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L'esprit de préau

 Sa plume trempée dans l'éthanol n'épargne personne et n'engage que lui

de notre correspondant spécial au Vatican, Emilio Campari, le 17 Avril 2006, l'esprit de Préau

    Rat de musée suis-je, tout ce qui touche à ce sujet ne peut qu'exciter mon attention, ainsi de l'annonce d'un film intitulé Musée haut, Musée bas. Je ne vais jamais au cinéma sinon contraint et forcé, dans les avions longs courriers où la souffrance éprouvée par vos membres inférieurs vous fait tout accepter sans résistance, la nourriture, la voix de la chef de cabine, la lecture des consignes en cas de crash, et le programme des distractions. Ô étymologie anticipatrice ! Comme si les mots pouvaient soigner !

    N'allant jamais au cinéma, je lis donc pour pouvoir participer aux conversations auxquelles mon gouvernement me somme de figurer ( sinon ton cerveau il va se racornir ) une revue merveilleuse qui s'appelle Télérama. Sa lecture in extenso vous dispense de tout autre investissement culturel : vous aurez réponse à tout, et surtout, dans le bon ton qui convient à une gauche chrétienne et humaniste ( incroyable que l'on puisse faire tenir ensemble ces deux notions : j'aurais juré qu'elles étaient incompatibles, mais grâce à Télérama, je sais qu'un point commun les réunit : elles me sont également détestables ).

    J'apprends donc que le saltimbanque qui a commis
Musée haut, Musée bas viendra promouvoir son film dans une émission grand public du Samedi soir. Fort bien, je m'installe devant un poste, très en avance car je déteste être en retard, et sur qui je tombe au journal télévisé : sur le dit turlupin ! Qui nous sort quelques phrases ma foi pas si mal tournées et vend son spectacle en compagnie d'un producteur assez fatiffait de lui. Foutenant non feulement notre tabarin mais auffi Fegolene Royale devenue artifte de firque. Vous me direz : c'est à celà que sert la télévision. Sa fonction première est d'assurer l'avancement des spectacles subventionnés par l'État qui la soutient aussi, ou financés par des investisseurs qui passent leurs réclames sur les mêmes chaînes.

    Calé dans mon fauteuil je ne parviens pas à m'en extraire, saisi par le sommeil pendant une bonne paire d'heures ; je me réveille en sursaut pour me retrouver
dans un autre décor certes mais devant le même baraquin. Qui me fait éprouver un drôle de sentiment de déjà entendu : les mêmes mots, les mêmes phrases, les mêmes anecdotes, alors que les questions de l'animateur ne sont pas identiques à celles du journaliste ! çà c'est fort, me fais-je. Mais je n'avais encore rien vu. Déboule un certain Besson, il y en a tant des Besson que je m'y perd, çà a débuté au lycée où j'ai connu un aristocratique Besson de Touteye. Ce Besson-là sur l'écran avait la particularité d'être passé du parti socialiste au gouvernement de Sarkozy. Que n'avait-il pas fait ! Presque pire qu'un joueur de football passant de l'Olympique marseillais au club Paris Saint Germain. J'entendis fuser depuis le banc des offusqués les " trahison" "çà n'a pas de nom ce que vous avez fait" " plus aucune confiance dans la politique quand je vois ce dont vous êtes capable" avec en filigrane quel exemple pour les jeunes. Je retrouvai soudain l'atmosphère nauséabonde des préaux, à côté des latrines dans la cour du lycée, où se nouent les alliances entre jeunes délinquants ordinaires et se règlent les comptes de ceux qui ne pensent pas comme tout le monde. J'aurais été présent sur le plateau j'aurai cité Coriolan et Shakespeare, et le passage souvent délicat au XVIème siècle de la condition catholique au camp des réformés. Il y a des gens très bien qui ont choisi d'évoluer. Mais çà volait très bas tout à coup. On somme le dit Besson d'expliquer sa félonie. Il parle de son incompatibilité avec la Madone Sinistre, j'entends bien qu'il n'apprécie pas non plus d'avoir à croiser le Fossoyeur de l'Europe. On lui reproche d'adorer ce qu'il a autrefois brûlé - pas facile ! - et là me vient la figure de Julien l'Apostat revenant à ses croyances premières. On oublie que sa Dédaigneuse Prépotence fut de droite bien avant de conquérir la gauche, et qu'il passa de la francisque à la rose sans état d'âme connu, au temps de la Nouvelle Bolchevie ... Et tout à coup j'entends qu'on invective le Judas de service alors qu'il justifie sa forfaiture à mon avis avec un talent certain et un sang-froid enviable, d'un " vous entendre donner ainsi des leçons de morale c'est intolérable ". Qui s'est exprimé ainsi, plus docte et sentencieux qu'un magistrat de la haute cour ? Mais c'est notre bouffon, celui qui venu vendre sa soupe, s'est coiffé du bonnet de professeur es-moralité politique ! Qui porte une accusation de lèse-sensibilité de gauche ! Pour un peu il demanderait des dommages et intérêts pour apostasie !

    Va nous faire rire, Paillasse, va ! Laisse ceux qui te nourrissent, toi et tes semblables, choisir quand il leur plait, de travailler avec la compagnie et dans l'équipage qui leur seyent. Et trouve le moyen de renouveler ta réclame, ton numéro faisait un peu réchauffé.

   

Date de création : 23/11/2008 : 07:38
Dernière modification : 27/11/2008 : 20:34
Catégorie : Les pyrosis d'Emilio Campari
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