Neuroland-Art

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Musée d'art cycladique, exposition temporaire (Musées du monde)

Musée d'Art Cycladique d'Athènes

II - Exposition temporaire :

Du Titien à Pietro da Cortona :
le mythe, la poésie et le sacré


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Le Titien, la flagellation du Christ

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Titien Bacchus et Ariadne 1520-1523 National Gallery Londres

    Côte à côte, deux copies de la version originale du Titien de Bacchus et Ariadne exposée à la National Gallery de Londres : l'une de Pietro da Cortona, l'autre d'Alessandro Varotari (1588-1648).

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Pietro da Cortona Le triomphe de Bacchus 1523

    La scène est centrée sur l'un des personnages les plus mystérieux de la composition - un enfant satyre - trainant au bout d'une ficelle la tête d'un daim dont un cuissot est brandi par l'un de ses congénères ; ce personnage, est l'objet d'une variation très particulière entre les deux copies, beaucoup plus chargée de sens que la variation concernant les personnages du second plan à droite ( Silène sur son âne ) : si Alessandro Varotari à fidèlement copié le maître Titien, Pietro da Cortona a transformé ce petit personnage en enfant noir.

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Annibale Carracci   (1560-1609) Le triomphe de Bacchus et Ariane Gallerie Farnese détail



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Rubens et atelier Silène Ivre, 1611–1615
Gemäldegalerie der Akademie der bildenden Künste in Wien, Vienna





    Entre 1520-23 Titien peint Bacchus et Ariane, parmi une série d'oeuvres mythologiques du Studiolo dit la Camerini d'Alabastro dans le château du duc Alfonso d'Este, duc de Ferrare. Lequel recruta les peintres vénitiens Bellini et Titien ainsi qu'au ferrarais Dosso Dossi. Avait-il connaissance de la relation des peintures de Polygnotus de Delphe par Pausanias dans sa Description de la Grèce (
Book 10.xxv.1 & ff.,) - en particulier le portrait d'Ariadne de la Lesche de Cnide : “Vous voyez une peinture d'Ariadne. Assise sur un rocher, elle regarde sa soeur Phaedra. Ariadne avait été arrachée à Thésée par Dionysos, qui l'emporta avec des forces supérieures, et soit tomba sur Ariadne par hasard, soit monta une embuscade pour l'enlever. Dionysos fut à mon avis le premier à envahir l'Inde".

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Bacchus de retour d'Inde, Mosaïque de Sousse, Tunisie

    Et c'est un Dionysos-Bacchus de retour des Indes qui, accompagné par les Ménades asiatiques, bondit de son char tiré par deux panthères - en fait deux guépards - censées être des tigres du Bengale par exemple. En direction d'Ariane, qui tend la main vers Thésée ; au dessus d'elle une couronne d'étoiles forme la constellation qui assurera son immortalité.

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   Pausanias dans un autre passage [Livre 20. xx. 3-4] signale les fresques du temple de Dionysus Eleuthereus à Athenes : Pentheus et Lycurgos payant le prix de leur insolence envers Dionysos, Ariadne endormie, Thésée s'éloignant en mer, Dionysos arrivant à Naxos pour enlever Ariadne. Ici l'on voit le troyen Laocoon, prêtre d'Apollon, qui commit le sacrilège de s'unir avec sa femme devant la statue du dieu. Laocoon s'apprêtait à immoler un taureau à Poseidon, afin d'obtenir que les tempêtes engloutissent les vaisseaux grecs s'éloignant de Troie, deux énormes
serpents ( la fureur des Ménades ) surgis des flots étouffèrent Laocoon et ses deux fils (Virgile, Enéide, II, 199 sqq.).



