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Esprit faux (Les pyrosis d'Emilio Campari)

 Sa plume trempée dans l'éthanol n'épargne personne et n'engage que lui

de notre correspondant spécial à Port Royal, Emilio Campari, le 14 X 2009,


Cette semaine : l'esprit faux

   
     Notre Webmestre a-t-il seulement lu Charles Rollin, qui déclarait il n'y a pas trois siècles dans son Traité des Études (1726) : on ne rencontre partout que des esprits faux, qui n'ont presque aucun discernement de la vérité, qui prennent toutes choses d'un mauvais biais, qui se paient des plus mauvaises raisons, et qui veulent en payer les autres ; qui se laissent emporter par les moindres apparences ; qui sont toujours dans l'excès et dans les extrémités, qui décident hardiment de ce qu'ils ignorent et n'entendent point, et qui s'arrêtent à leurs sens avec tant d'opiniâtreté, qu'ils n'écoutent rien de ce qui pourrait les détromper...

    L'esprit faux, emprunté à Voltaire, affecte notre collègue Benoit Kullmann, neurologue, depuis son adolescence. Du premier tome, Mundus est fabula, au troisième, l'Esprit de l'escalier, en passant par l'Ultime Eldorado, l'auteur s'interroge sur les raisons pour lesquelles il ne peut se résoudre à concevoir le cerveau comme une machine, qui plus est comme une machine admirable. Déplorant son incapacité à y reconnaître le miroir du monde, il tente de substituer à la vision cognitiviste euphorique d'une cervelle aux potentialités infinies, branchée sur le grand flux de l'Information, préposée à la fabrication de représentations, une construction dont les prémisses sont la théorie du réel d'Hippolyte Taine, le concept de présentation selon Franz Brentano et la critique de la notion d'image mentale dans la suite d'Henri Bergson. L'encéphalolâtrie des héritiers du béhaviorisme est à la mesure des espérances placées dans cet organe, dernier espace en jachère dont les explorateurs contemporains, émerveillés par les images, ont oublié l'horreur et la médiocrité des sécrétions récentes.


    Pour résumer ce résumé, le dernier opus de notre confrère est d'un optimisme réjouissant en ces temps moroses.