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14/05/08 Conférence Benoit Kullmann : actualités Parkinson 2008 Café des Arts place Yves Klein Nice 06000 29/05/08 Conférence Jean-Luc Delut : la musique du XIXème siècle : Beethoven 4Bd de Cimiez le Majestic NICE 06000 30/05/08 Conférence Pierre Lemarquis : Musique et Alzheimer Hôpital de Cimiez Nice 06000 14/06/08 Conférence Benoit Kullmann : Paramnésie reduplicative ( Magritte et la neurologie) 15/09/08 Conférences Benoit Kullmann : le concept de maladie neurodégénérative ; la paralysie supranucléaire progressive, naissance et démembrement ; le neurologue, entre dégénérescence cortico-basale et syndrôme cortico-basal : IUGM, Montréal 9H-12h 17/09/08 Conférence Pierre Lemarquis : la cognition motrice à travers l'exemple de Glenn Gould Centre des Sciences de Montreal 22/09/08 Conférences Benoit Kullmann : les démences fronto-temporales ; la chorée de Huntington IUGM, Montréal 9H-12h 23/09/08 Conférences Benoit Kullmann : la démence à corps de Lewy ; les atrophies multi-systémiques ; le neurologue et l'hystérie IUGM, Montréal 9H-12h 2/10/08 Conférence Benoit Kullmann : la neurologie au féminin 21/10/08 Conférence Jean-Luc Delut : la musique du XIXème siècle : Schubert 25/10/08 Conférence Pierre Lemarquis : Musique et Dopamine 2nd World Congress on Controversies in Neurology Athènes 20/11/08 Conférence Benoit Kullmann : variations sur la maladie d'Alzheimer I 12/12/08 Conférence Pierre Lemarquis : De Jean-Sébastien Bach à la Télécommande cérébrale CVCI 13/12/08 Conférence Benoit Kullmann : le sens de la douleur ; Apollon et Marsyas 05/02/09 Conférence Jean-Luc Delut : De Jean-Sébastien Bach à la Télécommande cérébrale CVCI 07/02/09 Conférence Pierre Lemarquis : Musique et Alzheimer 18/04/09 Conférence Benoit Kullmann : Inhibition et créativité 12/05/09 Conférence Michel Borg : Actualités de la maladie de Parkinson 12/05/09 Conférence Benoit Kullmann : Peinture et dopamine 12/05/09 Conférence Pierre Lemarquis : Musique et dopamine 13/06/09 Conférence Benoit Kullmann : de la chéloniophilie 20/06/09 Conférence Benoit Kullmann : Paul Richer et l'environnement artistique de Charcot 04/07/09 Concert Francine Guillouët - De Salvador : Schubert 04/07/09 Conférence Jean-Luc Delut : Schubert 08/07/09 Conférence Oury Monchi : Neuroimagerie fonctionnelle des connexions fronto-striatales : Neuroimaging studies in Parkinson¹s disease. Centre Hospitalier Princesse Grace, Monaco 17 H 09/09/09 Conférence Benoit Kullmann : Fiat Lux : de la musique des sphères aux couleurs de l'arc-en-ciel Dusseldorf 09/09/09 Conférence Pierre Lemarquis : Lux Fiat : Et la lumière fut: "J.S.Bach, du cerveau bien tempéré à la théorie du chaos : cerveau, musique et mathématiques Dusseldorf 19/09/09 Conférence Benoit Kullmann : Magritte et la mémoire 08/10/09 Conférence Benoit Kullmann : l'image, entre virtuel et actuel C.U.M 21 H 26/11/09 Conférence Benoit Kullmann : L'esprit faux : du cerveau des facultés au cerveau des catégories 01/12/09 Conférence Michel Borg : Parkinson et dépression 01/12/09 Conférence Benoit Kullmann : l'art et le prosélytisme de la dépression 03/12/09 Conférence Jean-Luc Delut : Bach III ; rhétorique de la musique 05/12/09 Conférence Philippe Barrès : le What et le Where 05/12/09 Conférence Sandrine Louchart de la Chapelle : mémoires et émotions : « Une nouvelle dimension de la mémoire humaine » 08/12/09 Conférence Benoit Kullmann : douleur et théorie de l'esprit 09/12/09 Conférence Bruno Lussiez : anatomie de la crucifixion (association ARD, invitation du Dr Haiel Alchaar, fondateur) 09/12/09 Conférence Benoit Kullmann : de la poétique à la politique de la douleur (association ARD, invitation du Dr Haiel Alchaar, fondateur) xx/12/09 Conférence Benoit Kullmann : le cerveau est-il une machine ? 16/01/10 Conférence Benoit Kullmann : le regard et l'image mentale 27/02/10 Conférence Pierre Lemarquis : Sérénade pour un cerveau musicien : plasticité neuronale 27/02/10 Conférence Benoit Kullmann : L'esprit faux : un cerveau en matière plastique ? 06/03/10 Conférence Benoit Kullmann : la construction du cerveau, I : de la Vanité à la Prétention, Ajaccio, Corse 25/03/10 Conférence Benoit Kullmann : les démences de type Alzheimer : actualisation des concepts, actualité thérapeutique 10-17/04/10 Conférence Benoit Kullmann : le concept de maladie neurodégénératives : nouvelles perspectives Montréal 10-17/04/10 Conférence Benoit Kullmann : un neurologue en visite au musée de Montréal 24/04/10 Conférence Pierre Lemarquis : Sérénade pour un cerveau musicien, Nice 24/04/10 Conférence Philippe Barrès : Alzheimer et musique Nice 24/04/10 Conférence Michel Borg , D. Bellevy : maladie de Parkinson, voix et chant Nice 24/04/10 Conférence Jean-Luc Delut : psychanalyse de la musique Nice 24/04/10 Conférence Dominique Pringuet : Blues et dépression Nice 24/04/10 Conférence Benoit Kullmann : Les dysprosodies, Nice 5/06/10 Conférence Benoit Kullmann : (ombres au tableau) I renaissance et seconde mort de l'ombre II la naissance de la peinture Séville III