Musées Royaux des Beaux-Arts de Bruxelles (Musées du monde)
Musées Royaux des Beaux-Arts de Bruxelles
Pieter Bruegel the Elder, Landscape with the Fall of Icarus c. 1558. Oil on canvas, wood-mounted (73.5 x 112 cm) Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, Brussels
About suffering they were never wrong, The Old Masters; how well, they understood Its human position; how it takes place While someone else is eating or opening a window or just walking dully along; How, when the aged are reverently, passionately waiting For the miraculous birth, there always must be Children who did not specially want it to happen, skating On a pond at the edge of the wood: They never forgot That even the dreadful martyrdom must run its course Anyhow in a corner, some untidy spot Where the dogs go on with their doggy life and the torturer's horse Scratches its innocent behind on a tree. In Breughel's Icarus, for instance: how everything turns away Quite leisurely from the disaster; the ploughman may Have heard the splash, the forsaken cry, But for him it was not an important failure; the sun shone As it had to on the white legs disappearing into the green Water; and the expensive delicate ship that must have seen Something amazing, a boy falling out of the sky, had somewhere to get to and sailed calmly on.
W. H. Auden “Musée des Beaux Arts” (1938)
Au sujet de la souffrance ils ne se sont jamais trompés, Les Maîtres Anciens ; ils ont si bien compris Sa position humaine ; comment elle se déroule Pendant que quelqu'un mange, ouvre une fenêtre, ou tout simplement marche sans but ; Comment, quand les personnes âgées attendent avec respect et passion La naissance miraculeuse, il doit toujours se trouver Des enfants qui ne tiennent pas spécialement à ce que celà survienne, patinant Sur un étang à l'orée d'un bois ; Ils n'oublient jamais Que l'épouvantable martyre doit suivre son cours Alors que dans un coin, d'une touche incongrue, Les chiens mènent leur vie de chien Et le cheval du tortionnaire gratte sa croupe innocente contre un arbre Dans l'Icare de Brueghel, par exemple : comment tout se détourne Assez agréablement de la catastrophe, le laboureur pourrait Avoir entendu le choc, le cri abandonné, Mais pour lui ce n'était pas une chute importante, le soleil a luit comme il le devait sur les jambes blanches disparaissant dans l'eau verte, Et le navire luxueux et raffiné qui a du apercevoir quelque chose d'étonnant, un garçon tombant du ciel, avait une destination à atteindre et a vogué tranquillement vers elle.
Ailleurs un mouvement d'un tableau vers la musique, puis de la musique vers un tableau, m'a inspiré une conférence sur le mythe de l'âme slave. Voici un aller-retour pendulaire qui parti d'Ovide, décrivant le mythe d'Icare dans ses Métamorphoses (Met. 8.183-235 ), atteint Brueghel, dont la chute d'Icare est un exemple remarquable de déplacement du sujet annoncé par le titre au second plan - procédé usé jusqu'à la corde, on se reportera à notre commentaire sur Moïse frappant le rocher des musées de Montréal et d'Athènes - pour revenir dans les rets de Wystan Hugh Auden (1907–1973), qui commente le tableau de Brueghel. L'Ekphrasis, la description d'une oeuvre d'art par un texte, est une pratique littéraire fort ancienne, remontant aux Imagines de Philostrate et à l'Histoire Naturelle de Pline témoignant des peintures de Zeuxis. Comment nommer le procédé qui transforme la musique en peinture, la peinture en musique ? Chute d'Icare de la Maison du Prêtre Amandus à Pompéi.