Iguaçu
ce soir on fait la fête au
* BRAZIL !
Je pense très fort à mm et me promet in petto de l’emmener ici à l’occasion du prochain congrès de Porto Allegre . A condition qu’elle ne me casse pas la tête avec son Chevènement et surtout qu’elle ne l’emmène pas avec nous !
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( preuve de cette pensée intérieure )
0 H , à la frontière du 17 et du 18 mai 2001 Nous sommes rentrés entiers du Brézil en dépit de notre qualité de françès ( i.e. les ceusses qui leur ont flanqué une piquette à la coupe du monde )
* **...0 !
allez les bleus!
Quant aux ignares qui ont pondu la liste des sept merveilles du monde , ils n’avaient pas vu Iguaçu . Mais c’est vrai que c’était bien avant Colomb , et que ça ne concernait que des oeuvres humaines . Les chutes du Niagara sont , comparées à celles d’Iguaçu, ce que le vélo-solex est à la Ferrari Testarossa, le Cinzano au Glennfidish seize ans d’âge, Lara Fabian à Elisabeth Schwartzkopf, Guy des Cars à Victor Hugo , Mac Donald à La tour d’Argent , la rue Lecourbe à la rue de la Paix , la tong de base aux bottines de Roland Dumas , le pain à la brioche, Raymond Poulidor à Jacques Anquetil , la paille à la poutre, le cheval étalon
Après ce test ophtalmologique gratuit , revenons à nos moutons comme disent les malouins : notre guide lequel nous accueillit à l’aeropuerto avec une affiche pleine de fôtes d’aurtograffe (“ Mr KULMMAN”, on aurait pu le rater), est un brave citoyen Brésilien , qui parle un français très correct mais nous devons à notre langue maternelle de lui apprendre à respecter un certains nombre de règles élémentaires qui lorsqu’elles sont transgressées nous blessent cruellement le lobe temporal gauche . C’est avec plaisir et un rien de condescendance que nous lui enseignerons le respect de la langue de Pascal , autour d’une bière SKOL , une marque de chez lui ( On nous a suffisamment répété qu’il fallait adopter les coutumes indigènes lorsque l’on représente la France dans un pays zétranger ) . Par exemple nous lui avons expliqué que humain, humanitaire et humaniste n’avaient pas exactement la même signification . Il avait l’air pressé de rentrer chez lui aussi nous n’avons pas pu reprendre un verre de - moyen mnémotechnique infaillible pour se rappeler ce breuvage qui est au Brésil ce que la sangria est à l’Espagne : caïman - piranha , la caîpirinia . Avec du citron vert , des glaçons , et un soupçon d’alcool qui nous a mis la tête à l’envers .
Dans un resto qui peut contenir huit cent personnes ! une boite à touriste à Foz de Iguassu , en compagnie de Finnois qui n’ont pas tenu à partager leur bouteille de champagne avec nous . Nous étions pourtant prêts à leur faire une démonstration , calembours et charades à tiroir à l’appui, du bon goût , du savoir faire , en un mot de l’esprit français . tant pis pour eux . on a donc mangé : et comme il y avait un buffet à volonté, comme je suppose au club Méditerranée ( cf les bronzés ) , Benjamin s’est lâché et y est allé de bon coeur . L’histoire jugera .
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Tout ce verbiage pour retarder le moment de parler des chutes , il faut dire que les mots nous manquent, et Benjamin ne voit guère que le souvenir de la grande muraille de Chine pour égaler l’émotion que nous avons ressenti . Espérons que les photos parleront d’elles mêmes . Le choc des photos sans le poids des mots . Il faut dire que ce soir , le poids est plutôt du côté de l’estomac .
Réponse du goinfre : Plein d’ innocence , je voulais tout simplement amortir le prix du “bouffé” , en plus je suis déçu , sur les 40 plats proposés j’ai dû en goûter à peine 36. C’était vraiment délicieux et , après une intense réflexion , je pense quand même avoir abusé mais je m’ appelle Benjamin et personne n’a pu me dire : “Laisse Thomas !”. Finalement on aurait peut-être dû manger avec les finlandais , je me serais auto-censuré au niveau quantité par politesse d’autant plus que leurs gueules aussi froides que l’ambiance qu’ils posent m’auraient coupé l’appétit. Mais ne pas partager ce moment (g)astronomique avec eux fut une excellente idée , vous imaginez , ils commandent du Champagne au Brésil ! (ils ne connaissent pas la Caîpirinia ou quoi?) Je les imagine bien demander un steak-frites dans un resto chinois ou des nems au Mc Do enfin bref peu m’importe , c’est pas leur faute si en Finlande on glisse facilement sur un manche à balai en allant faire la grosse commission aux toilettes.
