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L'adoration de la Trinité par Dürer (notre arc-en-ciel quotidien)

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Albrecht Dürer Adoration of the Trinity (1511)


                 Dürer maintient la tradition des mandorles et des arcs en ciels symboliques. Dans ses gravures  illustrant l’apocalypse : adoration de l’agneau pascal, les sept chandeliers, Saint Jean Baptiste mangeant son livre ;  et dans sa peinture : adoration de la Sainte Trinité . Cette œuvre est commandée en 1508 par Matthäus Landauer, un patricien de Nuremberg fondateur de la "Zwölfbrüderhaus », la maison des douze frères destinée à recueillir douze vieillards indigents dont la chapelle était dédiée au culte de la Sainte Trinité et de tous les Saints représentés sur le tableau en accord avec les conceptions augustiniennes de la Cité de Dieu après le Jugement Dernier.

    Dieu le père siège au centre assis sur un arc en ciel, en Majesté ; son fils Jésus Christ est sur la croix ; la colombe qui symbolise le Saint Esprit vole au dessus de la tête du premier. Ils sont entourés des cercles concentriques des fidèles, au cercle intérieur constitué de têtes d’anges ailées succède un cercle d’anges portant les instruments de la passion. A leur droite siègent les patriarches, les prophètes et les rois de l’ancien testament. On remarque en particulier Moïse et les tables de la loi, le roi David et sa harpe, saint Jean Baptiste. Symétriquement sur la gauche, sont groupés les vierges saintes et les martyrs, et l’on identifie Sainte Barbara et son calice, Sainte Catherine avec la roue et le sabre, Sainte Dorothée avec son panier de fleurs, Sainte Agnès avec un agneau, et la vierge Marie qui occupe une place analogue à celle de Saint Jean-Baptiste. Sur le rang inférieur, sous les intercédants, siègent les chrétiens qui ont subi le jugement dernier, distingués en deux groupes; les ecclésiastiques sont à gauche, les laïcs sont à droite.

    Le donateur, Matthaüs Landauer se trouve parmi les membres du clergé, entre un cardinal et un moine mendiant, vétu d’un manteau trimmed de fourrure. Son beau-fils, Wilhelm Haller, se trouve en position symétrique à droite parmi les laymen, vétu comme un prince en armure. Dans le paysage panoramique Dürer a inclu son propre portrait avec une tablette portant une inscription. Dürer applique ici la technique italienne, et non celle du tryptique gothique, le tableau et le cadre étant peint comme une seule unité. Les couleurs reproduisent la manière italienne que Dürer importa après ses séjours à Venise.