriquées avec d’authentiques crises épileptiques. En revanche, le Brome qu’il absorbait quotidiennement suffit probablement à expliquer bon nombre de symptômes - fatigue, somnolence, ralentissement - que d’aucun ont mis sur le compte d’une névrose hystérique. Ses rares allusions ultérieures, après sa rupture avec Louise Colet, ne sont pas contributives : « A vingt ans j'ai failli mourir d'une maladie nerveuse, amenée par une série d'irritations et de chagrin, à force de veilles et de colères. Cette maladie m'a duré dix ans. (Tout ce qu'il y a dans sainte Thérèse, dans Hoffmann et dans Edgar Poe, je l'ai senti, je l'ai vu, les hallucinés me sont fort compréhensibles.) Mais j'en suis sorti bronzé et très expérimenté tout à coup sur un tas de choses que j'avais à peine effleurées dans la vie. » A Mlle Leroyer de Chantepie. 30 Mars 1857. Flaubert parle très peu de ses attaques de nerfs, et son œuvre n’en garde quasiment aucune trace directe, sinon dans les hallucinations d’Emma Bovary, dont la description utilise les symptômes éprouvés par l’auteur. « Il lui sembla tout à coup que des globules couleur de feu éclataient dans l’air comme des balles fulminantes en s’aplatissant, et tournaient, tournaient, pour aller se fondre dans la neige, entre les branches des arbres. Au milieu de chacun d’eux, la figure de Rodolphe apparaissait. Ils se multiplièrent, et ils se rapprochaient, la pénétraient ; tout disparut. Elle reconnut les lumières des maisons, qui rayonnaient de loin dans le brouillard » Gustave Flaubert, Madame Bovary 1856 Flaubert se définissait comme un laborieux ; il déclamait ses textes dans son gueuloir, selon sa propre expression après avoir couvert des pages et des pages de ratures, de repentir, de rajouts, d'insertions. Ses relations avec son père Achille-Cléophas Flaubert, Chirurgien-chef de l’hôpital de Rouen, n'étaient pas des plus simples. Dans cette page manuscrite de la tentation de Saint Antoine figure le plus célèbre lapsus calami de l'histoire de la littérature : « Maudit, maudit, maudit ! Pour avoir tué des innocents, tu assassineras ton père et ta père » Parmi les lecteurs de la Tentation de Saint Antoine, figure Hippolyte Taine ( 1828-1893 ), qui évoquera « L’imagination érudite de Flaubert ». Major de l’École Normale en 1848, recalé à l’agrégation de philosophie en 1851 pour « dépense déplacée de talent », il fut reçu docteur en 1853 avec son étude sur La Fontaine, après s'être vu refuser une thèse peu orthodoxe sur les sensations. Il fut élu à l’académie française en 1878. Il était docteur en droit de l'Université d'Oxford, grand admirateur de l’Angleterre et du protestantisme. C’est un libre penseur, anti-spiritualiste, adversaire de l’évêque Dupanloup, de Victor Cousin, auteur de quelques maximes provocatrices telles que « On peut considérer l'homme comme un animal d'espèce supérieure qui produit des philosophies et des poèmes à peu près comme les vers à soie font leurs cocons, et comme les abeilles font leurs ruches ». ( Essai sur les Fables de La Fontaine, préface de l’édition de 1861 ) ou encore “le Vice et la Vertu sont des produits comme le vitriol et le sucre” ( Histoire de la littérature anglaise ). Ses maîtres sont Spinoza, Condillac, Hegel. Il entend appliquer à la littérature, à l’histoire et à l’esthétique, la méthode psychologique laquelle est considérée comme une science de la nature. Parmi ses projets, très tôt figure celui d’en finir avec les facultés de l’âme. Pour se faire il entreprend dès 1866 la rédaction d’un ouvrage de psychologie critique, intitulé De l'Intelligence (1870, 2 vol. in-8; 3e éd. corrigée et augmentée; 2 vol. in-18, 1878; 4e éd. encore corrigée et augmentée, 1883). Son intention est d’en finir avec les catégories de l’entendement, et d’identifier par l’analyse de phénomène psychique élémentaire, comme Lavoisier anéantissant la théorie des quatre éléments en décomposant l’air. Il se réclame de la théorie des signes de Condillac, de l'induction scientifique selon Stuart Mill, de la perception de l'étendue d’Alexander Bain. Il fréquente le salon de la princesse Mathilde ( 1820-1904) fille de Jérôme Bonaparte et de la princesse de Wurtemberg ( surnommée la dinde de Westphalie) et donc cousine de Louis Napoléon Bonaparte, le futur Napoléon III. Et participe aux dîners Magny en compagnie de Sainte-Beuve, Renan, Berthelot, les Goncourt … Il y fait la rencontre de Gustave Flaubert avec lequel il correspond à partir de 1863. Dans la perspective de la rédaction de son traité De l’Intelligence, il adresse quatre lettres fin 1866 : à un mathématicien, à un joueur d’échecs, à Gustave Doré (1832-1883), à Gustave Flaubert auquel il pose quatre questions : « j’ai besoin de cas spéciaux et hypertrophiés pour ces matières d’imagination et d’images. Je prends divers renseignements auprès de ces hypertrophiés, et vous en êtes un » - confusion objet imaginé et objet réel ? Oui, toujours ; l’image est pour moi aussi vraie que la réalité objective des choses - retour obsédant de l’image d’un personnage ? Les personnages imaginaires m’affolent, me poursuivent, quand j’écrivais l’empoisonnement d' Emma Bovary, j' avais si bien le goût d' arsenic dans la bouche , j' étais si bien empoisonné moi-même que je me suis donné deux indigestions coup sur coup, deux indigestions très