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L'attention : au delà du symptôme


L'attention, du symptôme, et de l'au delà du symptôme

Benoît Kullmann, Paris, le 9 Décembre 2010

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   Permettez-moi de vous témoigner ma reconnaissance, Françoise et Olivier, qui m'avez fait le grand honneur de m'inviter à participer à cette journée anniversaire dont je mesure l'importance. Comme je suis neurologue, j'ai supposé qu'il m'incombait de vous parler de situations neurologiques affectant l'attention :

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il y a un siècle, Anton et Babinski1 décrivaient indépendamment le syndrome qui porte leur nom, repris dans un esprit phénoménologique par mon bon Maître Jacques Barbizet2 : un patient droitier victime le plus souvent d'un accident vasculaire, parfois d'un traumatisme, de la région pariétale droite, négligera son hémicorps gauche, et l'hémichamp visuel gauche ; si l'on touche simultanément ses deux mains, il ne sent le contact que du côté droit ; jamais il n'accordera la moindre attention visuelle ni auditive à ce qui concerne son hémi-monde gauche ; s'il est de surcroît hémiplégique, il ignorera son handicap. Son monde est désormais réduit, mais il ne le sait pas, à une moitié de monde. Les troubles attentionnels caractérisent nombre d'affections cérébrales depuis la démence de Pick, jusqu'aux troubles dysexécutifs définis depuis les années quatre-vingt, en passant par les travaux de Luria sur les syndromes frontaux. D'autres pathologies sont d'identification plus récente, et font débat, et je ne sais quelle est l'idée de chacun d'entre vous au sujet du Syndrome Déficit Attentionnel et Hyperactivité. Depuis un siècle, une théorie neurologique de l'attention est en construction, à partir d'observations pathologiques, à partir de dispositifs expérimentaux, humains et animaux. Certains seront peut être étonnés d'apprendre que l'on a sélectionné au début de l'année des souches de drosophiles, les mouches du vinaigre, performantes sur le plan mnésique ou au contraire déficitaires et servant de modèle en laboratoire3.

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    Chez l'homme, l'imagerie fonctionnelle révèle les zones impliquées dans le contrôle attentionnel : cette publication date du mois dernier4.

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    Si nous commencions par la définition même de l'attention ? Peut on se satisfaire de cette réflexion lapidaire de William James, une autorité en matière de psychologie : Chacun sait ce qu'est l'attention5? Nous sommes en 1890, dans les Principles of Psychology. Mais s'il me prenait la fantaisie de demander à chacun d'entre vous, maintenant, d'écrire sa propre définition de l'attention, j'obtiendrais sans doute autant de réponses qu'il y a de participants à cette réunion, et certains me proposeraient certainement plusieurs définitions. Nous sentons bien que l'attention est plurielle.

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    Ne serait-ce que d'une langue à l'autre, le nuage sémantique qui l'entoure en atteste : voici ce que donne la proxémie du terme attention en français, et par exemple, alors que je n'entends rien à la langue de Goethe, un pense-bête de ma composition afin de mémoriser la constellation conceptuelle correspondante de Husserl. 

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    La simplicité de la position de William James me renvoie à la réponse de Bergson, alors qu'on lui demandait de définir, non pas l'attention, mais la conscience : « Vous pensez bien que je ne vais pas vous définir une chose aussi concrète, aussi constamment présente à l'expérience de chacun de nous ». Néanmoins, je vous propose de parcourir brièvement différentes tentatives de précision de cette notion.

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  D'emblée j'annonce que l'attention est toujours subordonnée à une autre faculté, telle Arlequin valet de plusieurs maîtres. Revenons à William James, dont j'ai honteusement amputé la citation il y a un instant. « Everyone knows what attention is. It is the taking possession by the mind, in clear and vivid form, of one out of what seem several simultaneously possible objects or trains of thought. Focalization, concentration, of consciousness are of its essence. It implies withdrawal from some things in order to deal effectively with others, and is a condition which has a real opposite in the confused, dazed, scatterbrained state which in French is called distraction, and Zerstreutheit in German ». 