contours : le regard en action 18/06/10 Conférence Benoit Kullmann : un fantôme dans le Tableau Neurologique Nîmes 29/06/10 Conférence Benoit Kullmann : les démences de type Alzheimer, Nice 5.07.2010 Conférence Benoit Kullmann : la maladie d'Alzheimer : du mythe à la mystification, Nice 09/09/10 Conférence Pierre Lemarquis : Sérénade pour un cerveau musicien, Mouans Sartoux 11/09/10 Conférence Benoit Kullmann : Le concept de maladie dégénérative (short version) Saint Paul 2.10.2010 Conférence Benoit Kullmann : un cauchemar cognitiviste, Nice 9.11.2010 Conférence Benoit Kullmann : actualité du problème XXX du pseudo-Aristote, Cannes 16.11.2010 Conférence Benoit Kullmann : le concept de maladie neuro-dégénérative (version longue), Nice 9.12.2010 Conférence Benoit Kullmann : l'attention, au delà du symptôme, Paris 13.01.2011 Conférence Benoit Kullmann : Les complications neurologiques du diabète Nice 15.01.2011 Conférence Philippe Barrès: Croyance et Savoir Nice 15.01.2011 Conférence Michel Benoît: Croyance et Suicide Nice 15.01.2011 Conférence Michel Borg : Vrai et Faux mouvements anormaux chez les personnes célèbres Nice 15.01.2011 Conférence Dominique Pringuey : Croyance et Délire Nice 15.01.2011 Conférence Saïd Bensakel: Croyances au cinéma : Diables et Démons Nice 15.01.2011 Conférence Benoit Kullmann : L'incrédulité Nice 28.01.2011 Conférence Philippe Barrès : Troubles précoces du Langage et de la communication Marseille 28.01.2011 Conférence Pierre Bonhomme : Que reste-t-il du syndrome psycho-organique de Bleuler ? Marseille 29.01.2011 Conférence Benoit Kullmann : Préhistoire de la démence Marseille .2011 Conférence Benoit Kullmann : Hommes au bord de la crise de nerf facial Nice 17.II.2011 Conférence Benoit Kullmann : Le concept de maladie dégénérative (very short version) Nice 19.II.2011 Conférence Pierre Lemarquis : aimer Jeff Koons est-il un signe de Maladie d’Alzheimer ? La Celle Conférence Le cerveau des Jésuites revisité I et II Fascination et Sidération La Celle le 19.II.2011 Conférence Le concept de maladie dégénérative (long version) Monaco le 23.III.2011 Conférence Sexe, Grogs and Bacchanal's Bordeaux le 26.III.2011 Conférence Synesthésies Nice le 5.IV.2011 Conférence Le concept de maladie dégénérative (very short version) Nice le 14.IV.2011 Nice Conférence Crise, lorsque les corps, la nature et les sociétés se répondent Nice le 15.IV.2011 Nice Conférence La part du rêve le 7.V.2011 Nice Conférence Jean-Martin Charcot and Paul Richer: Building a bridge between neurology and art. Copenhague le 14.V.2011 Conférence La neurothéologie : comment les neurosciences ont-elles accommodé la théologie le 21.V.2011 Conférence Le cerveau des philosophes : l'École d'Athènes le 23.V.2011 Conférence Expressions de la douleur le 22.VI.2011 Nice Conférence Renoir et la polyarthrite le 25.VI.2011 Cagnes sur mer Conférence Tchaïkowsky : variations sur le thème de l'âme slave le 10.VIII.2011 Santa Reparata, Corse Conférence Approche phénoménologique et anthropologique de la fibromyalgie le 18.IX.2011 Nice Conférence Jean-Martin Charcot and Paul Richer: Building a bridge between neurology and art. Budapest le 24.IX.2011 Conférence Peindre l'altération de la familiarité le 1.X.2011 Monaco (podcast youtube) Conférence Vingt neuf ans après le 1.X.2011 Mougins Conférence consignes d'approche de la méthode phénoménologique le 6.X.2011 Nice Conférence Des passions aux émotions le 7.X.2011 Bordeaux Conférence L'hystérie, fin XIXe siècle le 8.X.2011 Cannes Conférence Lost in Temptations (À la recherche des Tentations perdues de Saint Antoine) Amsterdam, le 22.X.2011 Communication Contribution de Raphaël à l'iconographie épileptologique le 12.XI.2011 Bordeaux Conférence La douleur sur le champ de bataille (Charles Bell, de la douleur au douloureux) 17.XI.2011 Congrès Franco-Maghrébin Nice Conférence Magritte, un peintre neurologique 18.XI.2011 San Remo Conférence Des passions aux émotions : le point de vue du peintre et celui du musicien 19.XI.2011 San Remo Conférence Fibromyalgie le 25.XI.2011 Nice Conférence Fatigue (la naturalisation de la fatigue) le 3.XII.2011 Strasbourg Conférence Narcisse, Echo et le mythe des neurones miroirs le 16.XII.2011 Nice Mamac Cercle Castellion Conférence Neurosciences et liberté le 13.I.2012 Café Philo La Colle sur Loup Conférence Le souffroir le 26.I.2012 Nice D.U. Phénoménologie Conférence Conscience et hallucination (Les hallucinations dans la maladie d'Alzheimer) le 27.I.2012 Congrès du G.R.A.L Marseille Conférence la Volonté, une faculté sans domicile fixe le 4.II.2012 Nice XIVe Journée Neuro-Psychiatrique Conférence L'arc-en-ciel nationaliste Abbaye de la Celle le 18.II.2012 Conférence La douleur et la mémoire Nice le 23.II.2012 Association A.R.D. Conférence Illustration de quelques pathologies neurologiques dans la peinture Majorque le 25.III.2012 Conférence D'une Leçon à l'autre, une théorie de l'imitation fin XIXe Nice le 5.IV.2012 Journées Nationales de Neurologie de Langue Française Conférence Le rêve Nice le 6.IV.2012 Cannes, Université