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La rhétorique du Webmestre (Les pyrosis d'Emilio Campari)

Sa plume trempée dans l'éthanol n'épargne personne et n'engage que lui

De notre correspondant spécial sur la planète Mars, Emilio Campari, le Samedi 5 Juillet 2008.

    Celà devait arriver ! à la suite d'un grave différent survenu au sujet de la qualité d'un picon-bière servi tiède dans le troquet où se réunissent religieusement toutes les fins d'après-midi le Webmestre et Emilio Campari, un restaurant végétarien intitulé à la Vache Folle et au Mouton qui Tremble, notre collaborateur transalpin s'en est violemment pris aux qualités rédactionnelles du Webmestre ; au nom d'un principe suranné, la liberté d'expression, il a réclamé le droit de s'exprimer dans ces colonnes sur le ton qu'il lui plairait. Le Webmestre ne peut que ployer devant une telle animosité et se réserve de réagir.

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Critique de la Rhétorique du caméléon de B. Kullmann

    Derrière la prétention du titre, cet ouvrage, comme les précédents que nous a infligé leur auteur, n’expose aucune thèse ; tout au plus quelques idées émergent au détour d’un chapitre, au passage d’un thème à l’autre ;  s’il en est des directrices, elles n’ont rien d’original , et l’auteur se garde bien de les exprimer clairement : en vrac, la présentation de l’histoire du savoir dont la République nous fait les héritiers, comme des parents indignes lèguent leurs dettes à leurs enfants, serait odieusement déformée ; l’humanisme ne serait pas une invention de la Renaissance mais après quinze siècles de scholastique stérile où chacun s’est évertué à recopier les sottises du précédent, la reprise à l’identique des problématiques greco-romaines ; en revanche l’idée de Renaissance serait une invention, ce que chacun le sait depuis Burckardt, mais ce phantasme aurait pris une consistance aussi solide que la conviction que la révolution française a apporté la liberté aux peuples du monde entier ;  l’encyclopédie de Diderot et d’Alembert, serait un tissu d’âneries dans le domaine que prétend pratiquer l’auteur, celui des sciences de la vie ; non pas au regard rétrospectif que l’on pourrait jeter trivialement aujourd’hui sur le savoir du milieu du XVIIIème siècle, mais en respect des théories qui déjà existaient depuis des lustres lors de sa rédaction ; nous ne baignerions pas dans un univers judéo-chrétien mais judéo-greco-romano-chrétien, et le dogme chrétien serait sans cesse remis en question, soit frontalement par les hérésies que leurs fomentateurs payent de leur vie, soit latéralement par des moyens un peu moins risqués comme des traités philosophiques ou scientifiques dont le permis d’imprimer sera obtenu au prix d’une habile rhétorique, d’une préface humble et protestant de sa bonne foi et de quelques précautions oratoires ; soit encore souterrainement par le biais des productions artistiques, en particulier picturales ; le savoir ne basculerait pas d’un coup en bloc mais s’effriterait et se replâtrerait à la petite semaine ; coexisteraient en quasi-permanence des théories opposées que la pensée dominante ne s’efforcerait pas systématiquement de dissimuler ; il existerait une concurrence de tous les instants entre les idées, reposant sur la compétition entre ceux qui les émettent ; la rhétorique des idées en matière de sciences obéirait à certaines lois, certaines idées fausses s’avérant les meilleures alliées de théories justes suffiraient à les imposer ;  le moteur de l’évolution du savoir ne serait  pas la dialectique, mais le bricolage de propositions qui fonctionnent mieux que les autres et l’emportent, suscitant dès leur apparition l’émergence d’autres théories qui le plus souvent se bornent à inverser les propositions initiales ; ces idées seraient aboutées, exprimées, véhiculées, transformées, malentendues ou enrichies par des cervelles, et le cerveau ne serait certes pas le miroir du monde, mais le monde tel qu’on peut le lire, le rêver ou le présenter serait le produit d’une cervelle. 

    Monsieur Kullmann décrit l’histoire de son caméléon avec le style d’un commentateur sportif rapportant un match de foot-ball en faisant plus cas des tirages de maillots et des simulations des joueurs, des erreurs d’arbitrage et des pots de vins versés au gardien de but, que de la partie elle-même. D’un sujet en or, il a réussi à tirer une contre-façon dont  ne voudrait même pas un receleur du marché de Vintimille. On remarquera l’homologie parfaite entre le chaos qui règne en maître dans ce fatras embrouillé de paragraphes décousus dont Monsieur Kullmann voudrait qu’il méritât le nom de livre, et la pensée brouillone qui l’a péniblement mis en forme. Espérons que ce monsieur qui se prétend docteur soigne mieux ses patients que ses lecteurs ? Nous ne saurions pour notre part, considérant la migraine qui a résulté du déchiffrage de cette cacophonie mentale,  lui rédiger d’autre ordonnance que de ranger sa plume, de retourner au plus vite à son sthétoscope, et de laisser l’ausculation de l’histoire des sciences à plus avisé que lui.