Neuroland-Art

http://www.bkneuroland.fr/

Uniforme (Les pyrosis d'Emilio Campari)

 Sa plume trempée dans l'éthanol n'épargne personne et n'engage que lui

de notre correspondant spécial à Alcatraz, Emilio Campari, le 22 I 2009,


Cette semaine : l'uniforme à l'école

   
    Sur l’uniforme à l’école : d’un côté, les puritains comme moi en seront partisan car ils détestent les nouveaux riches, l’ostentation, la mode et ses promoteurs, et sentimentalement affectés par le syndrôme de Michka versent furtivement une larme en pensant au petit fils de pauvre qui regarde les souliers neufs et le volumineux goûter du petit gosse de riche. De l’autre, les militants de la gauche bien pensante voteront contre, car quoi de plus motivant pour un futur membre de leur parti qu’une enfance bafouée, nourrie de ressentiment à l’égard de plus nanti que soi ? C’est l’une des mille raisons pour lesquelles votre Ségolène est détestée dans son propre parti : les militants sentent d’instinct qu’elle est fondamentalement nulle, qu’elle n’a rien compris à la stratégie profonde de la gauche : transformer la haine naturelle et particulière qu’un enfant deshérité devrait porter à ses géniteurs en ressentiment culturel et général à l’égard de ceux qui ont les moyens d’élever leur progéniture dans l’aisance sinon dans l’opulence. Et le ressentiment, la passion populaire par excellence, ne peut apparaître que si l’envie peut s’exercer. Vous doutez que ce raisonnement ait été concocté à jeun ? Voici une citation de Gérard Aschieri, secrétaire général de la Fédération syndicale unitaire : Ce n'est pas en occultant les différences sociales qu'on les fera disparaître. (...) Suit l’appel grotesque à l’expérience vécue de l’enseignant de terrain : “ J'ai testé l'idée auprès de mes élèves de BTS. La réaction a été unanime : un grand cri d'horreur ! Ils ressentent toute idée de blouse ou d'uniforme, quel qu'il soit, comme profondément contraire à leur culture et à leur vécu. L'une de mes étudiantes m'a même dit que, dans de telles conditions, elle préférerait arrêter ses études”. Grand cri d’horreur, c’est vrai que le port de l’uniforme c’est comme ne pas aller voir le dernier concert du chanteur débile à la mode ; la réaction à chaud d’un groupe d’adolescentes est le parangon de la garantie d’une réflexion individuelle sur la question, d’un recul, d’une maturité. La référence au vécu, à la culture du même groupe laisse songeur, comme le vide peut laisser perplexe. Et l’arrêt des études au motif que l’on porterait un uniforme est un argument qui doit dorénavant peser dans la conscience des législateurs.