    Il est question de capture : d'un objet ou d'un train de pensée, peu importe. Il n'y a pas de différence dans l'attention qu'elle soit portée à un évènement extérieur ou à une idée.  De sélection : un objet ou une idée parmi une collection potentielle. De modalité de la conscience : au même titre que la focalisation ou la concentration. Et curieusement, James achève sa définition par ce que n'est pas l'attention, et dans deux langues différentes de la sienne : en français, la distraction ; et en allemand, la Zerstreutheit.

    Une définition attribuée à William James traîne çà et là : « l’attention est la sélection sous forme claire et précise d’une information ou d’un événement extérieurs de la pensée et son maintien dans la conscience » dont je ne conteste pas la pertinence, mais la paternité : James insiste clairement sur l'attention portée à la pensée elle-même et ne mentionne pas la question fondamentale pourtant du maintien.

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    Je retiens la métaphore de la capture : qui nous renvoie à Saint Augustin, lorsqu'il distingue deux acceptions de l'attention : la capture de l'attention de l'auditoire, et, plus poétiquement, cette réflexion accordant à merveille le sens et la forme à propos des signes naturels du divin : « Que dirai-je aussi de ce qu’étant quelquefois assis dans la maison, un lézard qui prend des mouches, ou une araignée qui les enveloppe dans ses filets me donne de l’attention ? ». L'attention d'Augustin capture le divin dans le Lézard capturant une mouche. Parmi les contributions d'Augustin à l'histoire de la pensée, l'une des plus importantes est sa contribution à la fondation de la doctrine cellulaire des facultés de l'âme. De quoi s'agit-il ?

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    Voici une vieille cervelle : un schéma que l'on appelle la doctrine cellulaire des facultés de l'âme. Énoncée par Némésius d'Éphèse, au troisième siècle. Démontée en ce qui concerne l'anatomie d'abord par Léonard de Vinci, en 1504, puis par un certain Vésale vers 1540. Enfin en ce qui concerne la physiologie par Descartes vers 1640. Pendant mille deux cents ans les facultés aristotéliciennes ont niché dans ces cavités : d'avant en arrière, le sensum commune où convergent les cinq sens et l'imaginatio ; puis l'estimativa et la cogitatio ; enfin la memoria. Ici, une autre version, datée de 1530 environ.

    Il serait simple de supposer que ce schéma est ancré dans une conception archaïque de l'anatomie du cerveau : mais Galien découpait des cervelles de boeuf ou de singe. La croyance était très approximative, en des cellules occupant l'intérieur du crâne, que l'on pensait alors remplies d'air, de pneuma. Que les cellules soient au nombre de trois se serait accordé parfaitement avec les théories trinitaires.

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    Cependant, un de nos confrères6 a proposé une interprétation radicalement différente et très convaincante il y a une dizaine d'années : Charles Gross remarque que cette distribution coïncide avec les trois divisions des cours de justice antiques : le vestibulum, le consistorium, l’apotheca, où se déroulaient dans la première les déclarations, dans la seconde, les discussions, dans la troisième, les sentences. De la même manière procède l’esprit dans le cerveau : les sensations sont d’abord réunies dans la cellule du sens commun et de la Phantaisie,  où convergent les nerfs des organes des sens ; puis elles sont revues et réfléchies dans la seconde cellule, enfin couchées par écrit dans la troisième et confiées à la mémoire.

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    Quelle que soit l'évolution du schéma ou la subdivision des cellules, nulle place n'est accordée à l'attention, compagne en fait non de l'entendement mais de la volonté, dont le siège est... le coeur.

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    Même l'inflation des facultés des constructions phrénologiques, vingt-sept chez Gall et Spurzheim, près d'une centaine chez certains de leurs suiveurs nord-américains à la fin du XIXe siècle, ne laisse la moindre place à l'attention. Celle-ci n'est jamais considérée en elle-même, mais toujours comme l'assistante d'une autre faculté.

