Neuroland-Art

Avant de se lancer dans la visite de l'Art Institute of Chicago, quelques notions et recommandations utiles concernant la ville :

- ne pas chercher vainement le musée consacré à l'histoire de la maffia locale, annoncé par quelques guides au 600 Clark street. Un Mac Donald a été construit à sa place il y a près de dix ans déjà.

- si vous avez dans l'idée de manger une pizza typique de Chicago, bien épaisse et un peu étouffe-chrétien, dans l'un des restaurants jumeaux, Pizza uno et Pizza due, Ohio street à deux pas du Magnificient Mile, attention aux portions - une medium pour trois c'est bien assez ; n'ayez pas honte des doggy-bags, vous pourrez toujours contribuer modestement au bonheur d'un homeless ; et surtout arrivez bien en avance, de toute manière vous attendrez votre pizza pendant quarante-cinq minutes, et la place libre au moins ce temps-là : prévoyez de boire une bière et soit de la compagnie, soit de la lecture.

- si vous n'avez jamais vu de beluga, ce cétacé au sourire ineffable, courrez à l'aquarium à côté du musée Field par le bus 146

- vous trouverez au Navy Pier un tour de voilier quatre-mâts de deux heures pour moins de trente dollars, et un théatre shakespearien qui actuellement donne une pièce de William en rap, beaucoup de bruit pour rien

- Le musée des sciences et de l'industrie est certes un peu loin, mais vaut le détours ne serait-ce que pour cette petite séquence :

Certes le laborieux s'échappant quelques heures du congrès de la Movement Disorders Society sera déçu de ne point retrouver l'exposition magnifique consacrée à Edward Hopper que nous avions pu découvrir il y a deux mois après avoir manqué son inauguration d'une journée lors du congrès de Boston l'an passé. Et d'apprendre que quatre-vingt chef d'oeuvres sont partis au Texas, prêtés au Kimbell Art Museum à Fort Worth jusqu'à la fin du mois de Novembre. Parmi les toiles décrochées, le Caillebotte, un portrait de femme par Manet, un autre de Berthe Morisot... Mais l'on se consolera en allant s'instruire à propos des Tornades et autres Hurricanes au Field Museum, l'un des x musées des sciences à prétendre qu'il est le meilleur du monde, mais cette fois-ci ce n'est peut-être pas faux. On y apprend à force de lecture murale le lien qui existe entre le Cri de Munch et l'éruption du Krakatoa. Étonné, cher visiteur, voire stupéfait ? Le premier a été peint en 1893, le second et entré en éruption en 1883. Je laisse la réponse en suspens quelques temps puis je la livrerai, très surprenante il est vrai. Doctus in museo, asinus in campo.

Le congressiste pourra se consoler devant une salle qu'il faut savoir trouver dévolue aux chefs-d'oeuvre espagnols et de l'Europe du Nord antérieurs à 1600 : l'exposition débute le 26 de ce mois.

Anonyme Anversois Saint Jérôme

Hans Memling. Virgin and Child, 1485/90. Mr. and Mrs. Martin A. Ryerson Collection.

Jan Sanders van Hemmessen c.1519-1556 Judith et Holopherne, c.1450

Jan Sanders van Hemmessen c.1519-1556 Judith et Holopherne, détail c.1450

Jan Sanders van Hemmessen c.1519-1556 Judith et Holopherne, détail c.1450

Maître des demi-figures, actif entre c.1520-1540 Sainte Marie-Madeleine c.1420-1540

Maître des demi-figures, actif entre c.1520-1540 Sainte Marie-Madeleine detail c.1420-1540

Le jugement de Pâris de Cranach

Dans la tradition médiévale, en particulier dans l’Historia Destructionis Troiae de Guido delle Colonne écrite en 1287, traduite en langue germanique en 1477, Pâris s’égare pendant une partie de chasse dans les bois de Venus, attache son cheval et tombe dans un profond sommeil. Mercure - qui au moyen-âge est décrit comme un sage - lui apparait en songe. Il lui présente les trois déesses, Junon, Minerve et Venus, et lui demande de désigner la plus belle. Pâris demande qu’elles se dévêtent. Les trois déesses tentent d’influencer le choix de Pâris, Junon promettant santé et pouvoir, Minerve prouesses militaires, Venus l’amour de la plus belle femme de la terre : Hélène, épouse du roi Ménélas de Sparte.

Il existe une douzaine de versions du rêve de Pâris,

Paul Moreelse (1571-1638) Portrait d'une jeune femme c.1620

Paul Moreelse (1571-1638) Portrait d'une jeune femme détail I c.1620

Paul Moreelse (1571-1638) Portrait d'une jeune femme détail II c.1620

Frans Pourbus le jeune (1569-1622) Marie de Médicis 1616

Adriaen van der Spelt (1630-1673) et Frans van Mieris (1635-1681) Trompe l'oeil avec une guirlande de fleurs et un rideau 1658

Du côté des collections permanentes :

Guardi

Gardi Place Saint-Marc détail

Guardi Basilique Venise

Fragonard

Berthe Morisot

Renoir Piano

L'incontournable Après midi à la Grande Jatte de Seurat : quelques détails en vrac :

Une énième version de Madame Roulin par Vincent Van Gogh (1888) :

Et une rencontre avec La durée transfixiée de René Magritte ( cf Paramnésie reduplicative ) :

Ne pas oublier pour les radins et les mangeurs de cailloux : l'entrée pour les collections de l'A.I.C. est gratuite le Jeudi soir et le Vendredi soir à partir de 17 heures et jusqu'à 21 heures ( mais non pour les expositions temporaires ).