Bon , étant donné que Benoît s’est fait un malin plaisir de narrer la suite des événements je vous laisse la surprise, parlons plutôt des chutes. D’aprés le padre à coté de celles-ci , les chutes du Niagara peuvent se reconvertir dans le business des Sani-broyeurs. Sinon il faut le voir pour le croire , les dinosaures possédaient une sacrée salle de bains, plus de 250 chutes recensées datant de 10 millions d’années, certaines atteignant les quelques 70 mètres de hauteur et tout cela sur 3 km. C’est, comme dirait l’ ex-femme du petit ami de Maïté avant que ce dernier ne la marie, “épouse ton flan” ou comme dirait le goinfre d’Iguaçù s’adressant au serveur du resto brésilien en s’apercevant qu’aprés le boeuf , l’ agneau et le poulet il n’avait malheureusement pas encore goûté au lapin : “Mets mon râble”. Il y a encore plus d’eau que dans Cocorico , je m ‘y serais bien baigné mais ce n’est pas une pool. Sinon , devant un tel spectacle le silence est de rigueur alors Chutt!!!
Non, vous avez raison je ne peux pas finir sur une blague aussi nulle. Ce voyage était formidouble (7LK2), merci padre de m’ avoir supporté , j’espère ne pas avoir été trop pesant à part le soir de la grande bouffe , évidemment. Je souhaite à nos chers lecteurs de s’être bien fendu la gueule. Bisous tout le monde.
Benjamin , le goinfre d’Iguaçù.
(Eh oui je n’écris plus dans les prochaines pages, j’en suis désolé ce ne sera plus que du BK dépourvu de moments agréables légers et comiques caractérisés par ma profonde modestie inégalable alors bon courage , la fin est proche).
Réponse du padre du goinfre : alors ça c’est Benjamin tout craché : se prenant pour une sorte de John Coltrane de l’écriture, répugnant à reprendre un sujet déjà abordé pour le commenter à sa façon sous le fallacieux prétexte qu’il n’est pas le premier à le déflorer, portant à l’endroit de son géniteur l’accusation très grave de Lelouchisme , alors que la multiplication des points de vue est un effet de style utilisé par les plus grands, d’Ettore Scola à Quentin Tarentino, en passant par William Faulkner, le voici maintenant drapé dans sa dignité de créateur original refusant de partager ses impressions avec le vulgus padre. C’est donc seul , et prenant le risque d’assommer le lecteur par la monotonie soap-horrifique de ma rédaction, que je finirai la relation de nos aventures , tel un besogneux docteur Watson peinant sur la page blanche pendant que Sherlock Holmes fait la sieste .
18 Mai 2001 nous sommes dans l’avion qui nous ramène à Buenos Ayres ; à ma izquierda , Benjamin pionce sur fond de nuit tombée sur la jungle - je l’imagine rêvant à de somptueuses bamboches dans des cantines lusitaniennes , partageant sa capirinia avec le gratin du Finnois ; à ma derecha , un coucher de soleil magnifique , presqu’aussi joli que celui qui nous a enchanté hier depuis la terrasse du Sheraton International Hôtel à l’intérieur du parc national d’Iguaçu . De frente, l’ écran d’I-Book sur lequel je vais tenter , prétention vaine bien sûr, de faire partager au lecteur la frénésie de ces dernières vingt quatre heures .