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  Rapidement je vous livre quelques interprétations parmi les plus connues : chez Augustin l'attention est au service de la volonté et l'objet des glissements involontaires, que l'on retrouve identiques chez René Descartes. Chez Leibniz, l'attention est asservie à l'aperception ; à la Mémoire chez John Locke ; à la perception chez Condillac ; à l'action chez Alexander Bain (1888), cet écossais auquel nous devons une conception du fonctionnement cérébral fondée génialement sur l'inhibition ;  à la conscience chez William James ; au plaisir chez Carl Stumpf dont j'ai cru comprendre que l'on allait parler cet après-midi ; à l'Intention bien sûr chez Husserl. On a pu dire que la situation de l'attention à la fin du XIXe siècle était chaotique : en fait, il me semble que coexistaient différentes espèces de théories, et je ne cache pas ma préférence pour cette effervescence, lorsque la modernité produit ce genre de proposition, typique du cognitivisme, énoncée par un ténor de cette pensée dominante7 :

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« l'attention est la propriété émergente du système cognitif qui permet à celui-ci de traiter efficacement certaines sources d'information à l'exclusion d'autres afin de parvenir à certains buts à l'exclusion d'autres ». L'attention est l'action de processeurs sélectionnant une source d'information parmi d'autres pour favoriser la réalisation d'un but parmi d'autres. Nous sommes dans la caricature, tautologique, du cognitivisme : dans un univers parcouru par des flux d'informations, qui ont remplacé les flux de rayons cosmiques ou l'éther d'antan, de l'information rentre dans le cerveau, le structure, y est traitée, mémorisée, et ressort transformée sous forme d'action.

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    Pour conclure cette revue partielle et partiale des acceptions du terme, je ferai dire à William James que si nous avons du mal à définir l'attention, notion couteau-suisse, nous savons tous en revanche ce que c'est que faire attention.

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    Il est temps de passer aux travaux pratiques. Soit un tableau du musée de Leipzig, qui représente une salle de classe pendant un cours de géographie. Nous sommes, ce n'est pas anodin, en 1874. L'instituteur, complètement ailleurs, se tient le menton comme le penseur de Rodin. Un élève récite sa leçon, pointant avec sa baguette sur la carte de l'Europe un pays, pas n'importe lequel, la France. Que les armées prussiennes ont envahi il y a peu, arrivant aux portes de Paris, et grignotant au passage l'Alsace et la Lorraine. Vous n’éprouverez pas de difficulté à distinguer parmi les élèves les diverses modalités, les différents degrés, les objets variés de l’attention. Chaque enfant accorde son attention à une partie de son monde, et doit choisir entre écouter le maître ou ici un autre élève, ses voisins de droite ou ceux de gauche, ou suivre sa propre rêverie. Prenez l'élève au gilet rouge, au premier plan. Il est au bord de l'endormissement, et pourtant la télévision et la console de jeu n'appartiennent pas à son Umwelt.

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    Lorsqu'au lycée nous baillions aux corneilles, notre professeur de Latin, Monsieur Nicolet, nous punissait d'une manière originale : nous devions rédiger cinq lignes dans la langue de Cicéron, traitant de attento animo, de l'attention de l'esprit. Si nous bavardions, c'était de silentio, si nous nous balancions sur nos chaises, c'était de quadro pedibus. De attento animo : une vieille notion assurément, puisqu'on la trouve chez Cicéron, très franchement connotée comme manifestation de la volonté.

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    Vous pourriez intuitivement retomber sur la distinction de  Van Zomeren et Brouwer, qui date de 1994, selon l'intensité, tonique, soutenue, comme chez l'élève qui récite sa leçon, phasique, d'alerte comme l'élève qui se retourne parce que son camarade l'a sollicité. Et selon la sélectivité, focale chez cet élève qui s'apprête à capturer une mouche sur la manche de son voisin ; ou divisée, comme chez cet autre qui d'une main pointe la carte, de l'autre tente d'éveiller la curiosité du somnolent.

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    Nous pourrions encore distinguer divers moments de l'attention : l'alerte, l'orientation, le maintien de l'attention, et pour celui-ci, qui lève la main en vain, ignoré par l'instituteur, une anticipation de ce qu'il pourrait dire, ou l'espérance d'une récompense. Si soudain un bruit intense retentit dans la rue, alors que votre attention est engagée, dirigée sur ce que je vous dit, vous ne pourrez réprimer un mouvement vers la source du bruit, et vous maintiendrez cette nouvelle orientation le temps de savoir ce dont il retourne, dans tous les sens du terme.