inter-âges Conférence Edgar Poe, la philosophie de l'ameublement le 14.IV.2012 Monaco Conférence Actualité sur les syndromes parkinsoniens 3.V.2012 Nice Conférence le 12.V.2012, Les noces arrangées du génie et de la folie Saint-Tropez Conférence le 13.V.2012, Enquête sur Edgar Poe : travaux pratique sur les liens du génie et de la folie Saint-Tropez Conférence le 22.VI.2012, Le danger Porto Fino Communication le 6.VII.2012 ambigüité de l'expression faciale ; à propos d'une oeuvre de James Ensor Conférence le 7.VIII.2012 De la musique des sphères aux couleurs de l'arc-en-ciel Festival Musica Classica, Santa Reparata di Balagna Conférence le 29.IX.2012 Les disconnections expérimentales Maison du séminaire, Nice Conférence le 23.X.2012 Art et Parkinson : Beckett, Giacometti, l'immobilité, Nice Conférence le 15.XI.2012 Le souffroir Société de Phénoménologie Clinique et de Daseinsanalyse de Nice Conférence Better no brain than bad brain Conférence le 1.XII.2012, Magritte et la sémiotique : un peintre neurologique Nice Conférence le 16.II.2013 Mélomanie de Nietzsche Abbaye de la Celle, Nice Conférence le vendredi 12 Avril 2013 Les maladies de Nietzsche Journée Nietzsche, Nice 2011 Conférence Benoit Kullmann : peinture et philosophie : l'École d'Athènes, Nice 2011 Conférence Benoit Kullmann : peinture et philosophie : un rythme à quatre temps : Aristote et Platon, Héraclite et Démocrite, Nice 2011 Conférence Benoit Kullmann : peinture et philosophie : mais que font les stoïciens, Nice 2011 Conférence Benoit Kullmann : le cerveau des philosophes : le cerveau de Descartes 2011 Conférence Benoit Kullmann : le cerveau des philosophes : le cerveau de Kant |
Conférences - Paramnésie reduplicative (Magritte et la Neurologie) II
14/06/08 : Conférence Benoit Kullmann : Paramnésie reduplicative ( Magritte et la neurologie) Le même et l'autre, l'identique et le différent, voilà ce de quoi nous débattons aujourd'hui. Aborder ce sujet d'un point de vue immunologique, m'aurait paru une tâche moins insurmontable que sous l'angle de la neurologie et ce n'est un mystère pour personne que le problème de la conscience en général et de la conscience de soi en particulier ne m'obsède pas plus que le temps passé devant son miroir le matin. Je cherchais du côté d'Ixion et Junon de Rubens lorsqu'une observation personnelle d'une pathologie singulière m'est revenue en mémoire. Une situation clinique discutée depuis son identification, tant par les psychiâtres que par les neurologues, et par-dessus le marché dans le prolongement de notre dernière réunion commune autour des hallucinations, voilà qui m'a semblé convenable. Observation n°1 Soit un homme, âgé de soixante dix-neuf ans, diabétique, hypertendu, suivi pour maladie de Binswanger, bénéficiant depuis plusieurs mois d'un traitement morphinique pour néoplasie prostatique métastasée au système osseux. Il est hospitalisé pendant plusieurs semaines pour bilan de troubles des fonctions supérieures puis retourne à son domicile. Il signale à son entourage, qu'à son avis sa chambre n’est pas sa chambre, mais une chambre construite à l’identique mais dans un autre lieu. Parfois il pense qu’il est dans un train, dans un wagon construit à l’identique du service hospitalier. René Magritte (1898-1967) La durée poignardée 1938, Huile sur toile, 147 x 98,7 cm, Art Institute of Chicago Il reconnaissait par la fenêtre de sa chambre d’hôpital ( sans aller vérifier) le paysage des usines qu’il dirigeait autrefois. Celà fait beaucoup de cheminées : d'usines, de train ... Tout ceci m'a fortement évoqué la Durée poignardée de René Magritte. Sa vigilance est subnormale, la reconnaissance des proches également, l'identification de morceaux de musique complexes est intacte ; l'usage des langues de ce patient trilingue est conservé. Ce phénomène a été décrit et nommé par Arnold Pick en 1903, chez une patiente qui croyait avoir été déplacée depuis la clinique urbaine de Pick, jusque dans un établissement qui lui paraissait identique mais situé dans une banlieue familière. L'expression choisie par Pick, la paramnésie reduplicative, reduplicative paramnesia en langue anglaise, est définie de manière consensuelle comme la croyance qu’un lieu a été dupliqué et existe simultanément dans deux endroits ou plus, ou qu’un lieu a été déplacé dans un autre endroit. La paramnésie duplicative a été observée ultérieurement chez des soldats traumatisés crâniens qui pensaient que l’hôpital militaire était localisé dans leur ville natale, et étudiée en particulier par Benson et al. en 1976 chez trois traumatisés crâniens. On peut retenir une quinzaine de publications dans la littérature internationale, d'où il ressort que les étiologies sont variées, vasculaires ( démences vasculaires, sténose de l'artère sylvienne droite), dégénératives, traumatiques, post-chirurgicale, après une biopsie du corps calleux, et dans un contexte singulier, celui du syndrôme de Morvan. Lequel associe dans des proportions variables des troubles cognitifs, des troubles du sommeil, des hallucinations, des