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La tyrannie des faibles

 Sa plume trempée dans l'éthanol n'épargne personne et n'engage que lui

de notre correspondant spécial au congrès des prothésistes auditifs du Cap, Emilio Campari, le 21 Juin 2010,


Cette semaine : la Vuvuzela, ou la tyrannie des faibles


      Nous avons tous l'expérience d'individus dont l'existence semble vouée à la mise en esclavage d'autrui : sa famille, ses amis, ses enseignants, et s'il se reproduit, ses propres enfants, les institutions, les alloueurs de pension, de rentes, de compensations diverses qui lui permettront, au terme d'une vie de mise en coupe réglée de quiconque passe à sa portée, de trépasser en souriant à la pensée des croque-morts soulevant sa bière alors qu'il s'est fait un devoir de dépasser les deux quintaux. En fait, nous sommes intrinsèquement, si rien ne vient contrarier notre développement, bâtis pour aliéner notre prochain, et notre répugnance à le faire n'est que la conséquence de la prise de conscience que nous ne sommes même pas bon à cela. Une existence réussie, est une existence dévolue à l'exercice de la tyrannie dont l'instrument est la cruauté. Au plus haut niveau, c'est remarquable, c'est évident, mais réservé à un très petit nombre d'entre nous. Au niveau le plus bas, c'est tout aussi remarquable et tout aussi évident mais les indices sont plus ou moins visibles.

     Aujourd'hui, où se conjugue une fête institutionnalisée (mais non inventée) par la personne qui aura le plus attenté à mes tympans, Jack Lang, et une cérémonie située dans le prolongement direct des jeux du cirque, la coupe du monde de football,  je voudrais parler d'un indice audible de la manière dont quiconque s'il n'est plus soumis à un État digne de ce nom, je veux parler du Léviathan de Hobbes, usera afin de tyranniser autrui. Je désigne la Vuvuzela, cette trompette pour débile mental, dans laquelle souffle quelques dizaines de milliers de faibles d'esprit dans l'unique but de déstabiliser l'adversaire. Quel adversaire me direz-vous, puisque tout le monde l'entend, vos partenaires comme vos ennemis. C'est bien là la question : l'anéantissement par le niveau des décibels - de l'ordre d'un avion au décollage - vise tout le monde sans distinction. On affectera un sourire condescendant : ces braves populations du Cap ont bien le droit de s'amuser, personne ne nous oblige à y aller. - Si vous n'aimez pas çà allez jouer au golf ou jetez votre téléviseur ! - Mais j'y cours de ce pas ! Non sans m'être laissé dire que les Vuvuzelas sont achetées par centaines de mille en Italie, et que je vous fiche mon billet que dans un an, cet animal bruyant aura envahi la planète, et que vous ne pourrez plus faire un pas dehors sans croiser un horrible bambin s'époumonant dans son tuyau en plastique.


Date de création : 22/06/2010 : 11:46
Dernière modification : 29/06/2010 : 11:57
Catégorie : Les pyrosis d'Emilio Campari
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