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    Voyons cela du point de vue de Posner, un immense spécialiste des altérations de la conscience, des diverses sortes de coma, et de Rothbart, datant de 2007 : le réseau de vigilance est situé dans le tronc cérébral, une structure que nous partageons avec les grenouilles et même les plus simples des poissons. Ce réseau est assisté de deux centres très importants : le colliculus supérieur, déterminant le mouvement d'orientation vers la cible de l'attention, et le pulvinar, qui fait que vous ne lâchez plus cette cible. Mais nous l'avons vu, nous partons d'un engagement antérieur de l'attention : il faut se désengager, ce qui est le rôle du système attentionnel postérieur. Moment très important : ce désengagement est une action, on ne glisse pas d'une cible à l'autre si facilement. Le système attentionnel antérieur analyse, évalue, la cible, il est lié fonctionnellement au système attentionnel postérieur, mais aussi à deux structures majeures dont je reparlerai dans la seconde partie de mon exposé : le noyau accumbens, impliqué dans les réseaux de la motivation, de la récompense, et le noyau amygdalien, pris dans le système limbique, le réseau de la mémoire et de l'émotion. Ces diverses instances ont une neurochimie spécifique : la noradrénaline pour le réseau de la vigilance ; l'acétylcholine est impliquée dans l'orientation et le désengagement ; pour le système antérieur, la dopamine, dont on sait l'importance dans les problèmes d'addiction, est le lieu d'action du méthylphénidate et de l'atomoxétine utilisés dans le syndrome d'inattention.

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    Nous voici maintenant assez savants pour assumer une situation neurologique triviale : soit par exemple Monsieur Whistler, voyez dans ce choix un hommage personnel à Mister Bean, qui me confie, très inquiet : « ma femme me répète à longueur de journée qu’elle m’a dit quelque chose dont je n’ai aucun souvenir ». Il pense, puisque sa femme le lui a dit, qu'il a la maladie d'Alzheimer. J'y verrais plutôt un trouble attentionnel. J'appelle ça le syndrôme de la boulangère. Vous ne dites pas « quatre croissants » lorsqu'entré dans la boulangerie vous vous retournez pour fermer la porte. Vous captez l'attention de la boulangère, et lorsque le contact est établi, vous lui demandez, « quatre croissants s'il vous plait ». Or, l'immense majorité des vieux couples, ceux qui ont plus de trois mois de vie commune, fonctionnent ainsi : Madame rentre, jette son manteau et son sac dans l'entrée, en disant : « j'ai vu machin et il vient dîner tout à l'heure, et fais-moi penser à amener les gâteaux Dimanche chez oncle bidule ». Monsieur épuisé par sa journée de labeur est plongé dans la lecture de ses courriels ou dans la contemplation de la télévision, à moins qu'il ne somnole déjà. Qu'a-t-il entendu ? Rien. Si vous voulez êtes entendu, il faut capter l'attention d'autrui. Vous imaginez le nombre d'applications concrètes de cette observation élémentaire. Nous voici parvenus à la fin de la première partie de cet exposé, et il est temps de passer au delà du symptôme.

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    Il y a trois mois s'est tenu à Linköping en Suède un congrès intitulé : Pay attention.

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    Que l'attention soit considérée comme une marchandise est confirmé par un rapide examen de quelques expressions idiomatiques : prêter attention, en français ; prestar atención, en espagnol. Pay attention, pour les Anglais, qui achètent ce que nous prêtons.

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    Voici la fresque de Raphaël, l'École d' Athènes, réalisée vers 1510, afin de décorer la chambre de la Signature dans les appartements du pape au Vatican. Prétendrais-je y voir l'un des premiers marchés de l'attention ? Raphaël y a réuni le gratin des penseurs connus à son époque8.

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    Concentrons-nous sur les deux personnages centraux en supposant que nous ignorons tout de la philosophie occidentale : l'un, le plus âgé, désigne le ciel, l'autre étend le bras devant lui. Si je suis Martien ou Papou, je puis me dire : celui de gauche prévient l'autre qu'il va leur tomber quelque chose sur la tête, une averse ou que sais-je ; de son côté le second, prévenant, avertit son aîné du risque qui a déjà précipité Diogène au bas de l'escalier : attention ! attention à la marche, lui dit-il. Si possible en grec.

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    Nous ne sommes ni Martiens ni Papous : nous savons que le personnage de droite se nomme Aristote, auteur entre autres ouvrages d'un traité de rhétorique.