réelles, car j' ai vomi tout mon dîner - mémoire visuelle : détails précis ou fragmentaires ? En général le souvenir idéalise, c’est à dire choisit. hallucinations hypnagogiques et intuition poétique ? L’intuition artistique ressemble en effet aux hallucinations hypnagogiques par son caractère de fugacité … mais souvent aussi l’image artistique se fait lentement, pièce à pièce, comme les diverses parties d’un décor que l’on pose. Flaubert met en garde Taine de ne pas confondre la vision intérieure de l’artiste et celle de l’homme vraiment halluciné. Il précise : “je connais parfaitement les deux; il y a un abîme entre eux. Dans l’hallucination proprement dite, il y a toujours terreur, on sent que votre personnalité vous échappe, on croit états qu’on va mourir. Dans la vision poétique au contraire il y a joie. C’est quelque chose qui entre en vous”. « Du reste n'assimilez pas la vision intérieure de l'artiste à celle de l'homme vraiment halluciné ? Je connais parfaitement les deux états ; il y a un abîme entre eux. - Dans l'hallucination proprement dite, il y a toujours terreur, on sent que votre personnalité vous échappe, on croit qu'on va mourir. Dans la vision poétique, au contraire, il y a joie. C'est quelque chose qui entre en vous. » A Hippolyte Taine. 20 novembre 1866. « Mon cher ami, Voici ce que j'éprouvais, quand j'ai eu des hallucinations : 1° D'abord une angoisse indéterminée, un malaise vague, un sentiment d'attente avec douleur, comme il arrive avant l'inspiration poétique, où l'on sent « qu'il va venir quelque chose » (état qui ne peut se comparer qu'à celui d'un fouteur sentant le sperme qui monte et la décharge qui s'apprête. Me fais-je comprendre ?) 2° Puis, tout à coup, comme la foudre, envahissement ou plutôt irruption instantanée de la mémoire car l'hallucination proprement dite n'est pas autre chose, - pour moi, du moins. C'est une maladie de la mémoire, un relâchement de ce qu'elle recèle. On sent les images s'échapper de vous comme des flots de sang. Il vous semble que tout ce qu'on a dans la tête éclate à la fois comme les mille pièces d'un feu d'artifice, et on n'a pas le temps de regarder ces images internes qui défilent avec furie. En d'autres circonstances, ça commence par une seule image qui grandit, se développe et finit par couvrir la réalité objective, comme par exemple une étincelle qui voltige et devient un grand feu flambant. Dans ce dernier cas, on peut très bien penser à autre chose, en même temps ; et cela se confond presque avec ce qu'on appelle « les papillons noirs », c'est-à- dire ces rondelles de satin que certaines personnes voient flotter dans l'air, quand le ciel est grisâtre et qu'elles ont la vue fatiguée. Je crois que la Volonté peut beaucoup sur les hallucinations. J'ai essayé à m'en donner sans y réussir. - Mais très souvent, et le plus souvent je m'en suis débarrassé à force ce volonté. Dans ma première jeunesse j'en avais une singulière : je voyais toujours des squelettes, à la place des spectateurs, quand j'étais dans une salle de théâtre - ou du moins je pensais à cela si fortement que ça ressemblait à une hallucination car la limite est quelquefois difficile à discerner. Je connais l'histoire de Nicolaï. J'ai senti cela : voir les choses fausses, - savoir que c'est une illusion, en être convaincu, et cependant les percevoir avec autant de netteté que si elles étaient réelles. - Mais dans le sommeil on éprouve un état pareil, - quand on sait qu'on rêve, tout en rêvant. C'est si bien pour moi la mémoire qui est en jeu, dans l'hallucination, que le seul moyen d'imiter quelqu'un parfaitement (de représenter sa voix et ses gestes) ne s'obtient qu'avec une grande concentration du souvenir. Pour être un bon mime, il faut avoir une mémoire d'une netteté hallucinante, - voir enfin les personnes, en être pénétré. Reste il est vrai la faculté instrumentiste : les muscles de la face et du larynx. Vous devriez demander à des musiciens s'ils entendent absolument la musique qu'ils vont écrire, comme nous, les romanciers, nous voyons nos bonshommes ! Dans l'hallucination artistique, le tableau n'est pas bien limité, quelque précis qu'il soit. Ainsi je vois parfaitement un meuble, une figure, un coin de paysage. Mais cela flotte, cela est suspendu, ça se trouve je ne sais où. Ça existe seul et sans rapport avec le reste, tandis que, dans la réalité, quand je regarde un fauteuil ou un arbre, je vois en même temps les autres meubles de ma chambre, les autres arbres du jardin, ou tout au moins je perçois vaguement qu'ils existent. L'hallucination artistique ne peut porter sur un grand espace, se mouvoir dans un cadre très large. Alors on tombe dans la rêverie et on revient au calme. C'est même toujours comme cela que ça finit. Vous me demandez si elle s'emboîte, pour moi, dans la réalité ambiante ? Non. - La réalité ambiante a disparu. Je ne sais plus ce qu'il y a autour de moi. J'appartiens à cette apparition exclusivement. Au contraire, dans l'hallucination pure et simple on peut très bien voir une image fausse d'un oeil, et les objets vrais de l'autre. C'est même là le supplice. » A Hippolyte Taine. 1er décembre 1866. Maxime du Camp (1822-1894) : souvenirs littéraires Date de création : 28/05/2008 : 22:12 Réactions à cet article
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