Difficile de faire une description claire des chutes: le Brésil au nord , l’argentine au sud se les partagent sur environ deux kilomètres et demie . Nous avons commencé hier après notre arrivée par le côté argentin : il y a deux chemins principaux, un supérieur et un inférieur , comme qui dirait des corniches pour les ceusses qui habitent Nice . On descend des escaliers , on en monte d’autres, on tombe sur des passerelles, avec des petites terrasses en général situées de telle sorte que l’on puisse admirer un point de vue : il ne faut pas foncer tête baissée d’un point de vue à l’autre ; au contraire, il est conseillé de s’attarder pour observer les féroces coatis qui viennent jusque dans nos sacs nous bouffer nos toasts et nos sandwiches ( air connu) - on les a vu se promener en famille et se faire câliner avec des airs de brigands de petits chemins ; admirer les arbres fromagers, les philodendrons , les figuiers qui enserrent les cèdres d’une mortelle étreinte , bref une frondaisons luxuriante , de type secondaire s’il vous plaît , à travers laquelle la lumière parvient à se frayer un chemin suffisant pour qu’un riche taillis s’épanouisse nonobstant la canopée. Ça n’est pas tout : dans cette palette de nuances vertes il est de bon ton de savoir distinguer même si vous êtes affligé d’une altération congénitale de la perception (un coucou à mon inspecteur des impôts ) des couleurs , le geai (un oiseau bien moqueur, et l’on dit volontiers ici que le geai ricane ) , le Toucan ( Benjamin en a repéré un et bien entendu ne ratant pas une occasion de faire l’interessant , a prétendu qu’il avait vu un Toucan canon ) , et les vautours qui nous ont accompagnés tout au long de notre deuxième journée, pour une raison tragique qui sera abordée en son temps . Et tant de petits détails qui ont leur importance . Ainsi , parmi les deux mille espèces végétales et les six cents variétés de la faune , dont une trentaine de sortes de serpents , certes nous n’avons pu attraper qu’un seul papillon vraiment phérhormonal mais agonisant ( d’après les explications de benjamin les contrebandiers paraguayens leur enduise les ailes de poudre qu’il ne faut toucher sous aucun prétexte sinon ils sont déséquilibrés et leur vol devient hasardeux ), nous n’avons pas rencontré le tatou mythique dont notre guide dans un commentaire sarcastique nous a dit qu’il ne le voyait qu’une fois par an et , dérision douteuse , c’était hier , mais nous avons réussi à identifier parmi les rochers surplombant les chutes le Nez de Jacques Chirac . Ça fait une impression bizarre , un peu comme si en se promenant du côté de l’ile de Pâques on reconnaissait la bobine de Mimit , de Jack ou de Lionel .
Après avoir fait au risque d’épuiser notre sympathique guide ( oui , vous avez bien lu un guide , non pas un livre comme le guide bleu ou le petite futé ou autre trotamundos , mais un être humain tous spécialement affecté à notre sécurité , à notre bien-être, parlant un français certes approximatif mais quand même intelligible , surtout quand il essayait le pauvre de nous fourguer le circuit aventure , les 8 kilomètres en camion militaire dans la jungle et le radeau qui s’approche dangereusement des chutes mais s’arrête pile poil pour ne pas être englouti et tous les touristes hurlent de terreur puis de joie ) le circuit inférieur puis le circuit supérieur , pris moulte photographies et séquences filmées car nous avons sincèrement bien regretté de ne pouvoir partager tant de beautés avec nos pautes , ( mais où nous sommes allés , nous espérons bien que nos pautes iront ) comme précisé plus haut nous nous sommes rassasiés dans un attrape-touriste du côté brésilien . en fait il n’y avait pas le show “ trinational “ prévu , argentin, paraguayen et brésilien , juste à bouffer et Benjamin ne s’en est pas privé. En rentrant on était plus que fatigué - il faut dire que nous avons entamé une discussion avec notre guide au sujet des musiciens brésiliens , Carlos Jobim, Jorge ben, Gilberto Gil ... ) et c’est difficilement que nous avons émergé ce matin , pour découvrir primo , le plus facile d’abord : Benoît , quinquagénaire avancé mais en pleine forme , fait un petit jogging dans la jungle pour prendre quelques séquences filmiques des chutes côté argentin , au petit matin sous un soleil magnifique avec orchidées écloses fraîchement , arcs en ciel cf photographies qui démontrent que tout ce blabla ce n’est pas du flan même arrosé de dulce de leche (le nutela local) ; deuxio, le plus difficile à aborder , Benjamin a contracté , une sorte d’affection pénible qui provoque des envies irrépressibles et fréquentes , ça commence par un T et sa fini par un A , oui , il y a huit lettres, on le traite normalement ( quand on pense à emmener en voyage dans des pays exotiques ) par des antispasmodiques .... tout le monde à trouvé ? Et voilà : on se trouve devant un des spectacles les plus saisissant du monde , au top ten de ce que l’on doit avoir vu avant de casser sa pipe , et on attrape une de ces maladies dont je me demande si elles ne sont pas psychosomatiques il faudra que je pose la question à mademoiselle mm. L’histoire à jugé : trop de dessert nuit gravement à la santé intestinale . Je loue le ciel qui m’a doté moi d’un tempérament modéré . Aussi pendant que Benjamin faisait en quelque sorte l’expertise détaillée de toutes les rest-room et autres retiros du Brésil et de l’Argentine réunis , un peu comme le Gault et Millaux ou le guide