illusions telles que la paramnésie duplicative, une hyperexcitablité du système nerveux périphérique, des myokimies et une neuromyotonie, une dysautonomie qui sont rapportés à l'existence d'anticorps VGKC ( Voltage gated K+ channel antibodies ). Cette pathologie est accessible aux traitements immunomodulateurs : corticostéroïdes, plasmaphérèses, immunoglobulines. Observation n°2 Le hasard des consultations, peut-être un peu aidé par la puce à l'oreille qui me démangeait depuis quelques semaines de réflexion sur ce sujet, a mis sur le chemin de mon cabinet un patient dont je vous résume l'histoire encore plus singulière que la précédente : Ce patient décrivait non seulement ce que nous savons désormais être une paramnésie reduplicative, mais encore pensait que son épouse n'était pas son épouse, et couronnait le tout par une illusion de présence. La symptomatologie évoluait depuis des mois, et s'accentuait franchement depuis Avril dernier. J'organise aussi vite que possible une investigation par IRM, laquelle est toute fraîche, elle date d'hier : On retiendra avant tout une atrophie cortico-sous-corticale assez banale chez un homme âgé de quatre-vingt-six ans, peut être un peu plus marquée dans les régions postérieures, et la séquelle frontale droite, fronto-orbitaire, de l'accident survenu il y plus de quarante années. Observation n°3 Un patient âgé de 83 ans, diabétique non insulino-dépendant, hypertendu traité, depuis quelques mois d'une part pense qu'il n'est pas chez lui, de manière permanente, tout en admettant que l'appartement de quatre pièces où il vit actuellement est absolument identique à son appartement ; les objets familiers sont les mêmes : en particulier, une reproduction du tableau de David, Bonaparte franchissant les Alpes au Grand Saint-Bernard ; d'autre part, il ne reconnait pas son épouse, par intermittence. Jacques-Louis David Paris, 1748 - Bruxelles, 1825 Bonaparte franchissant les Alpes au Grand Saint-Bernard mai 1800 huile sur toile 1801 260 cm x 221 cm Rueil-Malmaison, Musée national du Château Néanmoins sa conversation est fluide, son vocabulaire choisi, son raisonnement intact, sa mémoire des faits récents et son orientation temporelle très correctes ; il sait que Lyon est en tête du classement du championnat de football et désigne aisément cette ville ou Nice sur une carte de France. Il n'existe pas de prosopagnosie, ni d'agnosie des objets. Il ne signale pas d'hallucination, ni illusion de présence. Nous organisons une IRM encéphalique avec angio-IRM, une scintigraphie cérébrale au neurolite : Les délires d'identification René Magritte La reproduction interdite ( portrait d’Edward James ) 1937 Rotterdam Musée Boymans van Beuningen. Sur la cheminée, sont posées les Aventures d’Arthur Gordon Pym d’Edgar Allan Poe En 1989, la description du groupe syndromique « Delusional Misidentifications », délires d'identification en français, regroupe de façon variable selon les auteurs, délires d’identité, troubles d’identification simples, fausses reconnaissances, conduites agressives envers les proches sans délire verbalisé : on y distingue - Le syndrôme de Capgras : croyance délirante qu’une personne familière a été remplacée par un double (Capgras, Reboul-Lachaux, 1923) - Le syndrôme de Fregoli : croyance délirante qu’une personne familière a été remplacée par une personne non familière (Courbon, Fail, 1927) - L'intermétamorphose : croyance délirante qu’une personne a été physiquement et psychologiquement transformée en une autre (Courbon, Tusques, 1932) - Les doubles subjectifs : croyance délirante qu’une autre personne a acquis les caractéristiques physiques et l’identitité du sujet (Christodoulou, 1978) - et enfin la paramnésie reduplicative, croyance délirante qu’un lieu familier du patient existe simultanément dans différents lieux (Pick, 1903). Ces pathologies ont suscité l'intérêt tant des psychiâtres, que des neurologues : à côté de Capgras, dont on cite volontiers Les folies raisonnantes parues en 1909 dans lesquelles on peut trouver exposée dans le détail la paranoia de Jean-Jacques Rousseau, on peut retenir le chapitre de l'encyclopédie neurologique rédigé en 1991 sous la direction de Bogousslavsky, intitulé Syndrômes majeurs de l'hémisphère mineur, et traitant entre autres syndrômes de la paramnésie reduplicative. René Magritte Personne méditant sur la folie 1928 La Personne méditant sur la folie peinte par Magritte en 1928 pourrait être dans ce cas précis soit un psychiâtre soit un neurologue. Dans l'article consacrant l'illusion des sosies, le cas princeps est une femme convaincue que son mari et sa fille n'étaient pas véritablement son mari et sa fille mais des personnes étrangères ayant pris leur apparence. On soulignera qu'il s'agit d'une patiente déjà connue pour un délire de persécution et mégalomanie, filiation illustre ( princière ), substitution d'enfants ... Serieux et Capgras, qui utilisent l'expression : agnosie d'identification sans trouble de la perception, sont très précis : la ressemblance est admise, mais l'identification