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Dosso Dossi Bacchus d'après Titien, Bacchus et Ariadne


Apollodore, La Bibliothèque
traduction Etienne Clavier

Bacchus ayant découvert la vigne, Junon le rendit furieux, et il parcourut dans cet état l’Égypte et la Syrie. Il fut d’abord reçu par Protée, roi d’Égypte. Il se rendit ensuite à Cybèles dans la Phrygie ; il fut purifié par Rhéa, qui lui enseigna la célébration des mystères. Il reçut d’elle la robe longue, et pris son chemin par la Thrace pour aller dans l’Inde. Lycurgue, fils de Dryas, et roi des Edones, qui habitent près du fleuve Strymon, fut le premier qui le chassa de son pays après l’avoir outragé. Bacchus se réfugia dans la mer, auprès de Thétis, fille de Nérée ; les Bacchantes et les Satyres qui marchoient à sa suite furent faits prisonniers. Les Bacchantes furent bientôt délivrées d’une manière soudaine, parce que Bacchus rendit Lycurgue furieux ; celui-ci, dans sa fureur, tua Dryas son fils d’un coup de cognée, croyant couper un cep de vigne. Lui ayant ensuite coupé les extrémités des pieds et des mains, il recouvra son bon sens. Mais la terre restant sans produire, le dieu prédit qu’elle ne reprendroit sa fertilité, que lorsqu’on auroit mis Lycurgue à mort. Les Edones apprenant cela, le lièrent, le conduisirent vers le Mont Pangée, et les firent écarteler par des chevaux, conformément aux ordres de Bacchus.
Il parcourut ensuite la Thrace et l’Inde, et ayant posé des colonnes dans ce dernier pays, il se rendit à Thèbes, et força les femmes de cette ville à abandonner leurs maisons, pour aller courir en Bacchantes sur le Mont Cithæron.
[2] Penthée, fils d’Echion et d’Agavé, qui avoit succédé à Cadmus sur le trône, voulut les retenir, et alla lui-même sur le Mont Cithæron, pour voir ce qu’elles y faisoient ; il y fut mis en pièce par Agavé sa mère, qui le prit pour une bête féroce. Bacchus ayant ainsi fait connoître sa divinité aux Thébains, alla à Argos, et comme les Argiens lui refusoient les honneurs divins, il rendit toutes leurs femmes furieuses, de manière que s’enfuyant dans les montagnes, avec leurs enfans à la mamelle, elles les dévoroient elles-mêmes.
[3] Voulant ensuite passer d’Icarie à Naxos, il loua une trirème appartenant à des corsaires Tyrrhéniens. Ceux-ci l’ayant embarqué, laissèrent Naxos de côté, et dirigèrent leur route vers l’Asie, dans l’intention de l’y vendre. S’étant aperçu de leur projet, il changea le mât et les rames en serpens, remplit le vaisseau de lierre, et y fit entendre le son des flûtes. Les corsaires devenus furieux se précipitèrent dans la mer, où ils furent changés en dauphins. Sa divinité étant démontrée par tous ces prodiges, les hommes lui rendirent les honneurs divins. Il ramena ensuite sa mère des enfers, lui donna le nom de Thyoné, et monta au ciel avec elle.
[4] Cadmus e t Harmonie Ayant abandonné Thèbes, se retirèrent chez les Enchéléens, qui étoient alors en guerre avec les Illyriens ; l’Oracle leur ayant prédit la victoire, s’ils prennoient Cadmus et harmonie pour leurs chefs, ils suivirent ce conseil, leur donnèrent le commandement de leur armée, et vainquirent les Illyriens. Cadmus régna sur ces derniers, et eut un fils qu’il nomma Illyrius. Ils furent ensuite, lui et sa femme Harmonie, changés en serpens, et les dieux les placèrent aux Champs Élysées.