Michelin des W.C. d’Amérique du Sud ( et je t’accorde deux balayettes, et je t’enlève une chasse ) , je parcourais le côté brésilien , lequel je dois l’écrire bien gras est très supérieur d’un point de vue esthétique à son vis-à-vis ; fort heureusement je ne suis pas le seul à le proclamer car après avoir calmé ses entrailles Benjamin a pu enfin me rejoindre et nous nous sommes de bon coeur trempés dans les embruns les plus furieux de la planète après si j’ai bien compris ceux du Cap Horn ; fascinés par cette masse d’eau déferlante , tels deux modernes Héraclite force nous a été de reconnaître que l’être est en perpétuel devenir . Cette réconciliation métaphysique survenait à point nommé au décours d’une âpre querelle au sujet de la traduction exacte de Waterhog, que Benjamin prétendait rendre par l’expression certes fidèle mais scolairement copiée sur le modèle britannique de “cochon d’eau “ , tandis que je soutenais dans une thèse opposée et avec un argumentaire je dois le confesser particulièrement convainquant , que nous devions maintenir une singularité bien française et ne rien concéder à la perfide Albion en l’occurence bien mal inspirée et dénuée d’imagination là ou nous avons su inventer le substantif “ragondin” . Ragondin , ce mot n’est-il pas délicieux à prononcer , comme le sont redingote ou radiguet ou rhododendron ? Enfin il faut révéler que nous en avions rencontré quelques spécimens et on ne peut pas prétendre que cette querelle fût à proprement parler dépourvue de fondement . Pardon Benjamin pour cette pénible allusion .
Nous sommes donc convenus que le côté brésilien était nettement supérieur au côté argentin , lequel nous apercevions à quelques centaines de mètres à vol de vautour (l’état subclaquant de Benjamin était vous l’aviez deviné la raison de cette filature rien moins que discrète ) alors qu’il avait fallu parcourir trente cinq kilomètres en passant par le pont Tancrède machin-chose pour relier les deux versants des chutes . Nous voici arrêtés derechef et sans discussion possible devant le magasin recommandé par notre guide lequel sans malice ne fait qu’éxécuter les instructions de la compagnie de voyages qui l’emploie . En fait , tout est quatre fois moins cher que du côté argentin et nous en profitons pour acheter quelques horreurs pour faire plaisir à tout le monde . J’écris ces lignes sous l’emprise du vino bianco sans mesurer toutes les conséquences de mes dire . J’imagine confusément cependant qu’il ne doit pas être agréable 1°) de savoir que le généreux donateur qui vous fait un présent ( timeo Kullmanos et dona ferentes ) pense qu’il vous offre une atrocité ; 2°) qu’il ne l’a acheté que parce qu’il gagnait au change . Celà étant et par-delà les considérations bassement amicales , le lecteur aura compris qu’il sera de son intérêt d’atterrir non pas à Puerto Iguaçu , cet attrape-tourista dirait Benjamin s’il était en état de se prononcer sur la question, mais à Foz de Iguassu , où le réal vaut un demi dollar et où tout est quatre fois moins caro . Du coup , Benjamin et moi avons adopté un couple de Piranhas mais pour la reproduction ça va être coton vu qu’ils sont empaillés .
Là dessus , Benjamin ne peut ingurgiter une miette et c’est la ceinture pour le padre qui partage tout , le bon et surtout le mauvais dans cette aventure . Nous voici repartis en début d’après midi , nous décidons un timide essai de randonnée par le circuit inférieur, avec la crainte de devoir soudainement s’éloigner pour des raisons impérieuses du sentier qu’il est interdit théoriquement de quitter , quitte à se faire mordre le fondement par quelque serpent , araignée ou scolopendre voire un coati farceur , tout se déroule normalement comme le papier dans la salle de bain de Chez Raton ; nous reconnaissons certaines chutes parmi les deux cent cinquante recensées et les appelons désormais familièrement par leur petit nom : la chute des deux soeurs, pardon de las dos hermanas, la chute d’Adam et Eve, la bouche du diable, la chute Bozzetti ... ; nous nous enhardissons ( un petit coucou à Thierry ), entamant une descente vertigineusement glissante vers l’embarcadère de l’esquif qui assure la traversée périlleuse de la côte argentine vers l’île Saint Martin. Après une escalade interminable, au cours de laquelle j’ai bien senti que Benjamin essayait de me perdre ( de me faire le coup du grand Poucet), nous parvînmes à une sorte de plateau de l’autre monde, limité par des pans abrupts de falaise rouge, isolés de tout , fouettés par des embruns et contemplant la nature dans toute sa démesure : imaginez des trombes d’eau déversées comme une sorte de douche mal réglée , mes lunettes ruisselantes de gouttelettes bornant ma vue à la perception floue du bout de mon nez (Benjamin m’a tiré le portrait avec une goutte d’eau sur l’objectif, on dirait que mon beau visage a été relooké par Françis Bacon ), une sorte de fumigation inévitable qui vous coupe le souffle, le tout dans un vacarme infernal, vous comprendrez pourquoi nous sommes sortis transformés par l’épreuve et nous revenons différents de ceux que vous connaissiez. Notre guide nous a assuré qu’en une dizaine d’années nous devrions redevenir nous-mêmes à condition d’éviter les chutes du Zambèze aussi un peu de patience avec nous s’il vous plaît. Parmi l’inquiétant tournoiement des vautours, très nombreux décidément, nous remarquons contrastant avec le vol silencieux des charognards un bruyant helicopteros argentineos .