est impossible. Les deux auteurs opposent à un sentiment de familiarité, inhérent à toute reconnaissance, un sentiment d'étrangeté, "provoqué par une crise anxieuse, entretenu par une propension à s'attacher aux plus petits détails". René Magritte Portrait de Paul Nougé Huile sur toile 94,3 x 64,5 (1927) Courbon et Fail décrivent en 1927 le "syndrôme de Fregoli" : le cas princeps est une domestique âgée de 27 ans, passionnée par le théâtre, qui avait développé un délire selon lequel deux actrices, Robine et Sarah Bernhardt, se déguisaient pour la persécuter. Il n’y a pas théoriquement de changement dans l’apparence de la personne observée, mais la conviction que cette personne en est une autre qui s’est déguisée. Je me suis interrogé sur le problème particulier du changement de coiffure. Le contexte est le plus souvent hostile et menaçant, mais pas toujours : certains sosies aident le délirant.L’illusion de Fregoli n’est pas aussi fréquente que le syndrome de Capgras. Encore plus rare est "l'intermétamorphose" isolée en 1932 par Courbon et Tusques. Le cas princeps est une patiente âgée de 49 ans, orientée, enjouée, mais amnésique, et décrivant depuis plusieurs années - un sentiment de fabuleux et de merveilleux qui lui fait interpréter les choses « drôles » qu’elle perçoit ou ressent comme l’effet d’un charme - une conviction que son mari est métamorphosé en diverses personnes, et que certaines personnes se métamorphosent en son fils, plus ou moins complètement. Voici quelques exemples de "doubles multiples" rapportés dans la littérature récente et particulièrement éloquents : Que la familiarité soit bien une qualité est confirmé par la description de différentes conditions pathologiques comportant une hyperfamiliarité dans leur symptomatologie : démences fronto-temporales, infarctus veineux temporo-occipital gauche, lésion cingulaire antérieure, et même une affection génétique singulière, le syndrôme de Williams-Beuren. Interprétation Je vais opposer de manière très simpliste deux types d'interprétations, l'une psychodynamique que je ne ferai que mentionner parce que je n'y entends rien en dépit de la sympathie éprouvée pour cette manière de penser ; et l'autre cognitiviste que je développerai beaucoup plus bien que paradoxalement je n'y souscrive pas une seconde. Mais c'est l'idéologie dominante et il faut la connaître. Les interprétations psychodynamiques : pour Capgras et Reboul-Lachaux, le délire d’identité émanerait d’un trouble du jugement affectif et d’un conflit entre le sentiment de familiarité et celui d’étrangeté. D'autres ont évoqué un phénomène de déréalisation ( une perte de familiarité avec le monde extérieur ). Enfin on a insisté sur la survenue préférentielle des délires d’identité chez certaines personnalités à caractère paranoïaque pour lesquelles l’environnement et les proches sont rattachés à l’intégrité de l’individu par extension du moi. Avant de nous intéresser au cas très particulier des paramnésies reduplicatives, je voudrais évoquer la question de deux phénomènes que vous connaissez tous et qui constituent les bases des raisonnements appliqués aux délires d'identité, l'un est exceptionnel et très neurologique, la prosopagnosie ; l'autre est très commun, le déjà vu et ses cousins les déjà vécu et déjà entendu. René Magritte (1898–1967) Les Amants 1928 National Gallery of Australia Melbourne Johann Wilhelm Baur La recréation du genre humain à partir de pierres Ovid, Met. I, 381-415 Edition 1649 Sortis du temple, ils voilent leurs fronts, détachent leurs ceintures, et, selon qu’il leur a été prescrit, ils marchent et jettent des pierres derrière eux. Aussitôt (qui le croirait, si l’antiquité n’en rendait témoignage ?) ces pierres s’amollissent, semblent devenir flexibles, et revêtir une forme nouvelle : on les voit croître et s’allonger ; et, prenant une plus douce substance, elles offrent de l’homme une image encore informe et grossière, semblable au marbre sur lequel le ciseau n’a ébauché que les premiers traits d’une figure humaine. Les éléments humides et terrestres de ces pierres deviennent des chairs ; les parties plus solides et qui ne peuvent fléchir se convertissent en os ; ce qui était veine conserve et sa forme et son nom. Ainsi rapidement la puissance des dieux change en hommes les pierres lancées par Deucalion, et en femmes celles que jetait la main de Pyrrha. De là vient cette dureté qui caractérise notre race ; de là sa force pour soutenir les plus rudes travaux ; et l’homme atteste assez quelle fut son origine. La prosopagnosie, décrite par Bodamer en 1947, est une altération de la reconnaissance des visages. C'est une agnosie : concept forgé par Freud en 1891, l'agnosie est actuellement définie comme perte liée à une atteinte cérébrale, de la capacité à identifier les stimuli de l’environnement à travers une modalité perceptive donnée, en l’absence de trouble sensoriel ou de détérioration intellectuelle notable ( Eustache & Faure 2005 ). On parle alors d'agnosie perceptive. L'objet - le visage ne sont pas reconnus en