VOYAGE
AUX
AMÉRIQUES
un récit hypnotique
par
Benjamin et Benoît KULLMANN
écrit dans un style homérique au sens simpsonien du terme
Les éditions de la Jet.7.com
Crédits :
Ce texte brillant , au style enlevé et au rythme soutenu , n’aurait pu voir le jour sans le généreux soutien de nos sponsors :
Marriott
Sheraton international
Almerian hotels
Corona
Quimple
SKOL
Hard Rock Café
Pepsi Cola
Coca Cola
SANYO
Apple I-book
samsonite
American Airlines
British Airways
Aerolinas argentinas
laboratoires WHITE-HALL ROBBINS
Biogene Inc.
Sanofi
Les abattoirs de Cordoba
CURITAS TELA
TROTAMUNDOS
CAMEL
VANS
Calvin Klein
Ralph Lauren
DAVIDOFF
AMTRAK
BANCOMAT
Telecom Argentinas
EPSON Photo Reproduction Lab
Seemore
YELLOW CABS
Quand à ceux qui ont tenté de saboter notre merveilleux voyage
PFEIFFERS PRETZEL SPLITS
DELFINO TOUR
ZANZIBAR
que le Q leur pèle
Chapitre IMEMOIRES DE PHILLIEun intense moment d’émotion
Départ le Samedi 5 Mai 2001 à l’aube , à l’heure où blanchit la campagne ; escale à Londres puis vol sans histoire en dehors d’un banale douleur insupportable de l’oreille de Benjamin . Il semble qu’elle soit apparue après la lecture du premier chapitre du “monde selon Garp” , un roman sulfureux . Hésitation sur l’intérêt d’une amputation, vivement récusée par le patient . Dans le taxi, nous découvrons que les connaissances américaines ( pour rester dans le domaine de la décence verbale ) de Benjamin avaient raison : on ne mangerait pas sur les trottoirs de Philadelphie . L’arrivée à l’hôtel nous console un peu : le MARRIOTT est à la hauteur de nos espérances , et dans l’ascenseur qui nous propulse jusqu’au quinzième étage , nous apprenons que dès quatre heures et demie du matin Benjamin pourra piquer une tête dans la piscine intérieure ( indoor pool ) tandis que Benoît se rendra par une passerelle ( construite exprès pour épargner à son cuir chevelu les outrages des intempéries ? ) directement du troisième étage au Convention Center . Economie de temps, efficacité , reconnaissance des valeurs : nous sommes bien en Amérique .
Et sans nous préoccuper outre mesure des problèmes subalternes , comme par exemple les otalgies intolérables , nous voici engagés dans un long périple qui nous mène à l’Est de Philadelphie, le quartier historique , que nous appelons déjà affectueusement “old Phillie “ : Market street, en passant devant quelques sites historiques jusqu’à Front street sur les rives du fleuve Delaware : longues supputations relatives à la proximité de l’océan Atlantique. Ce n’est que plus tard que nous apprendrons qu’il existe une baie, plus à l’Est. Puis nous nous dirigeons vers South street, très animée, avec de nombreuses boutiques, diseurs de bonne aventure, tatoueurs , bistros , et nous dînons vers 18 heures trente (il est plus de minuit pour nous ) chez Jons, une sympathique gargote où Benoît se réconcilie avec le concept de Hamburger au prix d’une brouille d’allure définitive avec José Bové. Je profite de l’état second de Benjamin pour lui infliger une nouvelle fois l’exposé de ma philosophie toute personnelle de l’existence . Nous revenons par le chemin des écoliers , éclairés par le scintillement des ampoules qui ornent désormais et pour longtemps nos intrépides épidermes plantaires.
Effectivement si nos pieds possédaient la parole , ils nous supplieraient sûrement de les euthanasier.Tant bien que mal nous parvenons donc à regagner notre chambre à 20 heures (j’avoue que l’effet inhibiteur des deux coronas fut d’une aide relativement précieuse). Nous achèverons cette première journée par la vision d’un film de circonstances: ”Traffic” mettant en scène certains protagonistes assez proches de notre état décalé . Malheureusement l’envie de rêver du petit dej’ du lendemain matin transforma mes paupières en plomb et la fin du film restera inconnue pour moi.
