Jan Mandyn : les épreuves de Job
"L'infortune résulte-t-elle toujours d'une punition divine ?"
La construction du tableau oppose le couple formé par Job et son épouse, sous un auvent délabré à gauche, et un groupe de musiciens difformes. Parmi ces derniers, quelques figures imposées boschiesques ; mais aussi, une référence à une pathologie précise que nous développerons plus loin. À l'arrière-plan sur la droite, un incendie, des animaux familiers et exotiques ; sur la gauche, une colonne singulière, un joueur de cornemuse.
Dans la tradition médiévale, Job sanctifié apparait comme le patron des pesteux, des abeilles, des musiciens - des pièces d'or auraient été produites à partir de ses plaies, qu'il aurait distribué à des musiciens. On le voit ici tenir une pièce, qu'il s'apprête à donner
Emile Mâle, l'art religieux du XIIIème siècle, Paris, 1925, p.170
Kathi Meyer Saint Job as a patron of music The Art Bulletin, Vol. 36, No. 1 (Mar., 1954), pp. 21-31
Dans le Testament de Job, apocryphe, le rôle de son épouse Sitis, ou Sitidos, est plus important que dans le Livre de Job, biblique. On y apprend qu'elle aurait vendu ses cheveux à Satan, qu'elle aurait maudit Dieu et en serait morte. Jan Mandyn la représente brandissant une poignée de clefs,
Le visage de ce joueur de tambour est caractéristique de l'atteinte faciale de la lèpre lépromateuse : les lésions nodulaires cutanées, les lépromes infiltrent massivement la peau, au niveau du front, des arcades sourcilières, du nez, des lèvres, du lobule des oreilles, aboutissant au classique faciès léonin. La rhinite lépreuse, purulente ou hémorragique, provoque l'ulcération de la cloison nasale et l'effondrement du nez, réalisant le nez en lorgnettes.
Le tau dans ce groupe de lépreux relance une discussion sur la signification de ces infirmités : imputées d'abord à la lèpre, puis dans un second temps à la gangrène sèche de l'ergotisme ;
Les scènes des volets latéraux, « La tentation de saint Antoine » et « La pénitence de saint Jérôme » ont été traitées à plusieurs reprises par Jérôme Bosch et son atelier.
Première copie connue d’un chef-d’œuvre perdu de Jérôme Bosch, le Triptyque de Job de Bruges fut probablement peint sur commande de l’échevin anversois Jacob van de Voorde († 1520) et sa femme Christina van Driele dont les armes sont représentées à l’arrière des volets latéraux.