l'absence d'altération de l'appareil visuel ; mais la personne est identifiée par le son de sa voix, ses vêtements, son parfum... On distingue les agnosies visuelles et par déduction les prosopagnosies aperceptives, des agnosies visuelles dites tantôt associatives, tantôt sémantiques : les patients ne reconnaissent pas les objets mais peuvent les décrire, les copier. On les différencie de l'aphasie optique décrite par Freund en 1889 : incapacité à nommer les objets lorsqu'ils sont explorés par la vue mais non par les autres modalités sensorielles. René Magritte - Le viol c. 1934 René Magritte - Le siècle-lumière René Magritte - La trahison des images René Magritte - L’Evidence Éternelle, 1948 Je mentionne la simultagnosie décrite par Wolpert en 1924 : incapacité à identifier une figure complexe alors que les détails sont perçus. Un malade simulagnosique ne peut voir plus d'un objet à la fois. Précisons qu'il exite une prosopagnosie sémantique progressive, considérée par certains comme la forme hémisphérique droite de la démence sémantique ; et enfin que l'on reconnait l'existence d'une prosopagnosie congénitale dont l'un des principaux spécialistes est Duchaine 2003. Maintenant que nous avons précisé le sens des mots, voyons comment les cognitivistes représentent le cheminement de l'information, depuis la rétine. Plusieurs modèles ont été construits, celui de Marr, celui d'Humphreys et Riddoch ; ce dernier comporte six niveaux après le traitement sensoriel : l'analyse locale des détails et globale de la forme, la représentation égocentrée, la représentation centrée sur l'objet, la représentation structurale stockée en mémoire, le transfert de cette représentation, et la représentation sémantique. Pour la prosopagnosie, là aussi les modèles ne manquent pas, de Bruce et Young, de Hodges, ( atteinte unilatérale de MT : hemi-akinetopsie ) Au passage, je fais remarquer que ce qui est un peu génant, pour ne pas dire horriblement exaspérant, dans ces schémas, c’est que l’on occulte le plus souvent totalement les connexions frontales en particulier du corps genouillé latéral. Voici un schéma qui tient compte de cette structure mais ne fait pas la part des connexions frontales. Précisons enfin que ces 2 systèmes sont différenciés dès la rétine: le Système magnocellulaire qui traite l'information sur les lieux-> Système "où?" ; le Système parvocellulaire qui traite l'information sur les formes--> Système "quoi?". À côté de ces deux systèmes il existe probablement une troisième voie visuelle, qui court-circuite les aires striées. Vision aveugle, blindsight, ou encore vision implicite, désignent une perception inconsciente du mouvement et de variations de luminosité consecutive au traitement de l'information visuelle empruntant la voie colliculaire supérieure, pulvinar, cortex pariétal postérieur, et rendrait compte de capacités d'évitement d'obstacles preservées chez des patients dont les aires striées sont détruites. Des aires corticales spécialisées ont été mises en évidence : voici une vue inférieure du cerveau, cortex occipital et temporal ; l'hémisphère droit est à gauche et vice versa. Sont représentés ici : le LOC, Lateral Occipital Complex, impliqué dans la reconnaissance des choses, la Fusiforme Face Area FFA, la Parahippocampal Place Area, PPA, ces deux dernières plus développées à droite. Vous savez qu'en neurologie quelques patients - ils se compteraient sur les doigts de la main - sont à l'origine de grandes théories, de l'affirmation de principes généralisés à l'ensemble de l'espèce humaine. Tantan, Phineas Gage, et ces quelques patients désignés par leurs initiales, qui parfois comme H.M. ont inspiré des centaines d'articles émanant pour la plupart de la même équipe de chercheurs. L'une de ces patients est D.F., victime d'un accident vasculaire ischémique localisé bilatéral temporal inférieur, touchant les deux complexes latéro-occipitaux, et dont le tableau clinique vient conforter ce modèle : totalement incapable de reconnaître les objets présentés, D.F en revanche témoigne d'aptitudes parfaitement adaptées à la préhension de ces mêmes objets. La fameuse main qui voit chère à Michel Poncet. Déjà vu Neppe 1983 : « n’importe quelle impression subjectivement inappropriée de familiarité d’une expérience présente avec un passé indéfini ». L'histoire du déjà vu n'est pas très ancienne, alors qu'il s'agit d'une expérience très banale à l'adolescence : on retient les noms de Hughlings Jackson, avec l'aura épileptique temporale, de Bergson (1859-1941), dans le souvenir du présent et la fausse reconnaissance Revue philosophique, décembre 1908, repris in L’énergie spirituelle, P.U.F. Paris, 1919, p. 140. De Nayer 1979 : métaphore du magnétophone : on peut encoder ( record ) ou se remémorer ( play ) mais jamais les deux à la fois ; sauf dans le déjà vu. Actuellement les schémas évoquent plutôt deux systemes fonctionnant de manière synchrone ( Dual-processing) qui perdent momentanément leur coordination ; ou encore, l'un des deux processus est activité isolément, en l'absence