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Qu'est ce que la rhétorique chez Aristote ? Un ménage à trois notions : le logos, l'ethos et le pathos.

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    Le logos, c'est le message, et son organisation entre les données, les évidences, les arguments. L'information, bien que je sois allergique à ce terme envahissant. L'ethos... Françoise Sanchez dans sa présentation vous a dit que j'étais neurologue, et m'a conféré une crédibilité et une autorité sans doute excessives ; vous jugerez sur pièce de mon éloquence et je me suis présenté à vous dans une tenue que j'espère acceptable. Le pathos, c'est ce que je suppose à la fois de commun et de divers chez vous, en tant qu'auditoire : sans doute mus par des croyances et des valeurs communes puisque vous participez à la même entreprise, mais occupant des fonctions et exerçant des activités variées, au point que mon idée de vos connaissances et de vos expertises est très floue. Ce que je dis peut paraître rudimentaire à certains, abscons à d'autres.

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    Ce triangle rhétorique a été repris par Cicéron (- 106-43) : « prouver la vérité de ce qu'on affirme, se concilier la bienveillance des auditeurs, éveiller en eux toutes les émotions qui sont utiles à la cause ». Quintilien (Ier siècle apr. J.-C) dans De l’institution oratoire propose une pédagogie aux apprentis rhéteurs : distinguant divers moments : l’inventio, la dispositio, l’elocutio (style et figures de style, tropes), la memoria (apprentissage du discours, art mnémotechnique), l’actio ( récitation du discours ).

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    Sautons deux millénaires d'art oratoire, et retrouvons-nous parmi nos contemporains, dont l'un a écrit : « Ce que l’information consomme est assez évident : l’information consomme l’attention de ceux qui la reçoivent. Du même coup, une grande quantité d’information créée une pauvreté de l’attention et le besoin de répartir efficacement cette attention entre des sources très nombreuses au milieu desquelles elle pourrait se dissoudre. » Que vous évoque ces phrases ? Seraient-elles d'un exégète ou d'un épigone de Patrick Le Lay, dont je soutiens qu'il fut l'auteur d'une notion, le Temps de Cerveau Disponible, d'une lucidité remarquable, au point que je n'ai rien compris à la polémique qu'il suscita ? Point du tout : leur auteur est un prix Nobel d'Économie, Herbert Simon (1916-2001), et elles furent énoncées en 1971 : il y a quarante ans. En pleine critique déjà du consummérisme nord-américain, alors que l'on apprenait depuis longtemps dans les écoles de commerce à vendre des congélateurs aux eskimos.

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    En vendant des astuces aux orateurs en herbe : l'un des plus efficaces est celui-ci : Get your audience’s attention by adding anticipation. Assurez vous l'attention de votre auditoire en ajoutant de l'expectative. Par exemple je pourrais vous dire : dans dix minutes je vous ferai passer un test et le vainqueur rentrera chez lui avec une Lamborghini. Il s'agira de compter les passes entre les membres d'une équipe vêtue de blanc. Je supplie ceux qui connaissent cette histoire de n'en rien dévoiler, sinon c'est le fiasco assuré. Moi-même, il y a une soixantaine d'années, on me promettait des bon-points si j'étais attentif, et j'espère avoir eu un jour une médaille accrochée à ma blouse.

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    Cette histoire me fait penser à une expérience de Piaget. Il y a de grandes chances pour que vous la connaissiez... mais c'est comme une bonne blague, je ne peux me retenir de la raconter. Piaget était préoccupé par l'âge d'accession à la notion de nombre. Il propose à des enfants d'âges différents deux rangées de jetons : une longue et une courte, la courte contenant plus de jetons que la longue. La question posée est : où y-a-t-il le plus de jetons ? Avant l'âge de six-sept ans, les enfants choisissent la rangée la plus longue, après, ils distinguent la notion de nombre de celle de longueur, et choisissent la rangée courte. Deux chercheurs ont eu l'idée, il y a déjà quarante ans, de remplacer les jetons par des bonbons. Les enfants de deux ans se précipitent sur la rangée la plus courte. Comme le dit avec humour Olivier Houdé, la gourmandise fait le mathématicien. Vous la connaissiez déjà ?

