Messagère de Junon (Énéide,XI,573-649), Iris demande à Somnus, le dieu du Sommeil, d’envoyer un rêve à la fille d’Éole, Alcyone, qui désespérée priait jour et nuit depuis la disparition en mer de son époux Céyx. Ce dernier s’était noyé, son corps n’avait pas été retrouvé, et Junon souhaitait que Somnus fît parvenir à Alcyone pendant son sommeil l’image du naufrage et de son époux défunt. Parée de sa robe aux mille couleurs - c’est ainsi qu’Ovide, à l’image de Virgile, conçoit les tons de l’arc-en-ciel - Iris s’acquitte de sa mission. Elle pénètre dans le sombre palais de Somnus, l’éclairant des feux dont brille son écharpe. Parmi ses mille enfants, les Songes, le Sommeil choisit Morphée habile à revêtir la forme et les traits des mortels, et le charge de la mission qu’Iris lui a confiée. Morphée vole à travers les ténèbres jusqu’au lit d’Alcyone, où il revêt l’apparence de Céyx : « il prend les traits de Céyx ; sous cette nouvelle forme, livide, semblable à un cadavre, dépouillé de tout vêtement, il se dresse devant la couche de l’infortunée ; sa barbe paraît tout humide, on dirait que l’eau coule à grosses gouttes de ses cheveux trempés. ». Il se penche sur le lit, et le visage baigné de larmes : « Malheureuse épouse, dit-il, reconnais-tu Céyx ? La mort a-t-elle pu changer mes traits ? Regarde : c'est ton époux, ou plutôt c'est son ombre. Tes vœux, chère Alcyone, ne m'ont été d'aucun secours. J'ai cessé de vivre. Cesse d'espérer que je puisse être rendu à ton amour. Au sein de la mer Égée, la tempête a surpris mon vaisseau ; bientôt submergé, les vents l'ont englouti dans les ondes. J'appelais en vain Alcyone lorsque ma bouche a reçu le flot mortel ». Ainsi Alcyone retrouva-t-elle la paix de l’âme.
Giulio Carpioni Le sommeil d'Hypnos Szépművészeti Múzeum Budapest
Giulio Carpioni Le sommeil d'Hypnos Vienne
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