du second. - familiarité sans souvenir : déjà-vu - souvenir sans familiarité : jamais-vu Neurologiques : dysfonctionnement bref du système nerveux impliquant soit une courte crise soit une altération du timing normal de la transmission neuronale Crise : Penfield 1955, Stevens 1990. La stimulation de l’amygdale, de l’hippocampe, chez les épileptiques temporaux peut provoquer une expérience de déjà-vu Délai modifié : les individus interprètent l’information plus rapidement si elle a déjà fait l’objet d’une expérience : un traitement plus long impliquerait que l’information est nouvelle, non ancienne ++++, Mémoire : quelques aspects de la présentation actuelle sont objectivement familiers mais la source de la familiarité a été oubliée Osborn 1884 : les individus travaillent une quantité considérable d’information sans y prêter une attention complète ; traiter à nouveau ces informations mais de manière consciente peut provoquer une sensation de familiarité subjective Attention : une perception initiale sous distraction est suivie immédiatement par une seconde perception en pleine attention Délires d’identification Trois niveaux de délire d’interprétation des délires d’identification I occipito temporal postérieur et inférieur II temporal antérieur et supéro-interne III temporo-frontal Ixion et Junon Pierre-Paul Rubens (1577-1640) Ixion et Junon 1615 171x245 Musée du Louvre Ixion épouse Dia, la fille du roi Déionée auquel il a promis de nombreux présents ; mais sitôt après la noce, il précipite son beau-père dans une fosse pleine de charbons ardents. Pour une raison obscure, Zeus lui pardonne ce crime doublement odieux. Mais Ixion poursuit de ses assiduités l’épouse de Zeus, Héra, qui use d’un stratagème : elle façonne une nuée à son image. De l’union de celle-ci et d’Ixion naitra Centauros, le père des Centaures. Zeus furieux fait attacher Ixion à une roue enflammée tournant sans cesse et l’expédie dans le Tartare. Cornelis Cornelisz van Harlem (1562-1638) Ixion précipité aux enfers 1588 Rotterdam Pindare, dans les Pythiques, expose une version un peu différente : ayant compris le manège d’Ixion, Zeus lui-même imprima au nuage la forme d'Héra. De cette union fantômatique naquirent les Centaures. Rapidement entraîné sur la roue à laquelle l'a fixé l'ordre des dieux, Ixion ne crie-t-il pas aux mortels qu'ils aient à payer la bienfaisance d'un juste retour. Une funeste expérience l'a instruit de ce devoir. Admis par la bonté des fils de Saturne à couler auprès d'eux des jours délicieux, il ne put longtemps soutenir l'excès de son bonheur, il conçut dans son aveugle délire une furieuse passion pour Junon, que la couche du grand Jupiter est seule digne de recevoir. Mais son orgueilleuse audace le précipita dans un abîme de maux; doublement coupable, et lorsque vivant sur la terre, il se souilla le premier du sang de son beau-père, et lorsque, dans l'enceinte du sacré palais, il osa attenter à la pudeur de Junon, l'épouse du puissant Jupiter. Un supplice inouï devint bientôt le juste châtiment de ses crimes. Mortels, apprenez ainsi à ne jamais former des voeux au-dessus de votre faible nature. Ixion, pour assouvir sa passion sacrilège, se précipita dans l'excès du malheur, aveugle qu'il était, il n'avait embrassé qu'un nuage, et son amour trompé s'était enivré de ce doux mensonge ! La nue, brillant fantôme, pour l'entraîner à sa perte, avait pris sous la main de Jupiter la forme de la céleste fille de Saturne. Alors le maître des dieux l'attacha à celle roue... Ses membres y sont à jamais serrés par d'invincibles noeuds, et ses tortures, hélas ! trop célèbres attestent à la terre la vengeance des Immortels. Cependant la nue, mère unique de son espèce, conçut, sans l'assistance des Grâces, un fruit unique aussi dans la sienne ; sa nourrice le nomma Centaure ; monstre également étranger aux formes humaines et aux attributs de la divinité, il courut dans les vallées du Pélion perpétuer sa race en s'accouplant avec les cavales de la Thessalie. C'est de cette union qu'est née la race extraordinaire des Centaures, participant à la forme de leur père et de leur mère, hommes jusqu'à la ceinture, et chevaux dans la partie inférieure du corps. ( Pindare, Pythiques, II v. 27-34 ) Le tableau met en scène les deux Junon, l’eidola parfaitement crédible en compagnie d’Ixion à gauche, la vraie flanquée de son paon à droite regardant en coin le couple alangui. Jupiter observe leur manège de loin, méditant sa vengeance. Iris, le renard de la Tromperie jeté sur l’épaule, sous un arc-en-ciel plus pâlichon que rubénien assiste sa maîtresse, détournant le regard comme Cupidon. Aneta Georgievska-Shine y voit l’illustration délibérée d’un dialogue de Plutarque, de Amatorius, traitant de l’amour céleste et de l’amour terrestre, tels que les oppose la théorie platonicienne. Allégorie de la tromperie des sens, en particulier de la vision, Ixion trompé par Junon complèterait Junon et Argus peinte en 1611. Le jeu de Rubens consisterait à établir un parallèle entre l’illusion dont Ixion est