Neuroland-Art

Musée des civilisations d'Ottawa

Elle n'était pas pour moi cette limousine blanche ; ce n'était pas ma bien-aimée qu'elle attendait au pied des marches de la cathédrale Saint Patrick d'Ottawa

Il ne m'est pas destiné ce bonheur naissant sous les pattes acérées de l'araignée gigantesque et accueillante nommée affectueusement par Louise Bourgois "maman"

Une araignée géante qui s'appelle maman devant une église : comment ne pas se réjouir de constater que ce monde gagne de plus en plus en cohérence et en lisibilité. Et plus encore pour moi qui suis dans la confidence : à l'aube de la plus grande crise économique que la planète ait connue depuis le Krach des Tulipes, ces jeunes gens unissent leur destin dans un véhicule luxueux qui leur fera simplement traverser la rue pour assister à une fête somptueuse dans un lieu prestigieux, la galerie nationale du Canada, autrement dit le musée pour la visite duquel je n'ai franchi que l'océan Atlantique afin de le trouver partiellement fermé au public. Je demande aux gardiens où l'on peut déposer un petit billet pour aider ces jeunes mariés à démarrer dans l'existence. Je m'interroge sur l'existence éventuelle d'une coutume qui voudrait que le marié embrassât sa fraîche épouse sous l'abdomen exactement de "maman".

Dépité par une sorte de piétinement de l'action je m'en fus. Un petit tour par les rives de l'Ottawa River, et les écluses Rideau,

Découverte de mon prochain lieu de résidence dans la capitale canadienne : rien moins que le château Lantier, une modeste auberge bread and breakfast :

le parlement, très joli sous le ciel gris et le crachin importé direct d'Angleterre :

puis grâce au bus 21 direct au musée des civilisations dont on m'a dit grand bien :

Architecturalement c'est plutôt réussi.

À l'intérieur c'est encore mieux, sans atteindre les sommets du musée de Vancouver :

On rencontre de drôles d'oiseaux

et de curieuses embarcations

Un étage entier est consacré à l'histoire de la conquête du Canada, rythmée par des reconstitutions très pédagogiques, qui d'Est en Ouest retracent la progression des colons technique et géographique. On découvre ainsi un décor qui n'est pas sans rappeler La grande Vadrouille. Mais ce n'est pas Louis de Funès qui vous accueille à l'hospice :

On se dit que les indigènes qui ont été soignés par la révérente mère Charlotte n'ont pas du allonger la DMH ( durée moyenne d'hospitalisation )

pareil pour mère Marie Joseph Duchesnay

Je fais une expérience amère : les autres sont comme moi. Quand ils trouvent une place libre dans un café avec une vue formidable, ils s'y installent et s'y prélassent des heures avec un double plaisir : le panorama, et la tête des pauvres poires arrivées trop tard pour s'asseoir. Je note dans mes petits carnets que la découverte de la notion d'empathie est douloureuse.

Un petit jardin zen est-là, pour se refaire une santé mentale : les concepteurs du site ont tout prévu.

Du coup j'affronte la cafétéria des pauvres, à l'étage inférieur, avec plus de sérénité. La solitude n'est plus si terrible que celà. Il suffit de poser son chapeau sur l'autre côté de la table et le tour est joué.