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Amnon et Thamar (Les citrons de Mademoiselle µµ)

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Jan Steen Amnon et Thamar Wallraf-Richartz-Museum (Cologne) Photo BK

    Amnon était le fils de David ; lequel d'un autre lit avait eu un fils Absalom et un fille Thamar. Amnon s'éprend de Thamar ; usant d'un subterfuge - il feint d'être malade et demande à se faire servir son repas au lit par sa demi-soeur - il viole celle-ci puis la repousse. Absalom le fera assassiner deux ans plus tard.

    Il s'agit d'une banale affaire d'inceste dont Frederico Garcia Lorca a tiré un poème, mais que fait ce citron sur la table ?

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Jan Steen Amnon et Thamar détail  Wallraf-Richartz-Museum (Cologne) Photo BK

    Nous ressentons un besoin urgent de solliciter l'avis de l'un de nos plus fameux agrumologues, Alex Hayjette qui nous fait une démonstration d'interprétation gestuelle, éblouissante :

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    Fallait y penser. Ce qui est bien avec Alex c'est que tout à coup les mots eux-mêmes sont superflus. En revanche il faut que les photos ne soient pas superfloues.


Second livre de Samuel

1 Il arriva après cela qu'Absalom, fils de David, avait une sœur qui était belle et qui se nommait Thamar ; et Amnon, fils de David, l'aima.
2 Et Amnon se tourmentait au sujet de Thamar sa sœur jusqu'à en être malade, car elle était vierge, et il paraissait Amnon impossible de lui rien faire.
3 Et Amnon avait un ami nommé Jonadab, fils de Siméa, frère de David, et Jonadab était un homme très avisé.
4 Celui-ci lui dit : Pourquoi es-tu ainsi défait, chaque matin davantage, fils du roi ? Ne me le diras-tu pas ? Et Amnon lui dit : J'aime Thamar, la sœur de mon frère Absalom.
5 Et Jonadab lui dit : Mets-toi au lit et fais le malade, et quand ton père viendra te voir, dis-lui : Que ma sœur Thamar vienne me donner à manger, et qu'elle prépare un mets sous mes yeux, afin que je le voie, et je mangerai de sa main.
6 Et Amnon se coucha et fit le malade ; et le roi vint le voir, et Amnon dit au roi : Je te prie, que Thamar, ma sœur, vienne faire deux gâteaux sous mes yeux, et que je les mange de sa main.
7 Et David envoya dire à Thamar dans son. appartement : Va chez ton frère Amnon et prépare-lui un mets.
8 Et Thamar alla chez son frère Amnon, qui était couché, et elle prit de la pâte et la pétrit, et prépara devant lui des gâteaux et les fit cuire ;
9 puis elle prit la poêle et les versa devant lui ; et il refusa d'en manger ; et Amnon dit : Faites sortir tout le monde d'ici. Et tout le monde sortit de chez lui.
10 Et Amnon dit à Thamar : Apporte-moi ce mets dans l'alcôve, pour que je le mange de la main. Et Thamar prit les gâteaux qu'elle avait faits et les apporta à son frère Amnon dans l'alcôve.
11 Et comme elle les lui présentait à manger, il la saisit et lui dit : Viens, couche avec moi, ma sœur.
12 Et elle lui dit : Non, mon frère, ne me fais pas violence, car on n'agit point ainsi en Israël ; ne commets pas cette infamie.
13 Où irais-je porter ma honte ? et toi, tu serais rangé parmi les infâmes en Israël. Mais parles-en au roi ; il ne me refusera pas à toi.
14 Et il ne voulut point l'écouter ; il fut plus fort qu'elle et il lui fit violence et coucha avec elle.
15 Puis Amnon eut pour elle une forte aversion, et cette aversion fut plus grande que l'amour qu'il avait eu pour elle, et Amnon lui dit : Lève-toi, va-t'en !
16 Et elle lui dit : Non ! ne sois pas cause, en me chassant, d'un mal plus grand que l'autre que tu m'as fait ! Et il ne voulut pas l'écouter.
17 Et il appela le garçon qui le servait et dit : Chassez cette femme d'ici et mettez la dehors, et ferme la porte derrière elle.
18 Elle avait une robe longue, car c'était le vêtement que portaient les filles du roi en guise de manteaux aussi longtemps qu'elles étaient vierges. Et le serviteur la mit dehors et ferma la porte derrière elle.
19 Et Thamar mit de la poussière sur sa tête, et déchira sa longue robe, et mit la main sur sa tête, et s'en alla en poussant des cris.
20 Et Absalom, son frère, lui dit : Est-ce qu'Amnon, ton frère, a été avec toi ?... Maintenant, ma sœur, tais-toi, c'est ton frère ; ne prends pas la chose à cœur ! Et Thamar alla demeurer chez Absalom, son frère, désolée.
21 Et le roi David apprit toutes ces choses, et il en fut très irrité.
22 Et Absalom ne parlait plus à Amnon, ni en bien, ni en mal ; car Absalom haïssait Amnon, parce qu'il avait fait violence à Thamar, sa sœur.
23 Et deux ans après, Absalom avait les tondeurs à Baal-Hatsor, près d'Ephraïm, et Absalom invita tous les fils du roi.
24 Et Absalom vint vers le roi et dit : Voici, ton serviteur a les tondeurs ; que le roi et ses officiers viennent chez ton serviteur !
25 Et le roi dit à Absalom : Non, mon fils, nous n'irons pas tous, de peur que nous ne te soyons à charge. Et Absalom le pressa, mais il ne voulut point, aller et il le bénit.
26 Et Absalom dit : Si tu ne viens pas, qu'Amnon mon frère vienne avec nous. Et le roi lui dit : Pourquoi irait-il avec toi ?
27 Et Absalom le pressa, et il laissa aller avec lui Amnon et tous les fils du roi.
28 Et Absalom donna des ordres à ses gens en disant : Soyez attentifs ! quand le cœur d'Amnon sera égayé par le vin et que je vous dirai : Frappez Amnon ! vous le tuerez. Ne craignez pas n'est-ce pas moi qui vous l'ai ordonné ? Soyez fermes et vaillants !
29 Et les gens d'Absalom firent à Amnon comme Absalom. l'avait ordonné ; et tous les fils du roi se levèrent, montèrent chacun sur sa mule et s'enfuirent.
30 Et comme ils étaient en chemin, le bruit parvint à David qu'Absalom avait tué tous les fils du roi et qu'il n'en était pas resté un seul.
31 Et le roi se leva, déchira ses vêtements et se coucha par terre ; et tous ses serviteurs se tenaient là, avec leurs habits déchirés.
32 Et Jonadab, fils de Siméa, frère de David, prit la parole et dit : Que mon seigneur ne pense point que tous les jeunes gens, fils du roi, ont été tués ; Amnon seul est mort ; car c'était une chose arrêtée chez Absalom, depuis le jour où il a fait violence à Thamar, sa sœur.
33 Et maintenant que le roi mon seigneur ne s'imagine pas que tous les fils du roi sont morts, car Amnon seul est mort.
34 Et Absalom prit la fuite. Et le jeune homme placé en sentinelle leva les yeux et regarda, et voici une troupe nombreuse arrivait par la route occidentale, du côté de la montagne.
35 Et Jonadab dit au roi : Voici les fils du roi qui viennent ! les choses sont arrivées comme ton serviteur l'a dit.
36 Et comme il achevait de parler, les fils du roi arrivèrent, et ils élevèrent la voix et pleurèrent ; et le roi aussi et tous ses serviteurs pleurèrent abondamment.
37 Et Absalom s'était enfui et était allé chez Thalmaï, fils d'Ammichur, roi de Guessur. Et David menait deuil sur son fils tous les jours.
38 Et Absalom s'était enfui, et il alla à Guessur et y fut trois ans.
39 Et le roi David renonça à poursuivre Absalom, parce qu'il s'était consolé de ce qu'Amnon était mort.



