Caspar David Friedrich (1774-1840) Landschaft mit Regenbogen c.1810
Caspar David Friedrich (1774-1840) Paysage à l’arc-en-ciel (c. 1809-1810) Kunstsammlungen Weimar
« Le peintre ne doit pas peindre seulement ce qu'il voit en face de lui, mais aussi ce qu'il voit en lui-même sinon, ses tableaux ressembleront à ces paravents derrière lesquels on s’attend à rencontrer des malades et des morts »
Caspar David Friedrich
Entre 1794 et 1798 Caspar David Friedrich étudie à l’académie des beaux-arts de Copenhague, puis s’installe à Dresde où il rencontre un premier succès avec ses grands dessins à la sépia, représentant surtout des sites de l’île de Rügen. Elevé par un père protestant - il avait sept ans à la mort de sa mère - qui lui inculque les principes de la Bible, il exprime son émotion religieuse dans des paysages plaçant des personnages le plus souvent de dos, en contemplation devant une nature immense, la mer ou la montagne, dans des atmosphères brumeuses, crépusculaires ou lunaires.
Le promeneur donne l’échelle du paysage. Les montagnes sont peintes avec une précision naturaliste. En revanche, l’arc-en-ciel tendu d’un bord à l’autre de la toile dessine un arc si complet qu’il en paraît artificiel, éclairant le paysage nocturne d’une lumière irréelle, surnaturelle, et l’on ne peut douter de sa connotation mystique connaissant les antécédents du peintre.
Caspar David Friedrich (1774-1840) Landschaft mit Mondregenbogen 1810 Museum Folkwang, Essen
Caspar David Friedrich (1774-1840) Paysage avec Arc-en-Ciel c.1810 Musée Folkwang Essen
« l'art se présente comme médiateur entre la nature et l'homme. Le modèle primitif est trop grand, trop sublime pour pouvoir être saisi. Sa reproduction, oeuvre de l'homme, est plus proche des faibles »
Caspar David Friedrich
Chez Friedrich le spectateur sis devant la toile observe un spectateur dans le tableau, qui contemple une étendue vaste, la mer ou un paysage montagneux. L’ effet protecteur de cette présence face à l’immensité du ciel, de la mer, des montagnes, atténue l’angoisse dégagée par l’idée de l’infini au sens de Burke, et s’affilie à la notion de « sublime noble » définie par Kant. Les personnages sont à l’arrêt, tout à leur contemplation hugolienne ou à leur méditation que l’on soupconne mélancolique. On peut supposer que la nuit tombe sur le paysage, voire identifier un arc-en-ciel lunaire, accentuant le sublime lui même tempéré par l’immobilité du personnage.