[5] Polydore étant devenu roi de Thèbes, épousa Nyctéis fille de Nyctée, fils de Chthonius ; il en eut un fils nommé Labdacus, qui périt après Penthée, et qui pensoit à peu près comme lui. Labdacus ayant laissé un fils d’un an, nommé Laïus, Lycus frère de Nyctée, s’empara du trône, tandis qu’il étoit encore enfant. Ces deux frères ayant été exilés de l’Eubée, pour avoir tué Phlégyas, fils de Mars et de Dôtis la Béotienne, s’étoient retirés à Hyrie, et avoient été reçus citoyens de Thèbes à cause de leurs liaisons avec Penthée. Lycus ayant été nommé Polémarque par les Thébains, s’empara du trône, et après avoir régné vingt ans, fut tué par Amphion et Zéthus : voici quelle fut la cause de sa mort. Nyctée avoit une fille nommée Antiope, qui avec Jupiter avoit eu commerce. Devenue enceinte, et effrayée par les menaces de son père, elle s’enfuit à Sicyone, vers Epopée, qui l’épousa. Nyctée se tua de chagrin, et recommanda en mourant à Lycus de tirer vengeance d’Epopée et d’Antiope. Lycus ayant marché contre Sicyone, s’en empara, tua Epopée, et emmena Antiope captive. Elle accoucha en route, à Eleuthères en Bœotie, de deux enfans ; un bouvier les ayant trouvés, les éleva, en nomma un Zéthus, l’autre Amphion. Zéthus prenoit soin des troupeaux de bœufs, et Amphion ayant reçu une lyre de Mercure, se livroit à la musique. Lycus et sa femme Dircé, faisoient éprouver toutes sortes de mauvais traitement à Antiope qu’ils tenoient enfermée. Ses chaînes étant tombées spontanément, elle s’enfuit sans qu’on s’en aperçut, se rendit à l’étable où étoit ses deux fils, et les pria de la recevoir. Ceux-ci l’ayant reconnue pour leur mère, tuèrent Lycus, attachèrent Dircé par les cheveux à la queue d’un taureau, et la jetèrent lorsqu’elle fut morte dans une fontaine, qui prit son nom. Ils s’emparèrent ensuite de l’empire, et entourèrent la ville de murs, les pierres venant d’elles-mêmes se mettre à leur place aux sons de la lyre d’Amphion. Ils chassèrent Laïus, qui alla demeurer dans le Péloponnèse ; il y reçut l’hospitalité de Pélops, ce qui ne l’empêcha pas d’enlever Chrysippe son fils, dont il étoit devenu amoureux, en lui apprenant à conduire un char.
[6] Zéthus épousa Thèbe, et donna son nom à la ville. Amphion épousa Niobé fille de Tantale, dont il eut sept fils ; Sipylus, Minytus, Isménus, Damasichton, Agénor, Phædimus et Tantale ; et autant de filles, Ethodæa, que d’autres nomment Neæra ; Cléodoxe, Astioché, Phthie, Pélopie, Astycratie et Ogygie. Il eut, suivant Hésiode, dix fils et dix filles ; suivant Hérodote, deux fils et trois filles ; et suivant Homère, six fils et six filles. Fière d’une aussi belle famille, Niobé se vanta d’être plus féconde que Latone. La déesse indignée, anima ses enfans contre elle : Diane tua à coups de flèche toutes ses filles dans leur propre maison ; et Apollon tua les fils lorsqu’ils étoient à la chasse sur le Mont Cithæron. Il ne resta de tous les garçons qu’Amphion, et de toutes les filles que Chloris, l’aînée de toutes, que Nélée épousa. Cependant, suivant Télésille, Amycla et Mélibée furent épargnées, mais Apollon et Diane tuèrent à coups de flèche Amphion et Zéthus. Niobé abandonna Thèbes, et se retira à Sipyle auprès de Tantale son père ; Jupiter, à sa prière, la changea en pierre, et cette pierre verse des larmes nuit et jour.