Mais les heures passent vite , trop vite, et il nous faut retourner à l’hôtel , où devant une capirhinia rempli de glaçons et de morceaux de citron vert , nous pensons à notre prochain voyage, dans un an , à l’occasion du prochain congrès de l’A.A.N. à Denver, Colorado .
Et qui dit Colorado , pense Grand Canyon et bien sûr à David Hockney . Très sérieusement cuits nous filons vers l’aéroport , nous apercevons de loin la fumée blanche des chutes ( c’est beau comme du Sergueï Iéssénine ) , nous versons une larme dans notre vin blanc ( nous avons bu tout notre vin blanc pendant ce voyage ) et Benjamin s’endort . A l’arrivée, une dure réalité nous attend : la compagnie DELFINO que ce nom soit conspué nous a fait faux bon et il nous faut monter dans un méchant taxi ordinaire . Je trouve une sorte de consolation dans le spectacle désopilant du personnel d’Aerolineas Argentinas en pleine phase revendicative , je les filme pour ramener à mumu une preuve de mon soutien enthousiaste et inconditionnel aux luttes des travailleurs de tous les pays
Dernière soirée : très déçus par l’ensemble du voyage nous décidons de discuter cartes sur table de restaurant les raisons de cet échec. Les serveuses du PORTENOS sont décidément très jolies et sympathiques avec les pauv’zétrangers zégarés que nous nous efforçons de paraître afin de leur faire pitié et de nous attirer quelque compassion. Ca marche assez bien mais si Benjamin se voit adresser quelques oeillades prometteuses je n’ai droit qu’à de parcimonieuses contractions zygomatiques vénales. Le groupe ce soir (Latin Cool ) réussit par l’entremise d’une des serveuses à me fourguer un CD sans crédit ( je reconnais cependant un titre de Carlos SANTANA qui s’appelle, intention délicate, Europa) que je fais dédicacer sinon je l’achète pas , à l’intention de Juliette. Il faut maintenant écrire des tonnes de cartes postales. Les timbres sont très beaux, hésitation sur la capacité d’appréciation des destinataires.
Puis ce sera la course vers l’aéroport , une douzaine d’heures pour méditer sur le syndrôme de la classe économique , lanterner à Londres pendant quatre heures dans un pub rendez vous des supporters de Manchester United flanqués de leurs volumineuses épouses vigoureusement engraissées à la Guiness et de leurs rejetons plus sales que des peignes , voler deux heures dans une navette de la British Airways où l’on tentera de nous empoisonner avec des British most favourite flavour , des morceaux de Pretzel enduits de vinaigre de cidre et trempés dans du sel de mer , déjà tristement célèbres pour avoir servis de prétexte au déclenchement de la guerre de cent ans , s’étonner en lookant par le hublot de ce que les Brittons conduisent dès potron-minet en état d’ébriété et découvrir que puisque les voitures aussi grosses que des hormis roulent à droite nous survolons donc la France , pour atterrir enfin à Nice et alors là , finie la vie de Patagon. Brutal retour sur le plancher des vaches folles. Au moins nous aurons appris une chose : la raison pour laquelle les habitants de Foz de Iguassu ont tous le crâne défoncé et les oreilles décollées . Vous la connaissiez déjà ?
Nice- Londres -Philadelphie-New-york-Miami-
Buenos Ayres- Iguaçu - Londres - Nice
Mai 2001