Bien conscient de la frustration intense que peut provoquer une histoire dont on ignore le dénouement, on peut rassurer Benjamin : tout finit très mal , les bons explosent dans des voitures piégées après que leurs compagnes fort laides aient abandonné leurs piteux galetas, tandis que les méchants vivent très vieux dans des villas de rêve entourés de femmes superbes .
zzzzzzzzzzzz
Le lendemain matin , lever aux aurores et combat pour savoir qui le premier prendra sa douche et pourra se précipiter au restaurant des Alliés pour dévaster le buffet (prononcer “bouffê”) dressé à notre intention . Puis , sans renoncer un instant au rythme effréné qui caractérisera notre séjour , nous effectuons un pèlerinage sur les traces de Sylvester : pas de charge jusqu’à Logan place, recueillement devant la statue du penseur de Rodin, émotion lorsque déboule à toute vitesse le fauteuil roulant d’un handicapé participant aux ten miles de Philadelphie, premières amitiés locales pour Benjamin, remontée triomphale jusqu’au Philadelphia Museum, avec dans nos trois oreilles valides la musique de Rocky II.
Quelle veine ! c’est gratos aujourd’hui Dimanche jusqu’à onze heures : avec le même appétit qui nous animait lors du petit déjeuner , nous dévorons des yeux les trésors des collections européennes du XIXème siècle et les oeuvres contemporaines : en vrac , Cézanne, Courbet, Corot , Chagall , Manet , Monet , Miro, Renoir , Redon , Rouault , Pissaro, Picasso, Puvis de Chavanne, et d’autres qui ne commencent pas par la même lettre : Toulouse Lautrec ( un petit coucou à Valentin le désossé ) , Gauguin, Van Gogh , ( un autre coucou au professeur Tournesol ) , Matisse , Vuillard , Vlaminck, Derain (Benjamin , en voyant un douanier Rousseau s’écrira , choqué par ce voisinage : on dirait David Crockett dans la cage aux fauves !) , Degas , Dali , Gris ( juan) , Léger , Braque ... Benoît qui ne rate pas une occasion de faire l’interessant, laisse deviner à Benjamin le nom d’un peintre en lui soutenant qu’il est nul, s’il n’identifie pas la patte de Van Dongen à vingt mètres dans la pénombre ! Effectivement , ce n’était pas Van Dongen mais un russe avec un nom imprononçable et donc intranscriptible. Dommage que Mumu ne soit pas là, mais d’un autre côté même si c’est free entrance today il n’est pas certain que les gardiens l’eussent laissée poser son doigt sur les peintures , en particulier les Baigneuses de Cézanne qui n’avaient pas l’air tout-à-fait sèches .
Au café Balcony nous éprouvons bien de la compassion pour nos brothers américains qui ne savent décidément pas ce qu’est un bon vrai café . Au museum Shop , nous glanons quelques cartes postales, un guide illustré , quelques magnets , en écoutant “à la cinque della tarde” avec une pensée émue pour Frederico et Bébel (question à dix cents , à quel film fais-je allusion , ceux qui répondent auront le droit de voir les photos qui vont avec le texte , ne vous pressez surtout pas trop de répondre ). Déception anxieuse devant les étalages de la boutique du musée , dont nous avons fait dix fois le tour sans éprouver le coup de foudre nécessaire au déclenchement de la fièvre acheteuse : et si nous ne trouvions aucun cadeau pour les pauvres bougres qui sont restés sur le vieux continent ?
L’après midi , nous sacrifions à la tradition du shopping dominical en parcourant de long en large la Gallery , Mall ne comportant pas moins de 240 magasins , ce qui suggérera à Benjamin une réflexion désobligeante à l’égard de Nice Etoile , fleuron du commerce Niçois tout entier dévoué à la cause de la mondialisation . C’est avec attendrissement que nous contemplons les retraités vautrés dans la Food Court profitant au maximum du bon air chargé d’un parfum de frite grasse ; leur obésité prospère , nous permet d’observer sur le tas l’usage (7LK2 le dire ) qui est fait des efforts des travailleurs de chez nous , employés à l’épanouissement des fonds de pension. Notre compréhension ne va pas cependant jusqu’à partager leur pitance et nous allons nous encanailler au Hard Rock Café, en face de l’hôtel : c’est très bon, Jimmy Hendrix itou, la serveuse fait des sourires .
zzzzzzzzzzzzzzz
Mardi matin , encore un petit déjeuner avec oeufs sur le plat mitonnés par un cuistot afro-américain sorti droit de l’enfer et qui appelle tout le monde Whoozenext . Parmi les détails qui peuvent avoir leur importance, la serveuse a oublié de nous apporter NOS jus d’orange . Passée cette impression pénible d’exclusion, travail pour BK , séances plénières , retrouvailles avec de vieux collègues qui ont l’air d’avoir cent ans . Retour de l’exposition des laboratoires pharmaceutiques avec cinq kilos de stylos à bille et le sentiment coupable d’être une marionnette manipulée par les grandes firmes multinationales . Le spectre de José Bové revient tel le leitmotiv de la symphonie pathétique .