Romancero Gitano
Thamar y Amnón
de Federico García Lorca

Para Alfonso García-Valdecasas

La luna gira en el cielo
sobre las sierras sin agua
mientras el verano siembra
rumores de tigre y llama.
Por encima de los techos
nervios de metal sonaban.
Aire rizado venía
con los balidos de lana.
La sierra se ofrece llena
de heridas cicatrizadas,
o estremecida de agudos
cauterios de luces blancas.

Thamar estaba soñando
pájaros en su garganta
al son de panderos fríos
y cítaras enlunadas.
Su desnudo en el alero,
agudo norte de palma,
pide copos a su vientre
y granizo a sus espaldas.
Thamar estaba cantando
desnuda por la terraza.
Alrededor de sus pies,
cinco palomas heladas.
Amnón, delgado y concreto,
en la torre la miraba,
llenas las ingles de espuma
y oscilaciones la barba.
Su desnudo iluminado
se tendía en la terraza,
con un rumor entre dientes
de flecha recién clavada.
Amnón estaba mirando
la luna redonda y baja,
y vio en la luna los pechos
durísimos de su hermana.

Amnón a las tres y media
se tendió sobre la cama.
Toda la alcoba sufría
con sus ojos llenos de alas.
La luz, maciza, sepulta
pueblos en la arena parda,
o descubre transitorio
coral de rosas y dalias.
Linfa de pozo oprimida
brota silencio en las jarras.
En el musgo de los troncos
la cobra tendida canta.
Amnón gime por la tela
fresquísima de la cama.
Yedra del escalofrío
cubre su carne quemada.
Thamar entró silenciosa
en la alcoba silenciada,
color de vena y Danubio,
turbia de huellas lejanas.
Thamar, bórrame los ojos
con tu fija madrugada.
Mis hilos de sangre tejen
volantes sobre tu falda.
Déjame tranquila, hermano.
Son tus besos en mi espalda
avispas y vientecillos
en doble enjambre de flautas.
Thamar, en tus pechos altos
hay dos peces que me llaman,
y en las yemas de tus dedos
rumor de rosa encerrada.

Los cien caballos del rey
en el patio relinchaban.
Sol en cubos resistía
la delgadez de la parra.
Ya la coge del cabello,
ya la camisa le rasga.
Corales tibios dibujan
arroyos en rubio mapa.

Oh!, qué gritos se sentían
por encima de las casas!
Qué espesura de puñales
y túnicas desgarradas.
Por las escaleras tristes
esclavos suben y bajan.
Émbolos y muslos juegan
bajo las nubes paradas.
Alrededor de Thamar
gritan vírgenes gitanas
y otras recogen las gotas
de su flor martirizada.
Paños blancos enrojecen
en las alcobas cerradas.
Rumores de tibia aurora
pámpanos y peces cambian.

Violador enfurecido,
Amnón huye con su jaca.
Negros le dirigen flechas
en los muros y atalayas.
Y cuando los cuatro cascos
eran cuatro resonancias,
David con unas tijeras cortó
las cuerdas del arpa.