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    Il y a une pathologie de l'attention qui ne fait guère couler d'encre. Je veux parler de l'excès d'attention, la fascination. Comme la phalène attirée par la lumière. Depuis que je vous parle, nombre d'entre vous se sont grattés le nez, la joue, les cheveux, se sont tortillés sur leurs sièges au gré des ankyloses, fourmillements, picotements, gratouillis et chatouillis... Sans en faire cas.

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    À l'opposé du malade imaginaire, ici illustré par Daumier : la moindre modification sensorielle le plonge dans l'angoisse. Il ne peut échapper à cette attention extrême pour lui-même : l'hypocondriaque, ou moi dans mes symptômes.

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    Je prends un autre exemple : les Otaku, ces adolescents japonais qui vivent intégralement dans un monde de mangas et de jeux vidéos. Coupés du reste du monde. Coincés dans un morceau de réalité. Moi dans mes mangas.

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    Et la question finit par se poser : qui dirige l'attention ? Comme, chez Platon, qui dirige le bige, ce char à deux chevaux métaphore de l'âme humaine tirée à hue et à dia.

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    Il est temps que je vous parle des deux formes d'attention que la psychologie contemporaine distingue selon le paradigme, très discutable de mon point de vue, opposant un monde intérieur et un monde extérieur : l'attention exophorique, détection d’une modification extérieure par nos systèmes d’alarmes ; et l'attention endophorique, impliquée dans la direction de l’activité, le contrôle de la réalisation d’une action :  lecture, audition, vision, exploration... 

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    Corbetta et Shulman9 ont ainsi obtenu en imagerie ces activations, en orange l'exophorique, en bleu l'endophorique : les syndrômes de négligence spatiale correspondent à des altérations des aires de l'attention exophorique. Ce qui semble réduire en miettes mon point de vue dubitatif sur leur paradigme.

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    Cette possibilité de leurrer, d'abuser de nos esprits, devient une préoccupation atteignant des revues dites sérieuses, par exemple pour la Science, qui en mars 2009 consacre un article à la Neuromagie. On vous y explique qu'un magicien, j'aurais choisi le terme illusionniste ou mieux prestidigitateur, attire votre attention sur sa main droite pendant que sa main gauche fait ce qu'il veut.

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    Un domaine en pleine expansion est celui du Neuromarketing : neuroscience du consommateur, de la décision d'achat, neuromarketing sensoriel, émotionnel, jusqu'au nerf de la vente, qui vient d'être redécouvert. Nous choisissons avec notre cerveau ! Incroyable.

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    Et l'on arrive à cette physiologie qui vient compléter enfin le système des objets de Baudrillard : avec ces modules qui tantôt rejettent, tantôt adoptent ce qui est proposé à nos appétits.

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     Je retrouve le schéma de Posner et Rothbart, daté de 2007 : la fièvre acheteuse se déclare entre le système attentionnel antérieur, et les deux structures dont je vous ai dit un mot, le noyau accumbens dont la dopamine soutient la motivation, et le noyau amygdalien qui ouvre sur le système des émotions et de la mémoire.

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    Tiens, une mouche sur l'écran de la télévision. J'ai abandonné une question en suspens avec la drosophile : quelle est notre capacité d'attention moyenne ? Intuitivement, vous savez qu'elle est extraordinairement variable, la pire des buses peut suivre cinq matches de foot à la suite et mémoriser à jamais qui a marqué quoi, où, et quand. Cependant, l'idée que le span attentionnel du téléspectateur moyen ne dépasse pas dix minutes est suffisemment ancrée dans les mentalités pour que, m'a expliqué un ami, les scénaristes des émissions policières introduisent un rebondissement toutes les sept ou huit minutes. À contrôler.

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    Inversement, je me suis laissé dire que la publicité aurait déterminé aux États-Unis la durée des périodes lors d'une rencontre de Basket. Je n'ai pu vérifier cette information.

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    Récemment j'ai vu ce panneau de Basket. Savez vous dans quel lieu ? À Venise, à la fondation Pinault. Lorsque je l'ai visitée au début de l'année, je ne l'ai pas remarquée. En feuilletant le catalogue de l'exposition, je me suis dit : tu as raté çà. Quelques mois plus tard, j'y retourne, et cette fois-ci, je ne l'ai pas loupé : simplement il faut se tordre le cou en entrant dans une salle fascinante par elle-même, tant et si bien que vous ne songez même pas à regarder au dessus de la porte que vous venez de franchir. Lorsque vous y serez, vous ne manquerez pas le panneau de Basket. Vous êtes en train de vous dire, mais qu'est-ce qu'il a avec le Basket ?