victime, croyant embrasser Junon alors qu’il enlace son double nuageux, et celle du spectateur qui imagine que l’arc-en-ciel est effectivement situé dans le nuage. Mais pour les contemporains instruits de Rubens, l’arc-en-ciel est un reflet du soleil sur une nuée ou sur les exhalaisons aristotéliciennes émanant du sol. Une illusion. Ils n’ont pas accès en dépit des précurseurs de Snell et de Descartes – Della Porta, de Dominis - à une conception de l’arc fondée sur la réfraction. C’est au titre de leurre démasqué qu’il fera partie du dictionnaire de la préciosité. Tout comme le paon, l’une des figures emblématiques de l’âge Baroque selon Rousset, symbolise l’ostentation, le paraître, le trompe-l’œil, le mirage. Soit les choses ne sont pas ce qu’elles semblent, soit elles se transforment, ainsi les chante Ovide, source inépuisable d’inspiration. L’arc-en-ciel est un paon céleste, le col du Paon est un arc-en-ciel. L’alchimie renforce cette identification, et la peinture sous les pinceaux de Rubens. Notre interprétation tient compte essentiellement des procédés rhétoriques : l’artiste baroque entre autres desseins tente de saisir le mouvement même d’une action en cours, de créer l’illusion du mouvement comme une variété de trompe-l’œil, ou de trompe-l’esprit. La chute d’Ixion est un exemple de tremblement, d’oscillation intellectuelle provoquée par une image : Junon et son double, Junon et Iris représentée par sa synecdoque l’arc-en-ciel. La fonction de ce dernier, dans les deux œuvres complémentaires que sont Ixion et Junon et Argus, est d’introduire dans le tableau même la notion de reflet, d’image virtuelle. Introduire la coexistence d’un être posé comme réel et de son reflet – Junon et son double – est un procédé qui confère de la consistance au sujet peint posé comme réel. Dans Junon et Argus le paon et l’arc-en-ciel sont juxtaposés, métaphores réciproques, dans une mise en scène qui concatène le regard et le toucher : les yeux d’Argus sont posés sur les plumes du paon, et des ocelles jaillit l’arc-en-ciel. Conclusion Un coup de chapeau à René Magritte qui nous a tenu compagnie tout au long de cet exposé. J'ai profité en quelque sorte de l'occasion pour vous infliger une série de ses oeuvres mais je pense toutefois que vous conviendrez qu'il s'agit d'un peintre éminemment neurologique. Voici pour finir le Thérapeute , et quelques commentaires de Magritte lui-même sur la Durée poignardée : vous remarquerez certainement comme moi la référence immédiate à la notion de familiarité. Débat entre Single process model : familiarity is a “weaker form of recollection” Dual process model : distinct processes of familiarity and recollection Atteinte de la familiarité sans atteinte de l’identification : reduplicative paramnesia Activation de la familiarité sans identification mnésique : déjà vu Récemment les préceptes de la neuropsychologie cognitive sont devcnus prévalant. Les modèles de reconnaissance des visages, tel celui de Bruce et Young (1986), suggèrent qu'il y a trois étapes dans ce processus. Dans deux d'entre elles pourrait résider l'origine de l'illusion d'intermétamorphose (stade URV), et de l'illusion de Frégoli (stade NID) mais le syndrome de Capgras ne peut pas s'y intégrer facilement. Ellis et Young (1990) ont introduit la notion d'une réponse émotionnelle aux visages connus se traduisant par une réaction neurovégétative Ils ont suggéré qu'il existait, dans le syndrome de Capgras, une disjonction de cette voie émotionnelle. Des tests expérimentaux issus de cette hypothèse fournissent des arguments confirmatifs tandis que d'autres épreuves, avec des patients présentant le syndrome de Capgras, ont permis d'approfondir notre compréhension de la reconnaissance des visages. Syndrome de Capgras = illusion des sosies : ne se laisse pas expliquer par le schéma de Bruce et Young ; hypothèse de Ellis. Le patient croit qu’un proche a été remplacé par un double qui aurait une grande ressemblance avec lui. Rare et plus fréquent chez la femme. L’imposteur est souvent le conjoint du patient ou un proche, à l’égard duquel le patient peut se montrer agressif (dangerosité à évaluer). Mécanisme hypothétique : dysconnexion entre les deux systèmes traitant les informations faciales (l’un traitant les informations sémantiques du visage observé et l’autre traitant les informations émotionnelles) entraînant une perte du sentiment de familiarité alors que la récollection est maintenue (Archer et coll, 1992) Contexte étiologique : schizophrénie anomalie cérébrale organique (démence, traumatisme crânien, accident vasculaire) touchant préférentiellement l’hémisphère droit, qui joue un rôle prépondérant dans la reconnaissance des visages Deux reconnaissances : la reconnaissance implicite, inconsciente, émotionnelle, très rapide, sous-corticale, amygdalienne ; la reconnaissance explicite, consciente, intellectuelle, moins rapide, corticale, hippocampique. voir le site malperception Date de création : 08/05/2009 : 10:21 Réactions à cet article
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