[7] Laïus monta sur le trône après la mort d’Amphion, et épousa la fille de Ménœcée, nommée par les uns Jocaste, et Epicaste par d’autres. Apollon lui avoit conseillé de ne point avoir d’enfans, parce que s’il en avoit un, il seroit tué par lui. Mais Laïus s’étant enivré coucha avec sa femme ; un enfant en étant provenu, il lui perça les pieds avec des aiguilles, et le donna à un berger pour l’exposer. Le berger l’exposa sur le Mont Cithæron. Les bouviers de Polybe, roi de Corinthe, ayant trouvé cet enfant, le portèrent à Péribée sa femme ; elle le fit passer pour le sien, lui guérit les pieds, et le nomma Œdipe, parce qu’il avoit les pieds enflés lorsqu’on le lui avoit apporté. Lorsqu’il fut grand, sa force le faisoit distinguer parmi tous ses égaux, qui par jalousie l’appeloient bâtard. Œdipe ayant questionné Péribée, et n’ayant rien pu savoir d’elle, alla à Delphes pour apprendre de l’oracle le nom de ses parens. Le dieu lui dit de ne point aller dans sa patrie, qu’il y turoit son père, et qu’il coucheroit avec sa mère. D’après cet oracle, il s’éloigna de Corinthe, se croyant fils de ceux qui le reconnoissoient pour tel. Passant sur son char à travers la Phocide, il rencontra dans un chemin étroit un char sur lequel étoient Laïus, et Polyphonte son héraut. Laïus lui ayant ordonné de lui céder le passage, et sur son refus et sa lenteur à se retirer, ayant tué un de ses chevaux, Œdipe indigné le tua ainsi que Polyphonte, et se rendit à Thèbes.
[8] Damasistrate, roi des Platæens, donna sépulture à Laïus, et Créon fils de Ménœcée, monta sur le trône de Thèbes. Cette ville fut affligée sous son règne d’une grande calamité ; Junon leur envoya le Sphinx, monstre né de Typhon et de l’Echidne, qui avoit le visage d’une femme, le reste du corps d’un lion, et des ailes d’oiseau. Il se posa sur le Mont Phicée, et là, il proposoit aux Thébains une énigme qu’il avoit apprise des Muses, et qui consistoit à savoir, quel est l’animal qui n’a qu’une voix, et qui d’abord quadrupède, devient successivement bipède et tripède ? L’oracle l’ayant prédit aux Thébains qu’ils ne seroient délivrés du Sphinx, que lorsqu’on auroit deviné l’énigme, ils se rassemblèrent plusieurs fois pour en chercher l’explication ; et comme ils ne la trouvoient pas, le Sphinx en enlevoit à chaque fois un, et le dévoroit ; il en avoit déjà fait périr plusieurs, et en dernier lieu Hæmon, fils de Créon. Alors Créon fit publier qu’il donneroit le royaume et la veuve de Laïus à celui qui devineroit l’énigme. Œdipe se présenta et l’expliqua, en disant que l’animal dont parloit le Sphinx, étoit l’homme, qui est quadrupède en naissant, puisqu’il se traîne sur ses pieds et sur ses mains ; parvenu à l’âge viril, il est bipède ; il est enfin tripède, lorsque devenu vieux, il est obligé de prendre un bâton pour se soutenir. La Sphinx se précipita alors du haut de la citadelle ; Œdipe monta sur le trône, et épousa sa mère sans la connoître. Il eut d’elle deux fils, Polynice et Étéocles, et deux filles, Ismène et Antigone. D’autres disent qu’il avoit eu ces enfans d’Euryganie dille d’Hyperphas.
[9] Ce qui étoit caché ayant été découvert par la suite, Jocaste se pendit de désespoir ; Œdipe s’étant arraché les yeux, fut chassé de Thèbes, dont il sortit en donnant sa malédiction à ses fils, qui le voyoient chasser ainsi sans prendre sa défense. Arrivé avec Antigone à Colone, bourg de l’Attique, où est l’enceinte consacrée aux Euménides, il s’y assit comme suppliant, y fut accueilli par Thésée, et mourut bientôt après.


Il existe une copie tardive du Baccus et Ariane du Titien par Colin, exposée au Louvre :

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Antoine Le Nain (1588-1648) Bacchus et Ariane

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Jean-François de Troy (1679-1752) Bacchus et Ariane 1717

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Antoine Coypel (1661-1722) Bacchus et Ariane sur l'île de Naxos

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Antoine Carracci Le triomphe de Bacchus

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