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    Le voici enfin, le test que vous attendiez : comptez les passes entre les basketeurs de l'équipe blanche. C'est parti. Vous avez trouvé ? 13 passes. Mais qui avait remarqué l'ours qui fait la danse de Michael Jackson ? Cette très astucieuse publicité a pour but d'éveiller les conducteurs automobiles aux risques encourus par les cyclistes, une espèce en voie de disparition.

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    Elle nous apprend implicitement que le conducteur doit faire attention à mille détails, anticiper mille éventualités, parmi lesquelles l'apparition d'un cycliste vulnérable. Cette anticipation, qui nous instaure comme sujets responsables, repose sur l'attention. À propos de cette notion de responsabilité attentionnelle, laissez-moi vous en raconter une.

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    Je ne vous ai pas encore confié que je souffre d'une pathologie terrible, enracinée dans les abysses de mon inconscient. Je ne supporte pas que l'on casse quelque chose. Dans un film, une scène de type éléphant dans un magasin de porcelaine me met physiquement mal à l'aise, je ferme les yeux ou je sors. Choisir cette oeuvre de Frans Snyders où deux singes se partageant une corbeille de fruits, des pêches, des raisins, ont au passage détruit deux compotiers en faïence, m'a rendu malade.

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    Je ne suis pas le seul à souffrir de cette clastophobie : un poème de Jacques Prévert, intitulé Promenade de Picasso, s'achève ainsi :


et le peintre arraché à ses songes
comme une dent
se retrouve tout seul devant sa toile inachevée
avec au beau milieu de sa vaisselle brisée
les terrifiants pépins de la réalité.

    Le pire, est lorsque j'entend cette phrase horrible, « mais il ne l'a pas fait exprès ». Ou, pire porté à son comble, « mais je ne l'ai pas fait exprès ». Plut au ciel qu'on l'eût fait exprès ! Dans l’inattention s’engouffre l’inconscient.

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    Ce n'est pas moi qui le dit : « Le médecin analysant s'abandonne, dans un état d'attention uniformément flottante, à sa propre activité mentale inconsciente, évite le plus possible de réfléchir et d'élaborer des attentes conscientes, ne veut, de ce qu'il a entendu, rien fixer en particulier dans sa mémoire et capte de la sorte l'inconscient du patient avec son propre inconscient10 ». Vous voyez où je veux en venir ? Augustin, assis, regardant le lézard capturer une mouche, est quasiment l'inventeur de l'attention flottante. Voici une référence pour ceux qui pensent que cette analogie est téléphonée11.

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    Conclusion : l'attention partagée

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    La définition de l'attention est plurielle, et son examen nous rapproche plus de la physiologie de l'action que d'une conception cognitiviste ; j'ai insisté dans la seconde partie sur l'attention marchandise et fuel de l'information, et sur la dimension responsabilisante de l'attention, lorsqu'elle est ce qui n'est guère classique l'alliée de l'anticipation12. L'attention doit être replacée dans cette perspective constructive d'une action contrôlée par un sujet. Nous avons au passage entrevu comment la naturalisation de cette notion escamote ce dernier.

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    Jean-Jacques Rousseau est l'auteur de l'article Accompagnement de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert : on y peut lire au sujet de la querelle des coins opposant les partisans de l'opéra français à ceux de l'opéra italien, « en un mot, ils ( les Italiens ) ne veulent pas qu'on entende rien dans l'accompagnement, ni dans la basse, qui puisse distraire l'oreille du sujet principal, et ils sont dans l'opinion que l'attention s'évanouït en se partageant ». Les Italiens n'ont jamais rien dit de pareil sinon dans le cerveau singulier de Rousseau, mais l'eussent-ils dit, qu'ils auraient été dans l'erreur la plus grossière. La musique est-elle comme le bruit de la mer de Leibniz, aperception construite à partir d'une multitude de petites perceptions que nous ne pouvons distinguer ? Certainement pas : l'écoute active de la musique, au fur et à mesure de sa pratique, nous permet d'y déceler quantité de motifs, répétés ou variés, de timbres d'instruments divers, de suites harmoniques créant des tensions et leurs résolutions, et tant d'autres détails.

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    Quant à la pratique de la musique, elle nous oblige à une attention partagée, entre le contrôle de notre propre action, et l'écoute des autres musiciens. J'aurais pu ancrer cette présentation toute entière dans l'illustration musicale, mais c'eût été techniquement délicat.

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    Permettez-moi de prendre congé en compagnie de l'orchestre de Raoul Dufy, qui exemplifie remarquablement ce propos : voyez à la fois, cet vue d'ensemble, un orchestre ; et ces différents points de vue, Dufy était revenu à la technique des points de fuite multiples, à la manière d'Uccello par exemple, en les soulignant par l'usage de couleurs diverses, qui guident les mouvements du regard lesquels génèrent la perception de l'oeuvre. Voici enfin la baie des Anges, du même artiste.  Je vous remercie de votre attention.

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1 Joseph Babinski Contribution à l'étude des troubles mentaux dans l'hémiplégie organique cérébrale Revue Neurologique 1914
2 Jacques Barbizet Le monde de l'hémiplégique gauche Rapport de Neurologie 
3 van Swinderen, B. and Brembs, B. (2010) Attention-like deficit and hyperactivity in a Drosophila memory mutant. Journal of Neuroscience. Jan 20; 30(3):1003-14.
4 Jeffrey S. Anderson, Michael A. Ferguson, Melissa Lopez-Larson, Deborah Yurgelun-Todd. Topographic maps of multisensory attention. Proceedings of the National Academy of Sciences, 2010
5 James, W. (1890). The Principles of Psychology. New York: Henry Holt, Vol. 1, pp. 403-404.
6 Charles G. Gross : Brain, vision, memory 1999
7 Jonathan D. Cohen , Gary Aston-jones , Mark S. Gilzenrat : Attention is the emergent property of the cognitive system that allows it to successfully process some sources of information to the exclusion of others, in the service of achieving some goals to the exclusion of others. In : A systems-level perspective on attention and cognitive control: Guided activation, adaptive gating, conflict monitoring, and exploitation vs. exploration, chapter 6 (2004)
8 Bien entendu si Michel Onfray était dans la salle il nous ferait remarquer qu'il y a des absents, il aurait raison sans doute mais l'on a perdu, rendez-vous compte, la moitié des identités des représentés ; et que ces absences fassent sens, nous le concéderions volontiers.
9 Maurizio Corbetta & Gordon L. Shulman Control of goal-directed and stimulus-driven attention in the brain Nature Reviews Neuroscience 3, 201-215 (March 2002)
10 Freud S. (1923) "Psychanalyse" et "Théorie de la libido", dans : Résultats, idées, problèmes II, 1992, PUF, p. 56. Cité in Alain de Mijolla : "Dictionnaire international de la psychanalyse, Ed.: Hachette, 2005
11 Sigmund Freud: Ratschläge für den Arzt bei der psychoanalytischen Behandlung [1912]. Studienausgabe, Ergänzungsband, Frankfurt am Main, Fischer, Sondersaugabe, 2000, S. 175-176 : "Er soll dem gebenden Unbewußten des Kranken sein eigenes Unbewußtes als empfangendes Organ zuwenden, sich auf den Analysierten einstellen wie der Receiver des Telephons zum Teller eingestellt ist. Wie der Receiver die von Schallwellen angeregten elektrischen Schwankungen der Leitung wieder in Schallwellen verwandelt, so ist das Unbewußte des Arztes befähigt, aus den ihm mitgeteilten Abkömmlingen des Unbewußten dieses Unbewußte, welches die Einfälle des Kranken determiniert hat, wiederherzustellen."
12 Scheres A, Milham MP, Knutson B, Castellanos FX. Ventral striatal hyporesponsiveness during reward anticipation in attention-deficit/hyperactivity disorder. Biol Psychiatry. 2007 Mar 1;61(5):720-4. Epub 2006 Sep 1. Department of Psychology, University of Arizona, Tucson, Arizona 85721, USA



Date de création : 21/12/2010 : 02:33
Dernière modification : 22/12/2010 : 00:42
Catégorie : Conférences
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